FEUILLE du PIC (Programme International du Coeur ou du Citoyen)

TRAITE de POLIQUE ALONSO - Coronavirus COVID-19, Drawdown, Démocratie, Écologie, Environnement et Climat, Crise financière, Décroissance, Inégalités Nord-Sud, Consumérisme, Productivisme, Pacifisme, Djihad, Spiritualité, Non-violence, Charte du consommateur responsable, Végétarisme, Commerce équitable, Ville en transition, Gandhi, Non-violence, Résistance civile.

25 avril 2006

Nucléaire - philo cynique N°9 avril 2006

Pourquoi dire NON! au nucléaire
Pourquoi dire NON ! au nucléaire
Pierre Coulomb administrateur de la CRIIRad (commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) nous rappelle (Silence de mars 2006)
(p8) « … 26 avril 1986. Explosion de réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Ce n’est que deux jours plus tard que la Suède décèle une augmentation anormale de la radioactivité de l’air provenant vraisemblablement d’un accident majeur dans le sud… L’URSS confirme peut après et rend public le nom de Tchernobyl, …»


Naissance de la CRIIRad
«Dès le mois de mai, animé par l’indignation, l’instinct de survie et une démarche citoyenne, un petit groupe de personnes de la vallée du Rhône fonde la CRIIRad, dont les statuts sont basés sur les principes suivants :
« - Constatant qu’en la circonstance les pouvoirs publics ont choisi délibérément de soutenir l’institution nucléaire au détriment de la protection des populations et du respect de la réglementation existante, par le moyen de la dissimulation et du mensonge - constatant la formidable main mise du lobby nucléaire sur l’establishment politique, administratif, financier, économique, institutionnel et médiatique de notre pays - constatant que tout ce qui touche à la radioactivité est profondément méconnu du public et se prête admirablement à la dissimulation du fait que la radioactivité échappe à nos cinq sens - la CRIIRad a choisi :
- de se donner les moyens de se former à cette discipline au niveau scientifique - d’acquérir ses propres moyens techniques de mesure - de ne jamais avoir recours à des soutiens mettant en jeu son indépendance - d’informer le plus objectivement possible et en toute indépendance la population sue les réalités de terrain dans le domaine de la radioactivité, afin que l’exercice de la démocratie soit possible (…) »….


Les résultats les plus marquants de la CRIIRad (p9)
- des milliers de mesures de contamination de terrain et de produits alimentaires - Elaboration et publication en 2002,…, d’un atlas européen de la contamination radioactive, document majeur et reconnu, face à une cartographie officielle défaillante - Mise en place d’un réseau de balises de surveillance de la radioactivité de l’air dans la vallée du Rhône, …- organisation de stages de formation sur la radioactivité ouverts à tout public - de très nombreuses études radio-écologiques de sites, bâtiments, bassins fluviaux, régions, mines d’uranium, à la demande de collectivités publiques et d’associations, en France et à l’étranger - Information, débats publics, émissions radio sur des sujets tabous tels que l’uranium appauvri …
P10 Plus que jamais, la CRIIRad, à l’heure de son ouverture à l’international avec la création du laboratoire CRIIRad-Bandajevski, a besoin de votre soutien. » CRIIRad, 471, avenue Victor Hugo, 26000 Valence tél : 04 75 41 82 50


Le rassemblement anti-EPR de Cherbourg (p14) se tiendra les 15 et 16 avril ; … Pour les informations rendez-vous sur le site http://www.stop-epr.org/ou téléphoner au 02 33 88 09 06. »


Nucléaire ou énergies renouvelables ?
Dans deux articles p11à 13 de Silence, Michel Bernard rappelle les inconvénients du nucléaire et les avantages des énergies renouvelables sur lesquelles je fais un zoom.
« Une énergie abondante (p11)
Le soleil envoie en permanence 170 000 milliards de kilowatts à la terre, dont elle réfléchit environ 60 0000 vers l’espace. Nous disposons donc d’environ 20 mégawatt par personne …
Le potentiel des énergies renouvelables (p13)
Pour ceux, victimes de la propagande nucléaire, qui doutent du potentiel des énergies renouvelables, voici quelques rappels utiles.
Dans le domaine des photopiles, le rendement augmente de manière régulière (30% en laboratoire, 20% dans le commerce). Avec une moyenne de 15% de rendement, on obtiendrait, en recouvrant l’ensemble des toitures françaises, une production de l’ordre de 1000 TWh (téra watts heure) par an d’électricité … soit plus du double de ce qu’on consomme actuellement (450 TWh), sans empiéter sur les surfaces agricoles. Au niveau de la biomasse, à l’échelle mondiale, la production annuelle est estimée à soixante fois ce qu’on utilise… soit de quoi couvrir, de manière renouvelable, six fois nos besoins actuels. La France dispose d’un grand nombre de forêt et donc d’un réservoir immense, qui peut alimenter des réseaux de chaleur au niveau des communes. Du côté des éoliennes, les pétroliers, disposant des techniques des plates-formes d’exploitation en mer, multiplient les projets de centrale offshore dont la puissance dépasse parfois celle des réacteurs nucléaires, avec des taux de disponibilité supérieurs à 70% pour des surfaces occupées en mer relativement faibles (quelques km2). L’éolien offshore peut satisfaire des dizaines de fois nos besoins en électricité … et à un prix compétitif, d’où la ruée actuelle des financiers dans ce domaine : …

