(Annexe
au livre Pour la révolution intérieure de
Jean-Paul Alonso aux www.éditions-arte-politeia.com)
Prologue
: En 2020, durant le premier confinement et la lecture de La
vie divine de Srî Aurobindo Ghose (1872-1950), une révélation
spirituelle a complètement modifié ma conviction agnostique. Je
suis de plus en plus convaincu aujourd’hui que nous sommes tous
reliés à une intelligence globale cosmique. Pour l’expliquer,
j’ai développé un nouveau concept dans Pour la révolution
intérieure à la mémoire de Srî Aurobindo, que j’ai baptisé
« matintel » ou matière intelligente.
Certaines
personnes ont cru que j’avais copié la notion de « conscience
quantique », très en vogue, que je ne connaissais pas en 2020.
Depuis 2005, je me consacre entièrement à d’autres
sujets, dont mon traité de politique qui m’a occupé de 2009 à
2020. Après avoir comparé les deux concepts en ce mois d’avril
2021, je peux dire qu’ils sont différents parce qu’ils résultent
de deux formes différentes d’approches.
Pourquoi ?
La physique repose sur des théories construites avec le langage
mathématique inventé par l’homme pour traduire des phénomènes
déterministes dans un certain espace-temps. On encore : les
mathématiques sont un langage inventé par l’homme qui traduisent
des faits de la science physique qui se déroulent dans un
espace-temps limité par l'objet étudié.
Exemple :
quand un objet tombe, les lois de la gravitation de Newton
l’expliquent. Tout ce que la science n’explique pas répond au
hasard que l’on qualifie de non-déterministe, mais dès qu’un
chercheur explique un phénomène avec une équation, le hasard
s’efface, il rentre dans le déterminisme scientifique. Autrement
dit, le déterminisme est relié à ce que la science peut mettre en
équation et tout ce qui échappe à la mathématisation est rangé
dans le hasard. Le rôle du chercheur en science est de donner des
explications à des phénomènes encore inexpliqués
mathématiquement, autrement dit d’effacer le hasard en rendant ce
comportement inexpliqué prédictible avec les calculs. Après leur
mise en équation, les phénomènes jadis abandonnés au hasard, mais
qui n’ont intrinsèquement pas été expliqués, sont considérés
comme étant déterministes.
Car
la science n’explique pas la cause intrinsèque qui fait qu’un
objet tombe vers le sol. Elle est seulement capable de prédire, pour
l’exemple, le mouvement d’un corps en chute libre, de calculer sa
vitesse, la durée de sa chute selon la distance parcourue, sa force
avec sa masse et sa vitesse quand il touche le sol. Comme les lois de
la gravitation newtoniennes incomplètes prédisaient que le système
solaire aurait dû s’effondrer, Newton disait que Dieu intervenait
pour remettre de l’ordre dans ce système, parce qu’une fois que
les lois étaient posées on ne pouvait plus parler de hasard. Un
autre exemple, qui rapporte à Dieu et non au hasard une zone d’ombre
de la science, a été effectué par Einstein. En voici l’explication
:
Le
Big Bang ou « Grand Boum » est un modèle cosmologique qui
décrit l’origine et l’évolution de l’Univers à partir d’une
extension et d’un refroidissement rapide commencés il y a quelque
13,8 milliards d’années. Ce concept a été proposé par le
cosmologiste russe Alexandre Friedmann en 1922, et indépendamment de
lui, par l’astrophysicien et chanoine catholique belge Georges
Lemaître en 1927. Ils décrivaient tous les deux les grandes lignes
de l’expansion de l’Univers qui a été mise en évidence, avec
l’observation de la fuite des galaxies, par l’astronome américain
Edwin Hubble en 1929. Ce modèle a été désigné pour la première
fois en 1949 sous le terme ironique de « Big Bang » par le
physicien britannique Fred Hoyle adepte d’un univers stationnaire.
Albert Einstein aurait pu apporter une autre confirmation de
l’expansion de l’Univers avec la relativité générale. Mais il
a préféré ajouter à ses équations une constante cosmologique
fictive pour conserver l’idée en vogue d’un Univers statique. Il
préféra placer Dieu derrière cette nouvelle énigme.
