FEUILLE du PIC (Programme International du Coeur ou du Citoyen)

TRAITE de POLIQUE ALONSO - Coronavirus COVID-19, Drawdown, Démocratie, Écologie, Environnement et Climat, Crise financière, Décroissance, Inégalités Nord-Sud, Consumérisme, Productivisme, Pacifisme, Djihad, Spiritualité, Non-violence, Charte du consommateur responsable, Végétarisme, Commerce équitable, Ville en transition, Gandhi, Non-violence, Résistance civile.

08 mars 2013

Informer pour changer vraiment

Introduction : Les promesses sont oubliées. La violence structurelle institutionnalisée continue de faire des dégâts incalculables sur nos vies et notre environnement. Les bombes françaises n’épargnent pas les enfants soldats. La régulation des marchés financiers ne se fera pas. Les seigneurs de la finance continuent d’étendre leur main noire sur un monde nécrosé de toute part. Les États et les entrepreneurs aux abois cherchent à contourner les règles de l’OMC et les travailleurs sont la cible du patronat. La faim tue toujours. Les dictateurs chinois préparent la relève de l’empire américain. Seule la société civile sauve l'honneur, les AMAPs et le SCOPs résistent à la récession.
 
Des centaines d'enfants soldats, filles et garçons, sont présents dans les groupes islamistes combattants du Nord malien. La représentante de l'Unicef F. Ackermans l’a confirmé en février à l'AFP, ainsi qu’Anne Lamotte de France Info. Les bombes françaises ne sélectionnent pas les ennemis et le silence des médias demeure sur les éventuelles victimes enfantines. Ainsi, la France défie les Conventions de Genève (1949) et la Convention des droits des enfants (1989). Les États continuent à ne jurer que par la défense armée, alors que des stratégies non militaires sont réalisables à moindre coût, avec une formation adéquate de la société civile à la résistance non armée (voir Le guide de la révolution non-violente). En un mois, la France (nous les contribuables) a dépensé plus de 70 millions d’euros au Mali et chaque jour supplémentaire lui coûte 2,7 millions. Que font l’Organisation des Nations unies (ONU) et les autres États européens depuis deux mois ? L’ONU attend un feu vert de son Conseil de sécurité et la sécurisation du territoire malien pour déployer des casques bleus. Nos partenaires européens se font très discrets. Le futur Conseil européen consacré au renforcement de la défense européenne ne se tiendra qu’en décembre 2013. En 2011 l'Europe a consacré à la défense environ 180 milliards d'euros, soit 1,6% de son Produit intérieur brut (PIB).
 
La théorie de l'autorégulation des marchés financiers empruntée à l'économiste libéral Adam Smith (1723-1790) par les économistes monétaristes de l'école de Chicago comme Milton Friedman (1912-2006), est à peine écornée en 2013, après cinq ans de récession économique déclenchée par le casse financier des « subprimes ». Il semble cependant que la « main invisible » providentielle de Smith soit toujours en congé maladie, et pour longtemps encore. Nos représentants politiques n'ont pas pour autant régulé la finance internationale, bien au contraire, et 2013 ne sera pas plus l'année du « changement » que 2012. Depuis la « crise », les marchés financiers ont même renforcé leur autorité sur les États, les entreprises et les banques. La spéculation financière à grande vitesse continue de fausser les prix du marché et d’exposer les économies réelles à la récession. Le capitalisme ultralibéral reste roi, et la spéculation financière demeure le principal outil de rentabilité. Les traders œuvraient même pour la désintégration de l'Union européenne et la fin de l'euro, afin de faire de juteuses plus-values, d'où l'engagement de la Banque centrale européenne (BCE) de racheter de la dette des États les plus en difficulté pour éviter l'implosion de la « zone euro ».
 
Les promesses de régulation des marchés financiers faites par les politiques ont accouché d'une souris. La réglementation bancaire mondiale, dite Bâle III, consiste à vouloir recapitaliser les banques pour 2019, afin de leurs permettre de mieux résister aux futures secousses financières. Non, on n'en a pas fini avec les crises... Les États-Unis et le Royaume-Uni ont séparé les activités des banques de dépôt et des banques d'affaires, la France suit le même chemin. La BCE se propose de surveiller les 200 plus grandes banques de la « zone euro ». Toutes ses mesurettes ne portent pas atteinte à la « finance de l'ombre » estimée à 67000 milliards de dollars, le système responsable des fameuses « subprimes », créées par la banque d'affaires Goldman Sachs. L'Organisation internationale des commissions de valeurs demande la création d'une base de données pour mieux comprendre les agissements de la « finance de l'ombre ». Il était temps, nous voilà sauvés ! Mais ce n'est pas tout, nouvelle entorse aux sacro-saintes règles libérales et cerise sur le gâteau des banques, en cas de difficultés, ces dernières pourront être recapitalisées par le Fonds de secours européen prévu par le Mécanisme de stabilité. Rappelons que certains économistes et hommes politiques libéraux n'ont pas froid aux yeux pour qualifier le secours social d'« assistanat ». En parallèle, la pauvreté augmente et des associations caritatives comme les « Restos du cœur » (32,1% ou 46 millions d’euros de ses ressources proviennent de subventions publiques), risquent de perdre leurs aides européennes, suite à l’arrêt du Programme européen aux plus démunis, prévu après 2014.
 