Le nucléaire est une mauvaise réponse
Si nous adoptions une sortie d’urgence, après un second Tchernobyl ? Il ne faudrait que deux ans pour construire des centrales éoliennes, depuis leur mise à l’étude jusqu’à la production du premier kWh. Quelques mois suffisent ensuite pour que ces éoliennes remboursent l’énergie nécessaire à leur fabrication et à leur installation.
A l’inverse, si nous voulons lancer un nouveau programme nucléaire, il faut, selon les données de l’EDF, prévoir douze ans entre les études et le couplage au réseau et encore six à sept ans pour que le réacteur rembourse ce qu’il a coûté en énergie….

Un choix politique
… C’est dans le domaine politique qu’il faut intervenir en proposant une autre forme d’organisation de société, en optant pour une énergie démilitarisée (…), décentralisée donc humaine, contrôlable par les citoyens … Il y a urgence à élaborer une organisation en régie intercommunale, en coopérative d’habitants, avec une grande mixité dans les sources de production, … car même si nous parvenons à bloquer un nouveau programme nucléaire, nous nous dirigeons tout droit vers une privatisation par de grandes multinationales qui, après avoir confisqué l’eau, pourraient aussi nous confisquer le soleil et le vent » en conservant leur monopole de l’énergie.
Le débat public sur l’ITER bloqué (p15) Le 26 janvier, la première réunion de débat public sur l’ITER, le réacteur de fission prévu à Aix-en-Provence, a tourné court. Une centaine d’opposants ont envahi la tribune stoppant la présentation des officiels. Pour Stéphane Lhomme du Réseau Sortir du nucléaire : « Pour nous, un débat public doit se tenir avant la décision. Or, la décision d’implanter ITER a déjà été prise en juin 2005. Nous demandons donc l’annulation de cette décision, pour qu’un vrai débat puisse avoir lieu ». Les opposants annoncent leur intention de bloquer les quinze débats programmés tant qu’il ne sera pas possible de discuter du choix de construire ou non ce réacteur. » (Fin de citation)


Comment lutter contre le nucléaire
Nous avons tous le devoir, énergie nucléaire ou pas, de réduire notre empreinte écologique, cette stratégie est toujours gagnante pour la nature et notre équilibre. C’est la meilleure manière de faire pour ceux qui sont dépendants de l’énergie nucléaire comme moi. J’habite une HLM par choix de la mixité, et je suis vraiment en décroissance depuis 2002. J’ai personnellement une consommation d’électricité inférieure à 20kwh par mois depuis 4 ans. Mes seuls appareils électriques sont : 2 plaques chauffantes, un fer à repasser, un poste radio sur secteur, des ampoules basse tension ou des néons. En 2005 j’ai acquis un ordinateur portable, et un appareil photo-vidéo-dictaphone numérique avec pile rechargeable ou cordon sur secteur. Un jour l’EDF m’a demandé si je vivais dans mon appartement, je confirme que je l’habite, et qui plus est, je prends mes repas chez moi. Mon chauffage et mon eau chaude proviennent de la géothermie. Je ne possède pas de réfrigérateur, pas de TV, pas de téléphone, et je lave mon linge à la main. J’utilise des moyens publics pour internet, le téléphone et mes déplacements ; je marche et je fais du vélo pour me déplacer aussi. Je reste sceptique sur l’usage personnel de panneaux solaires photovoltaïques, car multiplier les installations privées n’a rien d’écologique, après il faut gérer l’installation, l’entretien, les déchets, etc. Si le nucléaire a été un mauvais choix, et que nous avons le devoir de dire non aux futures installations nucléaires, des études sérieuses d’empreintes écologiques sont à faire pour connaître les moyens qui sont les moins destructeurs pour la nature, et les mieux adapter à l’environnement qu’on occupe. Je suis en faveur d’une production centralisée d’électricité par le vent pour un ensemble d’habitation. Il serait inutile de remplacer le nucléaire par des énergies renouvelables, sans voir les consommateurs réduire leur facture énergétique. Le monde ne fait pas que de crouler sous les déchets et la pollution, avec le risque d’un épuisement rapide des combustibles fossiles. Il souffre surtout d’une mauvaise répartition des richesses mondiales entre le Nord et le Sud, que seule notre décroissance et un frein de la démographie mondiale résoudront ; ces points sont trop souvent oubliés. Rappelons que le bonheur ne dépend pas de notre facture énergétique ou de notre consommation en général, mais du bon usage que l’on fait de notre vie.