Dans
Astronomie et
Civilisation (éd. 2003
et 2015), je montre que des erreurs de jugement de ce type se
retrouvent chez les philosophes grecs comme Platon et son élève
Aristote. Ces savants affirmaient que la terre était fixe parce
qu’ils se fiaient aux apparences trompeuses et qu'ils n’avaient
pas suffisamment observé le ciel comme l’a fait Aristarque de
Samos un peu plus tard, au IIIe siècle
av. J.-C. Aristarque a déduit de ses observations que la Terre
devait tourner autour du soleil et non l'inverse. Platon et Aristote
étaient habités de préjugés, comme les scientifiques
d’aujourd’hui le sont avec les sciences. Si l’on fait référence
à l’allégorie dite de la Caverne de Platon, tant cité en exemple
par mes contemporains, je réponds que Platon, en matière de
cosmologie au moins, était assis dans sa caverne avec les
prisonniers qui ne voient que des ombres.
Le
Discours de la méthode
(1637) de Descartes, sous-titré « pour bien conduire sa raison et
chercher la vérité dans les sciences », marque une rupture entre
le savoir philosophique non déductif et les idées reçues. Il opère
avec raison un divorce entre la religion, la vérité révélée, la
philosophie classique et les sciences. Désormais, le savoir va se
fonder sur l’observation et l’expérimentation confirmée par un
langage mathématique. Le savoir objectif scientifique s’opposera
aux opinions subjectives en oubliant qu’il contient en lui-même
une grande part de subjectivité. Aujourd’hui, je pense que même
si la science est utile comme je viens de le démontrer, nous
n'aurions pas dû pour autant l'ériger en paradigme. Cette erreur
est due à la perte de la spiritualité de l'intelligentsia.
Science
et philosophie seront définitivement séparées en 1666 en France
alors qu’elles resteront assimilées encore quelques temps chez les
philosophes allemands. Le philosophe François Dion dit très
justement que Kant (1724-1804) a élaboré une théorie cosmologique
fournissant une description de la totalité de l’univers conforme à
la physique de Newton, qui faisait appel à une matrice conceptuelle
inspirée de la tradition de la métaphysique rationaliste.
La science objective finira par triompher sur le romantisme,
conformément a l’allégorie de Goethe et de son Faust qui vend son
âme au diable.
Il
n’empêche que nous allons voir que nos plus grands savants ont
continué de qualifier de hasard ou d'attribuer à une intervention
divine les phénomènes qu’ils n’expliquaient pas, ce qui
démontre la limitation de la science depuis sa fondation et ouvre la
voie à un autre paradigme.
Les
travaux de Descartes (1596-1650), la séparation des sciences de la
philosophie en 1666, avec la création de l’Académie des sciences
en France, suivis de la Révolution de 1789, vont tendre à effacer
Dieu et la loi d’amour du Christ de notre paradigme qui est devenu
essentiellement matérialiste, productiviste et consumériste dans un
cadre géopolitique de type esclavagiste. La loi d’amour du Christ
a été oubliée, au profit de la valorisation de la matière, du
corps et des mathématiques dans l’enseignement. Toutes nos élites
ont été nourries aux mamelles des sciences. Celles et ceux qui
étaient doués en mathématiques forment l’intelligentsia du monde
occidental, d’où, la très forte résistance qu’oppose
aujourd’hui les académies à la remise en question du paradigme
scientifique.
La
vulgarisation des sciences et l’accès facilité à l’information
scientifique ont inculqué l’hédonisme, le matérialisme et le
scientisme comme règles essentielles de notre civilisation
occidentale. Ayant rejeté la spiritualité et la morale avec la
religion, et oublié la loi d’amour qu’il n’a jamais fait
sienne, l’homme est devenu esclave de la matière, une machine à
produire, à consommer tout et n’importe quoi. Tous les vices sont
désormais tolérés, pourvu qu’ils rapportent de l’argent.
Pendant que les scientifiques et les politiciens restent enfermés
dans leur étroitesse d’esprit en faisant la course à leur
promotion sociale, la fin de l’humanité ou l’apocalypse annoncée
autant par la Bible que les sciences prédictives se déroule sous
nos yeux. Mais c’est, encore une fois, un autre sujet.