La philosophie cynique
Les cyniques ont dans le domaine de la décroissance bien des leçons à nous donner. Voici un aperçu tiré du livre de poche « Les Cyniques grecs, Fragments et témoignages » de Léonce Paquet et Marie-Odile Goulet-Cazé aux éditions Librairie Générale Française, 1992.
C’est au 5ème siècle avant notre ère qu’est né le cynisme en Grèce avec l’athénien Antisthène fervent disciple de Socrate, et qui a inspiré Diogène de Sinope, qui vivait dans un tonneau et menaçait les passants en demandant son dû ou l’aumône. Je reproche aux cyniques d’avoir été un peu trop violent dans l’approche des autres, mais poursuivons. p5 « Les idées morales d’Antisthène étaient simples, mais fortes. La vertu… se révèle une armée imprenable ; c’est elle la vraie richesse, elle n’a rien de commun avec ces biens extérieurs qui font courir les hommes au-delà de toute raison. Comment l’acquérir, comment passer de la foule des insensés au petit nombre des sages ? Il suffit de « désapprendre ce qui est mal » (Stobée), autrement dit de faire table rase de toutes ces coutumes et de toutes ces conventions que la société, pour se maintenir, s’ingénie à inculquer à chacun de ses membres …p2… d’Antisthène fait appel à une force, à une « ischus » à la fois physique et spirituelle…que nous serions tentés d’appeler tout simplement la volonté. Grâce à elle, l’homme acquiert ces qualités maîtresses du cynisme que sont l’endurance, la maîtrise de soi et l’impassibilité. » Le cynique se bat contre les « ponoi » c’est à dire les souffrances qui sont le lot de notre humanité, et qui englobent aussi bien le chaud, le froid, la faim, la soif, que les effets des passions ou encore la maladie ou la mort. Voilà pourquoi ce qu’importe aux cyniques se sont les actes, non les discours… au terme c’est le bonheur qui attend l’homme, d’où cette formule antisthènienne un peu lapidaire « La vertu suffit au bonheur ; elle n’a besoin de rien de plus, si ce n’est de la force socratique » p6 « Le message… allait connaître une extraordinaire fortune à deux époques… : l’époque hellénistique, suspendue aux ambitions démesurées du jeune Alexandre qui faisait découvrir au monde grec les splendeurs de l’Orient, et l’empire romain, animé d’une soif insatiable de gigantisme, de puissance et de luxe… p7… la philosophie cynique…allait…renverser les valeurs couramment respectée » y compris en philosophie où le platonisme, puis l’aristotélisme dominaient la vie intellectuelle brillante de l’Athènes du 4ème siècle. Platon fit de Diogène « un Socrate devenu fou » à quoi Diogène répondit « De quelle utilité est pour nous un homme (Platon) qui, bien que pratiquant la philosophie depuis longtemps déjà, se trouve n’avoir dérangé personne ? » …p9 « si l’homme est malheureux, c’est essentiellement pour deux raisons ; d’une part il est cet être de tous les désirs, qui sans cesse part en quête de ce qu’il n’a pas, de l’autre il est cet être de toutes les angoisses, qui traverse l’existence en compagnie de la peur : angoisse à l’égard des revirements subits que peut lui infliger la Fortune, la « Tyché » cruelle qui règne en maîtresse absolue sur le monde, angoisse aussi à l’égard des dieux et de ses châtiments de l’Hadès, qui depuis Homère hantent l’imaginaire et l’inconscient collectif des Grecs. »…Pour le cynique « le bonheur réside dans l’apathie, c’est à dire dans un état de sérénité totale qui permet d’affronter l’adversité sans éprouver le moindre trouble… au fondement de l’apathie diogénienne se situe l’autarcie, le fait de se suffire à soi-même, condition sine qua non de la liberté telle que l’envisagent les cyniques…p10…pour être heureux, il n’est plus question de se réfugier dans l’avoir, la possession de biens matériels, de richesses, mais il faut se montrer apte à se suffire à soi-même, privilège de qui ne possède rien ou presque rien" »Diogène disait « Il faut de la raison ou une corde ! (pour se pendre) » Le philosophe cynique apparaît donc comme l’anti Prométhée, à la fois parce qu’il refuse les bienfaits de la civilisation apportée par le Titan aux hommes et parce qu’il conteste la valeur d’une intelligence humaine qui échappe le plus souvent au contrôle de la raison et de ce fait peut devenir la source des plus grands maux…p11…quelle leçon de réalisme et de lucidité dans cette aptitude à faire table rase de toutes nos pauvres illusions ! A nous qui aspirions à faire l’ange, Diogène recommande de faire la bête !… Diogène, qui sait qu’il n’est point de bonheur dans la crainte du malheur à venir, a trouve cette sérénité, car il a su dégager une voie, une voie courte qui ne s’embarrasse ni de connaissances ni même de paroles, la voie rude et simple des disciples d’Héraclès, la voie de l’ascèse qui ramène l’homme au plus près de la nature, loin de tous les artifices de la voie civilisée que sa folie l’a amené à inventer…p12… Denys le Stoïcien raconte qu’après Chéronée, Diogène, fait prisonnier, fut conduit devant Philippe et qu’au roi qui lui demandait qui il était, le philosophe répondit « L’espion de to insatiable avidité. » Diogène se disait p13 « A-polis, sans cité, A-oikos, sans maison et … kosmopolitès, citoyen de l’univers. » Le cynique « rejette la loi, fondatrice de la cité, et … il lui oppose la nature…p14… »le cynique affichait une position agnostique » et dénonçait « les dévotions pieuses, leur caractère superstitieux et irrationnel, espérant par là convaincre ses interlocuteurs que des pratiques qui cherchent à forcer la main de la divinité et qui n’ont aucun rapport avec la pureté morale sont pour le moins suspectes » p15 « l’idée de dieu… qui ne trouve de preuve ni dans l’expérience ni dans le raisonnement, est contradictoire avec l’apathie… et l’amène à mettre le concept de divinité entre parenthèses et à engager les autres sur la voie d’un bonheur construit de main d’homme… Il récuse les système comme les idéologies…p16…La philosophie devient…une ascèse du corps à finalité morale…réellement en mesure d’assurer à l’homme le bonheur…L’ascèse a pour ligne directrice le retour à la nature, donc le rejet de tous les plaisirs néfastes de la civilisation… C’est-à-dire en menant une vie de frugalité et de pauvreté…car à l’homme qui ne possède rien, indubitablement la Fortune ne peut rien enlever…p17 Diogène, l’été, se roule dans le sable brûlant et l’hiver étreint les statues couvertes de neige !… plaisirs découlant d’une liberté chèrement acquise qui donne au sage cynique armé de son tribôn (manteau mince en laine grossière), de sa besace et de son bâton, la stature d’un sage au milieu des fols… ».


Le grignotage des acquis sociaux par la mondialisation
Le 4 avril j’ai défilé avec la CGT de Snecma Villaroche à Paris, pour le retrait du CPE. J’ai été étonné de voir le peu de salariés qui étaient présents au départ de la gare routière. Deux cars seulement on suffit pour emmener les manifestants ; alors que quotidiennement la Snecma met à disposition du personnel près de 50 cars pour son transport. Le CPE (Contrat première embauche) n’est pas uniquement consécutif au néolibéralisme ou au capitalisme planétaire, mais aussi à la collaboration active des citoyens au système en place. On pourra toujours faire une révolution, une guerre civile, rien ne changera si nous ne modifions pas nos comportements de consommateur. Ceux qui en veulent toujours plus, ne doivent pas s’étonner de voir nos droits attaqués. La mondialisation actuelle n’est pas construite sur la base des droits de l’homme, mais du profit, à nous de ne pas collaborer aveuglément avec ce système. Prenons un exemple : on ne trouve plus depuis longtemps sur les marchés de Melun et de France, que des textiles chinois, à qui la faute ? Au patronat ou aux consommateurs français qui se rabat toujours sur le prix le plus bas ? Tous les produits de consommation obtenus avec des moyens qui ne respectent pas les droits de l’homme, de la femme et de l’enfant, attaquent la souveraineté des états-nations qui les importent et les consomment ; qu’ils proviennent de Chine où d’ateliers clandestins parisiens qui font travailler une main d’œuvre « au noir », le résultat est le même. Néanmoins félicitons-nous de l’annonce par le gouvernement du retrait du CPE dans les jours qui ont suivi cette manifestation. Continuons de défendre nos droits par tous les moyens, et surtout par la non-collaboration, en refusant d’acheter des produits concurrents non équitables, et souvent de moins bonne qualité, parce qu’ils sont moins chers.