La
conscience quantique et la matintel :
Le
point de départ de la physique quantique peut être situé avec les
travaux du grand savant Huygens et son Traité de la lumière
publié en 1690, et l’addition de toutes les découvertes qui ont
suivi depuis, jusqu’à la découverte des ondes gravitationnelles
en 2015. Depuis, les physiciens n’ont pas réussi à définir les
mystères de la mécanique quantique d’où l’émergence de l’idée
très confuse que le monde subatomique pourrait expliquer la
conscience humaine, le hasard serait devenu de la conscience. On
parle désormais de « conscience quantique », une
expression vide de sens, mais très à la mode depuis quelques
décennies, du fait que certains physiciens s’imaginent pouvoir
mettre en équation le fonctionnement de la conscience humaine.
J’exposerai mon concept pour le comparer aux concepts de Guillemant
et de Ransford.
Les
lois de la mécanique quantique permettent de comprendre pourquoi les
atomes et les molécules sont stables, pourquoi ils peuvent émettre
et absorber de la lumière et se combiner dans les réactions
chimiques. Ces quantités de matière subatomique et d’énergies
ont été appelées les « quanta » par Max Planck qui a
découvert la constante de Planck
en 1900. Cette constante détermine une échelle qui permet de dire
quand les équations de la physique classique ou celles de la
physique quantique peuvent s’appliquer à un problème. En 1905,
Albert Einstein explique en adoptant l’hypothèse des quanta de
Planck l’effet photo-électrique et l’idée que la structure de
la lumière est discontinue, etc.
La
liste des découvertes est trop longue à résumer et inutile ici
pour les profanes que nous sommes, et démontrer que ma démarche
« matintel » n’a rien en commun avec le concept qu’on
appelle pompeusement la « conscience quantique ». En
résumé, la physique quantique est un ensemble de théories qui
permet de modéliser le fonctionnement des particules subatomiques et
du rayonnement électromagnétique sans pouvoir relier ses équations
à celles de la physique classique de la relativité et encore moins
expliquer la conscience humaine et tout ce qui est indéterminé dans
l’univers. Tout reste donc à l’état d’hypothèse et pour
cause :
J’écris
dans Pour la révolution
intérieure :
« L’interdépendance de toutes les intelligences sur Terre et
dans l’univers fait qu’on ne peut pas penser comme le fait la
science moderne en mathématisant les phénomènes matériels sans
prendre en compte cette interdépendance qui a participé à
l’évolution et à l’équilibre de l’ensemble du vivant. […]
J’ai
nommé ce concept de non-séparation avec le néologisme
“Matintel” (matière intelligente), qui est la manifestation de
l’intelligence et de la matière réunies. […]
La Matintel n’est pas une théorie scientifique, elle ne démontre
pas un phénomène physique qui aurait besoin du langage limité des
mathématiques pour être prouvé, puisqu’elle s’inscrit dans la
totalité. Sa démonstration passe par l’expérimentation de
techniques de méditation qui nous relient à la totalité vivante
qui nous était jusqu’alors inconnue. »
On
peut dire que ma vision résulte de la conscience extraneuronale ou
intuitive qui est différente de la conscience analytique purement
cérébrale. La conscience extraneuronale est étudiée par le
docteur Jean-Jacques Charbonier sur la base de témoignages de mort
imminente.
J’appelle dans mon essai ces deux types de conscience la
« conscience » et la « supraconscience ».
La
conscience et la supraconscience se différencient toutes les deux
par leur champ d’application, c’est-à-dire les dimensions
respectives d’espace-temps dans lesquels elles interviennent. La
première nous a fourni un ensemble de lois utiles applicables à des
objets de notre vie quotidienne. La seconde embrasse une dimension
cosmique illimitée qui abolit l’espace-temps.
La
physique ne pourra jamais donner l’explication de la conscience
humaine qui est non déterministe parce qu’elle résulte de nos
savoirs et de notre libre arbitre. La supraconscience ne résulte pas
seulement de nos savoirs acquis et de notre libre arbitre. Elle
résulte des savoirs d’une quantité d’intelligences (humaines et
non humaines) interconnectées et en interaction permanente. Chacun
de nous peut la découvrir en se reliant au réseau de ces
intelligences par la méditation positive (Guide de la révolution
non-violente, 2008) ou en état d’hypnose selon le docteur
Charbonier.