OGM N°10 mai 2006

Les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés)
Le Monde diplomatique d’avril 2006 présente plusieurs articles sur les OGM. L’article de Jacques Testard et d’Arnaud Apoteker, respectivement biologiste et président d’Inf’OGM, et responsable de la campagne OGM de Greenpeace, fait un point sur le sujet, pages 18 et 19.


Les trois familles d’OGM
« Sous le vocable d’organismes génétiquement modifiés (OGM), on regroupe des plantes, des animaux ou des êtres unicellulaires dont le génome a été enrichi d’un ou plusieurs gènes étrangers à l’espèce modifiée. Le but est de conférer à cette dernière des qualités inédites que ni les techniques classiques ni l’évolution n’auraient permis. Ainsi, il est improbable qu’un gène de la fraise parvienne naturellement à intégrer le génome du poisson ?
On peut distinguer trois familles d’OGM, dont les risques et les avantages respectifs ne sont pas comparables.
D’abord les OGM unicellulaires, cultivés en fermenteur, et dont la plupart fabriquent des substances à usage médical (vaccins, hormones, etc.). Personne ne les remet en cause car le système fonctionne (avantage démontré), et il est maîtrisé (risque toléré). Parmi les OGM commerciaux, ceux-là sont les plus « présentables » . C’est pourquoi la propagande pour les plantes transgéniques les met régulièrement en avant pour semer la confusion. Puis viennent les plantes ou animaux que l’on a génétiquement modifiés afin de constituer des outils vivants pour la recherche. Ces OGM à usage scientifique sont confinés dans des lieux spécialisés et strictement réglementés. Comme les OGM précédents, les OGM de recherche sont relativement bien acceptés par la société (sauf par les opposants à l’expérimentation animale). Enfin depuis dix ans, se pose la question des plantes génétiquement modifiées (PGM), d’intérêt agroalimentaire ou industriel. Elles sont mises en production dans les champs puis, pour la plupart d’entre elles, consommées par les animaux d’élevage ou des humains. Ces PGM soulèvent des problèmes nombreux, inexistants avec les autres OGM : sécurité environnement, biodiversité, santé, économie rurale. Des difficultés analogues surgiront avec les animaux d’élevage génétiquement modifiés (poissons, mammifères) dès qu’ils seront lâchés dans la nature. Dans la controverse qui dure depuis une décennie, et qui va culminer avec le projet de loi soumis au parlement français (lire l’article page 20), seules ces PGM sont en cause. »

Les risques et les échecs des PGM
« La transgenèse, abusivement présentée comme preuve de la « maîtrise du vivant », constitue une manipulation aléatoire, une technologie approximative (Voir Les OGM, une technologie à maîtriser, rapport n°2254, Editions de l’Assemblée nationale, avril 2005). La thérapie génique ne parvient toujours pas à soigner les malades, et les animaux transgéniques présentent souvent des handicapes (stérilité, diabète, difformités) sans rapport apparent avec le gène introduit dans leur génome. .. Ainsi, le transgène
présent dans une PGM est souvent différent de celui qu’on voulait y introduire, d’où la fausse sécurité des autorisations de culture. Par ailleurs de récents travaux australiens (lire F. Prat … « La société civile contre OGM »…) ont montré que le gène introduit dans la plante (le petit pois) peut y produire des substances allergènes (antigène responsable d’une allergie) qu’elle ne produisait pas dans la plante d’origine (le haricot). Or ce petit pois devenu toxique aurait parfaitement pu satisfaire aux procédures d’autorisation européennes. C’est donc bien de science que nous manquons … Et cette recherche ne saurait être menée en
plein champ … Pourtant, les PGM le plus souvent citées par leurs
défenseurs n’ont pas d’existence réelle : la tomate à longue conservation, première PGM commercialisée, en 1994, a vite été abandonnée : son goût rebutait les consommateurs des Etats-Unis … ; le riz Golden Rice, produisant de la provitamine A, est un échec … Q’en est-il des PGM réellement cultivées sur près de 100 millions d’hectares, pour l’essentiel sur le continent américain ? Il s’agit à 98%, de plantes capables soit de produire elles-mêmes un insecticide, soit de tolérer les épandages d’herbicide. Dans les deux cas l’effet bénéfique initial risque de s’atténuer en quelques années, car les pestes ainsi combattues s’adaptent : insectes parasites mutants pouvant résister à l’insecticide ; plantes adventices (qui croissent sur terrain cultivé sans avoir été semées) résistantes, parce qu’autosélectionnées ou devenues elles-mêmes porteuse du transgène. Le risque existe (comme avec les antibiotiques) de se trouver démuni devant de nouvelles configurations parasitaires. Ainsi, il se rencontre déjà des plantes sauvages résistantes à tous les herbicides usuels. Les PGM productrices d’insecticides le font en continu, et par toutes les parties de la plante. Elle libère donc beaucoup plus de toxiques que les traitements conventionnels, avec des effets dévastateurs sur l’environnement, particulièrement pour les insectes et les oiseaux. Avec les PGM tolérantes à un herbicide, celui-ci est souvent appliqué en une seule fois (pour réaliser des économies de main-d’œuvre) et massivement (en quantité double et d’avantage), avec des conséquences stérilisantes pour la biologie du sol (microorganismes, vers, etc.). Les excès de pesticides présents dans les PGM, soit par génération autonome (insecticide), soit par imprégnation (herbicide), pourrait présenter des risques spécifiques pour l’alimentation des animaux ou celle des humains qui les consomment (F Prat, op. cit.). »

Risques accrus par l’Etat français
« Alors que les produits alimentaires contenant plus de 0,9% d’OGM sont étiquetés, le projet de loi du gouvernement français refuse cette mesure pour les produits (viande, oeufs, lait) issus d’animaux ayant consommé des PGM, et cela malgré les recommandations européennes … Pour contourner l’hostilité de l’opinion, le gouvernement français organise périodiquement des simulacres de concertation, à l’occasion par courrier électronique ! qui constituent autant de leurres démocratiques … » (fin de citation).

Pour éviter les OGM et les PGM
La seule manière d’éviter les PGM, et les OGM qui sont dans les vaccins, est de consommer des produits biologiques. Le consommateur préserve ainsi la nature et sa santé, et milite aussi pour le droit des générations futures à exister. L’article qui suit intitulé « Risques de contamination dans les campagnes » de Robert Ali Brac de La Perrière et F Prat, respectivement phytogénéticien et administrateur d’Inf’OGM ; et agronome, pages 20 et 21, n’est pas moins intéressant que le premier.

Un programme de sauvetage des plantes génétiquement non modifiées
« Le gouvernement norvégien est en train de réactiver un ancien projet de construction d’une cave artificielle au sein d’une montagne gelée… afin de sanctuariser la diversité génétique des plantes cultivées connues. Pour M. Cary Fowler, directeur du Global Cop Diversity Trust, promoteur du projet, « si le pire se réalisait, cela permettrait au monde de reconstruire l’agriculture sur la planète » Parmi les donateurs, on compte Dupont et Syngenta, deux multinationales de l’agrochimie contrôlant une partie importante des brevets sur les biotechnologies et la production de PGM… Le groupe consultatif de recherche agricole international, qui abrite dans ses banques des gènes, plus d’un million d’échantillons de semences des principales espèces cultivées, a estimé en 2004 que, à court terme, la probabilité de contamination dans les collections de banques de semences était grandes pour le maïs et le colza, et moyenne pour le riz et le coton, ce qui demandait une attention immédiate… au Mexique centre d’origine de la diversité du maïs, une contamination de variétés locales par les variétés transgéniques commerciales états-uniennes a été révélée en 2001 par des chercheurs de l’université de Berkeley, et ce alors même que le pays était sous moratoire du maïs…(Dossier Inf’OGM, n°43, novembre 2003)… »

Une plainte contre l’Europe
« …C’est pendant cette période que les principaux pays producteurs de PGM (Etas-Unis, Canada et Argentine) ont introduit une plainte contre l’Union européenne auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)…Mais, à la surprise de beaucoup, le rapport intermédiaire du panel d'experts, qui a fait l'objet d'une fuite en février 2006, ne condamne pas l'Europe..." »