En
suivant cette voie, l’homme peut devenir un sage omniscient et
omnipotent, comparé aux capacités de l’homme ordinaire qui se fie
à sa seule conscience. C’est dans cet état qualifié de « divin »
par les religions que l’on perçoit les messages issus de la
globalité de l’univers et que le passé et le futur s’annulent
dans le présent qui devient intemporel. La grande différence qui
existe entre un sage et un scientifique est que le premier évolue
dans l’étant illimité, l’être et ne veut rien démontrer, rien
prouver, et que le second, qui évolue dans le non-être, cherche à
démontrer théoriquement un phénomène dans un langage limité qui
portera son nom. L’un est dans la contemplation, l’amour
universel et le désintérêt personnel, l’autre dans l’ego, la
recherche d’une reconnaissance personnelle ou de la gloire. Ces
deux paradigmes sont inconciliables. Telle est ma vision matintel que
vous pouvez approfondir en lisant mon essai.
Les
propos entendus dans plusieurs interviews
du physicien Philippe Guillemant sur la conscience se rapprochent et
s’opposent à ma vision puisqu’il fusionne la conscience et
l’espace et que mon concept matintel fusionne la matière et
l’intelligence (comme le fait Ransford avec de grandes différences
comme nous le verrons). Son discours démontre une pensée en pleine
évolution encore mal affirmée qui mélange maladroitement science
et métaphysique. J’en reproduis ici quelques extraits. Il dit :
« l’espace [la conscience] dans lequel nous vivons est la
somme de nos consciences collectives » (9mn 40s), idée que je
partage dans l'état de supraconscience. « Le temps ne peut pas
exister […] la matière se réduit à des vibrations de l’espace »
(12mn 43s). Je précise au passage que l'annulation du facteur temps
annulerait de nombreuses équations de la physique classique bien
utiles.
Guillemant
poursuit : « Il faut remplacer l’espace, le temps et la
matière par l’information, la vibration et l’énergie »
(13mn). Là, je ne comprends plus du tout où il veut en venir. « Le
fait de rester dans le parc de la pensée est déterminé par des
dogmes que j’ai appelés : matérialisme, déterminisme,
causalité et hasard » qui conduisent à une perte de sens
(voir croquis). Je ne suis pas d'accord, car il suffirait de dire que
le déterminisme scientifique n'est valable que dans un certain
espace-temps. Je précise que Guillemant invalide le concept de
science qu’il cherche à alimenter en se plaçant dans une
situation de métaphysicien. Cette démarche paradoxale et intenable
se poursuit avec ce qui suit :
En
annulant ces barrières, nous entrons dans un nouveau paradigme qui
se résume selon le croquis suivant :
« Pourquoi
aller visiter à l’extérieur du parc ? Parce qu’à
l’intérieur du parc c’est devenu irrationnel. » dit-il
(21mn 03s), alors que ce qui est irrationnel ici, est de s’imaginer
que la science est le bonn outil pour explorer « l’extérieur
du parc ». Mais Guillemant enfonce le clou : « Les états
de conscience modifiés, les expériences de mort imminente, les
expériences de sortie du corps, les synchronicités et coïncidences
étranges, les phénomènes aériens non expliqués et puis les
perceptions extra-sensorielles […] sont des sujets d’études
scientifiques pour la grande majorité […] ». Je pense que
ces phénomènes échapperont toujours aux sciences formelles qui
n’évoluent pas dans le bon paradigme pour les expliquer. On peut
en dire autant pour tout ce qui suit.
La
physique ne concilie pas actuellement la mécanique quantique et la
relativité générale. Pour cette raison la théorie des cordes
introduit 6 dimensions supplémentaires à l’espace,
Guillemant propose de les relier à l’espace-temps.
À
32 mn, j’ai compris que l’épaisseur de la conscience dont
parle Guillemant pouvait s’identifier à l’épaisseur de
l’espace-temps et que l’accélération du temps démontre par les
calculs et l’observation qu’une plante se comporte comme un
animal et que la Terre est un être vivant comme nous. Chose que je
conçois, tout est vivant sinon la vie ne serait pas. Nous restons
ensuite dans une succession d’hypothèses, qui, à mon sens, ne
peuvent se démontrer avec les seules mathématiques. En résumé, je
pense que certains chercheurs invalident la science académique des
derniers siècles en voulant expliquer des phénomènes qui sortent
de son paradigme.
En
bref, Guillemant avance que la conscience ne peut pas résulter
d’informations venant de nos cinq sens ; qu’elle ne peut pas
émerger du processus neuronal. Il dit avoir emprunté cette idée au
physicien Roger Penrose
pour qui la conscience et « les vibrations de l’espace-temps
sont reliées ».
J’ai
écrit, de mon côté, que « la
matière et l’intelligence sont inséparables », alors
que l’intelligence devait forcément exister avant que les atomes
se constituent au tout début de l’univers, selon la théorie
évolutionniste de l’univers ou big bang.
Sur ce point, Penrose semble avoir raison, l’espace et la
conscience ne feraient qu’un. En réponse à une question sur
l’âme, Guillemant avance : « on peut considérer que l’âme
est le véhicule immatériel de la conscience » qu’elle
évolue hors du temps et conserve son système d’information après
la mort. Je pense également que les atomes et non l'âme contiennent
la mémoire de nos existences. Guillemant ajoute que la gravité
quantique, l’intrication
et bien d’autres phénomènes inexplicables comme la matière noire
proviendraient de l’extérieur de notre espace-temps. Selon
Guillemant, si l’on considère que la conscience et l’espace sont
la même chose, on peut comprendre des choses relatives à l’au-delà,
que ne permet pas de comprendre la physique.
Guillemant
dit : « Nous sommes manipulés, entre guillemets, depuis
l’extérieur de l’espace-temps » comme des marionnettes
douées d’un libre arbitre limité. La synchronicité de certains
événements dont on s’étonne parfois ne serait pas due au hasard,
mais le produit d’un état de réceptivité (extra-sensoriel) qui
peut être activé par la méditation. Je partage cette idée ,la
transcendance annule le hasard, tous les phénomènes deviennent
intelligibles.
On
peut dire que cette vision rejoint en gros la mienne (matintel) et
qu'elles résultent toutes les deux de la conscience extraneuronale
ou intuitive qui est différente de la conscience analytique purement
cérébrale. La conscience extraneuronale est étudiée par le
docteur Jean-Jacques Charbonier sur la base de témoignages de mort
imminente.
Je rappelle que dans mon essai ces deux types de conscience sont
appelées « conscience » et « supraconscience »,
expressions que l’on retrouve chez tous les éveillés dont
Aurobindo faisait partie.
L’hypothèse
d’Emmanuel Ransford est proche de celle de Guillemant avec
la très grande différence qu’il place la dimension psychique de
l’univers dans la matière même et non pas dans l’espace, comme
Guillemant. Je reprends quelques éléments de sa conférence du 4
février 2017 qui n’ont pas évolué en 2021. Selon lui, il se
pourrait que le monde de l’atome et de l’électron c’est-à-dire
le monde de la matière subatomique ou quantique soit imprégné
d’une dimension psychique immatérielle et « quasi
invisible » qui représente la partie inexpliquée par la
physique quantique, que les chercheurs cherchent à mettre en
équation. Des exemples de « quasi invisibilité » sont :
les neutrinos, les ondes gravitationnelles découvertes en 2015, les
trous noirs et les 95 % de l’univers constitué de matière
noire invisible, etc. qui participent à l’expansion de l’univers,
sinon du multivers (que j’ai nommé jadis, bien avant que j’en
entende parler, le plurivers, terme que je réemploie dans mon
essai).
Ransford
a inventé des néologismes pour définir son concept.
« L’endocausalité » gouvernerait la partie psychique
de la matière capable de faire des choix (les nôtres) et le
comportement observé et inexpliqué de la matière en mécanique
quantique, c’est-à-dire des particules subatomiques dont la taille
se situe en dessous de l’échelle de Planck. « L’exocausalité »
gouvernerait la matière constituée d’atomes, dont la taille est
supérieure à la constante de Planck, et dont le mouvement est
prévisible par les équations de la physique classique.