Des rapports de toxicologie contournés
« …en théorie, c’est le Conseil de l’Union européenne (c’est à dire les ministres concernés des Vingt-Cinq) qui décide ; mais faute d’une majorité qualifiée dans un sens ou dans l’autre, l’autorisation revient en pratique à la Commission. Cette dernière s’appuie sur des rapports d’experts, qui analysent les études de dangerosité élaborées par les industriels eux-mêmes, et non par des laboratoires indépendants. Dans le cas de l’autorisation du maïs Monsanto 863, par exemple, les tests de toxicologie (obligatoires) ont montré que les rats nourris avec cette variété ont développé des anomalies dans leurs organes internes (reins plus petits et des changements dans la composition sanguine). Mais, dans son rapport, la multinationale considère que ces anomalies sont sans signification : elles seraient dues au hasard… Le maïs Monsanto 863 reste cependant autorisé ! »

L’Europe accepte les OGM, les régions contestent
« Comme la procédure d’autorisation de mise sur le marché de nouveaux OGM ne prévoit pas de consultation du Parlement européen, pas plus que le Comité des régions ou du Comité économique et social européen, c’est à travers les collectivités locales et territoriales qui se sont déclarées « hors OGM » que s’organise l’opposition démocratique de l’Europe. Elle se développe très rapidement : 172 régions et plus de 4500 collectivités demandent, dans la charte de Florence, « des dispositions juridiques permettant aux régions d’avoir la capacité de définir leur territoire…sans OGM, sans que ces décisions soient considérées comme une infraction au principe communautaire de libre circulation des marchandises, et de conditionner la mise sur le marché d’OGM à une exigence d’utilité pour le consommateur et pour la société en général (Charte de Florence du réseau des régions sans OGM, www.brest-ouvert.net/IMG/Charter_Final_FR.ftf) »

Règles d’étiquetage imposées par la Commission européenne
« Dans sa recommandation du 23 juillet 2003, la Commission européenne demandait aux Etats membres d’organiser la « coexistence » des filières : génétiquement modifié, conventionnelle et biologique. Un règlement (1829-2003) définit les règles d’étiquetage en fonction des seuils tolérés de présence d’OGM. Dans l’étiquetage la notion de seuil est essentielle : elle oblige à tolérer les traces, et permet aux producteurs de ne pas voir leurs productions trop facilement déclassées par des contaminations. Pour les filières conventionnelles, le seuil est de 0,9% de chaque ingrédients, à condition que cette présence soit « fortuite ou techniquement inévitable ». Pour l’agriculture biologique, qui accepte aucun OGM, le seuil de 0% serait, comme pour les autres produits, relevé à 0,9%. La Commission accompagne des recommandations sur la « coexistence » d’un important appui financier aux programmes de recherche… permettant de la légitimer, alors que les citoyens européens sont majoritairement opposés à une alimentation génétiquement modifiée(75% des français selon un sondage BVA de janvier 2006)… Par ailleurs, l’Institut de protection de la sécurité du citoyen (IPSC), dépendant du centre commun de recherche de la Commission européenne, travaille à la numérisation, à l’échelle de l’Union européenne, des parcelles OGM et de leurs alentours pour le contrôle des cultures… »

Les faucheurs volontaires d’OGM
« …Le passage en force des PGM promus par une coalition d’intérêts privés relayés par la Commission et la plupart des gouvernements ne pouvait manquer de susciter des réactions chez nombre de citoyens européens. En témoignent les déclarations des collectivités se déclarant « zones libres d’OGM ». En témoigne également le mouvement des faucheurs dits volontaires… née en 2003 sur le plateau du Larzac, qui peut aujourd’hui compter, en France, sur plus de 5000 militants pour faucher les parcelles d’essais de PGM, et il se développe dans les autres pays européens. Plusieurs jugement ont lourdement condamné financièrement certains « faucheurs », et plusieurs d’entre eux font aujourd’hui l’objet d’une menace de saisie de leurs biens (dont José Bové, Noël Mamère ou encore Gilles Lemaire) ; cependant, les choses évoluent : deux jugements, l’un du tribunal correctionnel d’Orléans en décembre 2005, l’autre de celui de Versailles en janvier 2006, viennent de reconnaître la légalité des fauchages, au nom de « l’état de nécessité… » en évoquant le principe de précaution inscrit dans la Charte de l’environnement, à valeur constitutionnelle votée par le Congrès en février 2005…"