Ransford
appelle la matière complétée de sa partie psychique
« l’holomatière » (de holo=totalité en grec) et sa
particule une « holoparticule ». « ndo »
correspond à la partie endocausale de
« l’holoparticule »
et « xo » sa partie exocausale. Pour l’illustrer , il
compare l’holoparticule à un œuf poché où le jaune représente
sa partie psychique ou « xo » douée de capacité
décisionnelle, et le blanc sa partie matérielle qui obéit au
jaune.
Le « xo » intervient quand la nature a besoin de faire un
choix. Je trouve cette idée intéressante qui pourrait expliquer la
mutation des virus, des bactéries, pour résister aux vaccins ou aux
insecticides que l’homme met sur leur chemin et bien d'autres
phénomènes, comme celui de l’évolution
de notre univers et de la vie sur Terre.
Poursuivons :
Le
« hasard quantique » renvoie à l’idée d’un pouvoir
décisionnel de la matière expliqué par le « xo ». La
non-localité ou intrication fait que 2 particules qui ont été
en contact restent interconnectées et en interaction, leur
comportement reste identique ou corrélé, même quand elles sont
séparées par des milliards de kilomètres. Les physiciens
quantiques (q-physiciens) parlent de non-séparabilité ou
d’intrication.
« La réduction du paquet d’ondes » ou « saut
quantique » peut s’illustrer quand les holoparticules sont
obligées de faire un choix. La
conscience quantique s’expliquerait par la non-localité qui crée
une conscience macro-psychique (par agglutination) dans le cerveau
humain. C’est ce qui expliquerait l’émergence de la conscience
cérébrale. Sur ces bases Ransford bâtit l’hypothèse que cette
« conscience quantique » serait la même que la
conscience divine, la médiumnité et la télépathie. Il fait le
même rapprochement entre science et métaphysique que Guillemant vu
précédemment.
En résumé,
je dirais que l’émergence d’une idée de conscience de la
matière chez les scientifiques est née de l’absence de capacité
actuelle de la science à pouvoir mettre en équation tous les
phénomènes de l’univers. Il existe des trous dans les
explications théoriques du comportement de la matière tel que nous
le percevons avec nos cinq sens. Cette obstination qui consiste à
vouloir mathématiser tous les phénomènes oublie que le langage
mathématique, comme la langue littéraire, est une invention de
l’homme et non un langage universel.
Elle
oublie que notre perception humaine est limitée par nos sens et
notre instrumentation scientifique qui ne sauraient nous expliquer la
totalité existante, mais qu’une infime partie de celle-ci, qui
nous est strictement nécessaire pour mener notre vie sur Terre. Je
rappelle que j’en suis arrivé personnellement à inventer des
concepts très voisins en mars 2020, suite à une révélation en
lisant La vie
divine
de l’Indien Aurobindo. Alors que 15 ans auparavant, en 2005,
j’ai cherché dans un voyage en Inde les traces de la sagesse et de
la vérité sans la trouver, c’est un écrit qui était dans ma
bibliothèque qui me l’a révélée.
Cette
révélation a donné Pour
la révolution intérieure,
que j’ai qualifié de livre important de ma production littéraire.