Les dégâts du soja GM de Monsanto en Argentine
L’article de Pierre-Ludovic Viollat page 22 dénonce les abus commis par Monsanto en Argentine, pays qui exporte 70% de sa production de soja qui est majoritairement génétiquement modifiée (GM) ou soja Roundup Ready (RR) breveté par Monsanto.
« En quelques années, le soja RR va connaître un essor exponentiel, planifié par la firme américaine… « La multinationale n’a pas fait breveter ses semences dans notre pays. De cette façon, les gens se sont passés les graines les uns les autres, et le périmètre du soja transgénique c’est étendu rapidement. » Ce qui arrangeait tout de même les affaires du géant américain, puisque les agriculteurs devaient lui acheter son herbicide … au tiers au tiers de la valeur pratiquée dans les autres pays…Des facteurs externes vont aider au développement rapide du soja GM ..Le soja RR est cultivé sans recours au labour…la crise de la vache folle en Europe… Le remplacement des farines animales par des tourteaux de soja fait grimper les cours de oléagineux, suscitant l’intérêt des agriculteurs argentins. Enfin, à partir de janvier 2002, la dévaluation du peso de 70%, combinée à une flambée des cours mondiaux exprimés en dollars, flambée dû notamment à la demande croissante de la Chine, transforme l’oléagineux en poule aux œufs d’or…. La ruée vers l’« or vert » a fait du soja la première culture du pays : alors qu’il couvrait, au moment de l’arrivée des semences GM en 1996, quelques 6 millions d’hectares, il en occupe aujourd’hui 15,2 millions, soit plus de la moitié des terres cultivables…Premier problème majeur : la déforestation…La plus grave conséquence…n’est pourtant pas là. Pour le cultiver les agriculteurs n’ont recours qu’à un seul herbicide : le glyphosate, commercialisé par Monsanto sous le nom de Roundup. Dans sa fiche consacrée à ce produit, la très officielle Agence américaine de protection de l’environnement (…) détaille les effets nocifs sur la santé … : congestion des poumons, accélération du rythme de la respiration » à court terme, « endommagement des reins, effets sur la reproduction » à long terme (voir le site www.epa.gov/safewater/dwh/c-soc/glyphosa.html). » Médecin à Buesnos Aires, le docteur Jorge Kaczewer…note « Irritations de la peau et des yeux, nausées et étourdissements, œdème pulmonaire, baisse de la pression sanguine, réactions allergiques, douleurs abdominales, perte massive de liquide gastro-intestinal, vomissements, perte de conscience, destruction de globules rouges, électrocardiogrammes anormaux, dégâts ou défaut des reins (on retrouve les mêmes symptômes chez les colombiens victimes des épandages de glyphosate sur les plantations de coca)….. « Un des patients, en traitement depuis un mois déjà, n’arrive pas encore à récupérer la peau de ses pieds, raconte le docteur le docteur Dario Gianfelici … Personne ne se protège, les gens ne comprennent pas »…Les agriculteurs …assistent à la concentration des terres, qui c’est fortement accélérée avec les OGM. « Pendant que le volume des exploitations de soja augmente, nous nous retrouvons avec de moins en moins d’exploitations, commente M. Alfredo Bel, ingénieur agronome…Le soja exclu les petits et moyens producteurs. » Le nombre des exploitations est tombé de 422000 à, 318000 entre 1988 et 2002, soit une réduction de 25%. L’érosion des sols devient par ailleurs un sujet préoccupant ……L’absence de rotation des cultures, qui entraîne l’utilisation année après année du même herbicide, combinée à une augmentation régulière du volume appliqué,, a une conséquence inévitable : le développement d’une résistance à l’herbicide par les mauvaises herbes… M. Clive James, président du …(ISAAA), organisation favorable aux PGM, jubile dans son dernier rapport annuel : « L’impact collectif croissant des 5 principaux pays en voie de développement (Chine, Inde, Argentine, Brésil et Afrique du Sud) est une tendance continue importante ayant des implications pour la future adoption et acceptation des PGM dans le monde entier. »…Notons que si la FAO, « dont l’objectif est de libérer la planète des fléaux de la famine…reconnaît que les PGM pourrait être un outil pour lutter contre la faim… » Elle néglige l’appauvrissement de la biodiversité et la stérilisation des terres arables, et le chômage engendré chez les petits paysans, qui augmente la pauvreté et la faim dans le monde.

Quelques sites internet donnés par le Diplo :
www.infogm.org site d’info’OGM ; www.altercampagne.free.fr, site de la Journée internationale d’opposition collective aux OGN ;
www.bede-asso.org/ogm_espace_public/OGM_espace_public.htm, site de la bibliothèque d’échange de documentation et d’expérience ; www.confederationpaysannes.fr ; www.fne.asso.fr/PA/ogm/actu/ogm_actu.htm, site de l’association France Nature Environnement ; www.france.attac.org ; www.geenpeace.org/france/campaigns/ogm ;
www.semencespaysannes.org ; www.gmoinfo.jrc.it, site de l’Union européenne sur les OGM.