D’où est né, début 2020, le concept philosophique de
localisme qui veut que tout soit présent autour de nous, suffisant
et en synchronicité permanente, dès lors que nous entrons dans la
dimension globale. La transcendance de la matière, de nos pulsions,
de nos envies, de l’ego, est la seule manière d’entrer et de
communiquer dans le réseau global indéfinissable dans le paradigme
scientifique. « La formation de l’univers étant la
résultante d’une intelligence cosmique qui est à la source de
toute chose, l’objectif consiste ici à comprendre que nous devons
nous y relier pour augmenter le champ de nos perceptions dans toutes
les dimensions. Une fois que nous aurons obtenu cet état qualifié
de divin par les anciennes traditions, nous pourrons agir dans le
monde avec plus de justesse. Cela ne doit pas passer pour un miracle
ou du mysticisme, mais une évidence, que seule l’expérience
personnelle peut prouver. Ce texte tente de vous en convaincre avec
des éléments intelligibles, et, pour ce
faire, j’emploierai un raisonnement analogique. » (Pour
la révolution intérieure)
Les localistes sont des adeptes du localisme qui renoncent à la
vitesse (temps court), aux déplacements (conquête de l’espace),
à l’accumulation de biens, à la transformation ou
artificialisation de la matière… « C’est précisément contre
ces civilisations esclavagistes et policées qui ont épuisé les
peuples au point de les rendre aveugles, que nous devons lutter pour
libérer l’humanité de ses fardeaux accumulés pour construire la
civilisation des hommes transcendants et omniscients, qui réalisera
le paradis terrestre. [...] J’affirme, avec Srî Aurobindo, que
l’homme est voué à devenir la finalité la plus parfaite et
accomplie de l’évolution, capable de sagesse pour embrasser toutes
les dimensions du cosmos. » (Pour
la révolution intérieure)
Ransford
se présente comme un précurseur de « l’intrication
quantique » et de la loi de conservation collective. Selon lui,
la
synthèse entre la physique quantique et la relativité générale
est impossible. C’est l’état endocausal de la matière qui n’est
pas relativiste qui nous empêche de faire cette synthèse. La
transcendance est appelée « urcausalité » ou
« endocausalité totale » par Ransford. Il a découpé le
concept quantique en douze lois applicables dans la vie quotidienne.
J’abrège… en vous renvoyant aux conférences et ateliers de Ransford.
Il
faut rappeler que les lois de la physique ont été achevées en
Europe au début du XIXe siècle dans un paradigme de
concurrence entre physiciens en quête d’une reconnaissance
académique et du Prix Nobel, dans un contexte où très peu de
personnes pouvaient comprendre et évaluer les fameuses équations et
que l’épistémologie nous apprend que la connaissance humaine et
notamment les lois de la physique ont été constamment remises en
question au cours de l’histoire, comme je l’explique dans
Astronomie et Civilisation. Ces chercheurs œuvraient pour
leur promotion personnelle en collaborant avec de riches industriels
et investisseurs qui les encourageaient. Dès qu’une théorie
nouvelle surgissait, elle était appliquée à de nouveaux produits
commerciaux qui ont envahi le marché avec la propagande ou publicité
et plus récemment l’obsolescence programmée. Cette stratégie
commerciale cherche encore de nos jours à duper les consommateurs à
des fins d’enrichissement personnel.
L’inondation
du marché de produits le plus souvent nuisibles ou inutiles a
augmenté la pollution et les déchets et asphyxie continuellement
les écosystèmes naturels indispensables au maintien de l’humanité.
Une véritable menace pèse sur l’humanité qui risque de
disparaître très bientôt comme je l’explique dans Solutions
pour le climat ! La solution à tous ces problèmes repose
essentiellement sur une renaissance de la spiritualité comme je
l’avance dans Pour la révolution intérieure et un nouveau
projet politique comme je l’explique dans Traité de politique
pour la démocratie et l’écologie (2020). Cet essai s’inscrit
dans la proposition d’une révolution non-violente planétaire
avancée dans le Guide de la révolution non-violente (2008),
améliorée en 2020 sur ma page Facebook où j’ai développé des
éléments constitutionnels pour la présidentielle de 2022. Cette
constitution volontairement inachevée peut servir de tronc commun
constitutionnel aux peuples en quête d’un équilibre politique
global. Depuis, je me consacre à un essai sur l’alimentation.
Je
suis pourtant de plus en plus convaincu que la révolution planétaire
que je propose, la seule selon moi capable de sauver l’humanité,
ne pourra se faire sans une renaissance spirituelle des peuples, qui
donnera naissance à un nouveau dogme ou une nouvelle religion. Ce
dogme n’est pas le scientisme actuel qui détourne les personnes de
la loi d’amour. J’ai donc revisité la naissance du christianisme
avant sa récupération par la politique et le césaropapisme en 312.
J’ai
fait un rapprochement entre l’histoire qui se déroule devant nos
yeux et la Bible qui prédit une fin des temps, l’apocalypse. Je
considère aujourd’hui que la loi d’amour du Christ est la seule
capable de sauver l’humanité, loi qui n’apparaît pas dans les
propos des physiciens et de leurs adeptes. J’entends des personnes
mordues de conférences sur la conscience quantique me dire que la
pensée est créatrice. Mais quand je leur démontre que l’humanité
doit changer de cap pour ne pas disparaître, elles me répliquent
très paradoxalement, que ce serait bien comme ça ou ce ne serait
pas grave. La loi d’amour semble avoir complètement disparu avec
le scientisme qui ressemble à une religion de l’absurde et de la
mort. Je réponds à ces personnes en contradiction avec leur propre
conviction que si la pensée est créatrice il faut penser que
l’humanité va se sauver et non le contraire. Je leur dis que
l’humanité encore dans son enfance évolue vers son achèvement…
et que si l’on n’est pas capable de conserver notre présence sur
Terre, on ne sera pas plus capable de se maintenir ailleurs… Je
leur dis encore qu’on ne peut pas s’autocondamner en balayant les
merveilles créées par les différentes civilisations : arts,
lettres et sciences qui nous émerveillent, que les peuples eux-mêmes
ne méritent pas une telle fin. L’autre grand paradoxe est
qu’aujourd’hui la résurrection du Christ et les miracles
pourraient s’expliquer par l'état de transcendance que l'on ne
peut pas expliquer par la nouvelle physique dont parle les
q-physiciens.
Le
Christ avait douze apôtres, l’un d’eux l’a trahi et les autres
l’ont quasiment renié. Il a fallu qu’il réapparaisse le
troisième jour après sa crucifixion pour que les apôtres soient
rappelés à lui et que débute l’évangélisation qui est à
l’origine du christianisme. Les autres phénomènes surnaturels
peuvent s’expliquer avec la transcendance ou supraconscience.
L’humanité, qui est en train de prendre conscience de ses limites,
saura-t-elle reconnaître à temps qu’il existe une autre dimension
qui pourrait la sauver ? Les différentes disciplines
académiques se mettront-elles d’accord pour reconnaître que
l’humanité doit impérativement et rapidement changer de cap pour
se sauver ? Sans me prendre pour un prophète, j’ai consacré
mes derniers écrits à ce projet. Le pape François s’est fait
l’écho de l’écologie dans son encyclique Laudato si,
dans laquelle il parle d’écologie intégrale (langage étonnant
pour un pape). C’est un très beau texte dont je recommande la
lecture.
Dans
un autre domaine qui me tient à cœur, je suis étonné d’entendre
des scientifiques s’acharner à vouloir expliquer la conscience,
alors que se déroule sous nos yeux, selon des scénarios prédits
par d’autres scientifiques, l’effondrement des écosystèmes
(voir Solutions
pour le climat !) qui
supportent l’existence de l’humanité. Les multiples disciplines
scientifiques ont plongé les savants dans la cécité comme le
montre l’anecdote suivante :
Pendant que l’asphyxie
des écosystèmes terrestres (climats, biodiversité, biocapacité…)
avec la pollution humaine menace à court terme l’humanité, qu’une
grande partie de l’humanité se meurt, que l’Europe s’enferme
dans un enclos de barbelés avec des gardiens armés pour refouler
les migrants, nos plus grands savants sillonnent la planète en avion
pour donner des conférences. Je citerai un seul exemple, celui
d’Étienne Klein, directeur de recherche au CEA (Saclay),
professeur à l’École Centrale de Paris, qui a pris l’avion de
Paris pour Toulouse pour donner une conférence
de 47 mn le 8 juin 2015, qui aurait pu être faite en
visioconférence ou par un professeur local. Pour éviter
l’« humanicide »,
il faudrait que nos élites s'informent dans les autres disciplines
que la leur et montre l’exemple à celles et ceux qui les admirent.
Épilogue :
« C’est précisément contre ces civilisations
esclavagistes et policées qui ont épuisé les peuples au point de
les rendre aveugles, que nous devons lutter pour libérer l’humanité
de ses fardeaux accumulés pour construire la civilisation des hommes
transcendants et omniscients, qui réalisera le paradis terrestre.
[…] J’affirme, avec Srî Aurobindo, que l’homme est voué à
devenir la finalité la plus parfaite et accomplie de l’évolution,
capable de sagesse pour embrasser toutes les dimensions du cosmos. »
(Pour la révolution intérieure)
Jean-Paul
Alonso
FIN