La récession se poursuit, et la BCE a baissé ses prévisions de croissance dans la « zone euro » pour 2013. L'Union Européenne est responsable de la politique économique d'austérité (hausses d'impôts, réduction des dépenses des États), qui a pénalisé les entreprises et qui a ralenti la consommation des ménages. De ce fait, le PIB a diminué, et les recettes fiscales attendues n'ont pas été au rendez-vous. Face à la récession, Monsieur Hollande a demandé plus de croissance et de compétitivité et moins d'austérité. Mais il n'a pas pu renégocier le traité budgétaire européen mis en place par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Encore une promesse de campagne envolée. La France s'est contentée d'un plan de soutien à la croissance européenne (Pacte européen pour la croissance et pour l’emploi), qui consiste à recapitaliser - avec l’argent des contribuables -, la Banque européenne d’investissement (BEI) à hauteur de 60 milliards d’euros (+10 milliards) afin que la France reçoive 5 à 6 milliards de prêt en 2013-2014 pour financer ses projets d’investissement. Mais que font les patrons et les entreprises de leurs bénéfices ? Ils paient leurs actionnaires et jouent en bourse. Le refus de l'Union européenne, Allemagne en tête, de dévaluer l'euro continue de pénaliser les produits de la « zone euro » à l'international. Les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contraignent les 157 États-membres à ne pas prendre de mesures protectionnistes tarifaires, comme par exemple augmenter leurs droits de douane à l'importation ou subventionner leurs exportations. Mais le sauve-qui-peut a contraint les États européens à pratiquer un protectionnisme non tarifaire, qui consiste à baisser le coût du travail pour rendre nos produits plus attractifs à l'exportation. Ce sont encore les travailleurs qui sont victimes des baisses de salaires et de la précarité imposées par le patronat. 
 
L'Accord national interprofessionnel (ANI) proposé par le Medef (Mouvement des entreprises de France), a été signé en janvier 2013 par le patronat et les syndicats CFDT, CFTC et CGC. Ce projet sera soumis au Conseil des ministres du 6 mars prochain. Selon la CGT, FO et FSU, l’ANI « sécurise les employeurs dans la pratique des licenciements automatiques, ouvre la porte d’une véritable délinquance patronale et institutionnalise la flexibilité à tout va ». De son côté l'Argentine a contourné les règles de l'OMC en imposant aux importateurs de produits étrangers, d'exporter la même valeur de produits argentins. Un système d'échange qui s'apparente plus au troc qu'au « laissez-passer » libéral. L'Inde et la Chine contournent aussi les règles avec des règlements draconiens sur la sécurité alimentaire, qui limitent leurs importations. La France a lancé le « made in France » et le gouvernement ne cesse plus de vanter les initiatives de la société civile, qui, avec de multiples associations, comme par exemple les AMAPs (association pour le maintien de l'agriculture paysanne), œuvrent depuis longtemps pour les circuits courts et la relocalisation de l'économie, en s'opposant aux abus du libéralisme soutenu par tous nos gouvernements. Merci à vous que nous traitions d'utopistes hier !

Sous les coups de la spéculation, la flambée des prix des céréales s'est poursuivie en 2012, alors que la production mondiale a augmenté de 2259 à 2282 millions de tonnes, de quoi toujours nourrir 13 milliards de personnes, alors que la faim dans le monde continue. Mais les affamés peuvent se tranquilliser, le G20 (groupe des 20 pays les plus riches) a trouvé un accord pour se doter d'un système d'informations sur les marchés financiers des denrées agricoles afin de lutter contre « la volatilité des prix agricoles ». Mieux, il a mis en place un Forum de réaction rapide, mais en raison d'une petite baisse des cours à l'automne 2012, les risques d'une nouvelle crise alimentaire se seraient éloignés, merci le G20 ! L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a demandé aux États-Unis de réduire leur production d'éthanol, qui absorbe 40% de leur production nationale de maïs. On peut toujours rêver !

La faim dans le monde. Selon la FAO, en octobre 2012 le monde comptait toujours 870 millions d’affamés, soit un habitant de la planète sur huit, dont 16 millions dans les pays développés (les nôtres). Le nombre d'affamés a progressé de 75 millions en 2007 et de 40 millions en 2008, essentiellement à cause de la flambée des prix alimentaires. Sept pays : Bangladesh, Chine, République démocratique du Congo, Éthiopie, Inde, Indonésie et Pakistan regroupent les deux tiers de cette honte. Et 40% d’entre eux vivent en Chine et en Inde. Selon le Rapport de l'UNICEF de 2011, la dénutrition provoque la mort de 2,6 millions d’enfants de moins de cinq ans chaque année dans les pays en développement, soit un tiers des décès. Les millions de Chinois qui souffrent de la faim n'empêchent pas la Chine de progresser sur l'échiquier international.
 
La Chine prépare la relève des États-Unis avec le yuan, qui est appelé à prendre la relève du dollar, principale devise de réserve internationale. La Chine va rompre avec son contrôle administratif des taux de change et l'absence d'indépendance de la Banque centrale chinoise, qui jusqu'alors était protégée contre les risques de la spéculation. En mars 2012 la marge de fluctuation du yuan autour de sa valeur pivot a doublé, en passant de 0,5 à 1%. L'empire du Milieu, grand sous-traitant de la planète, avec sa main-d'œuvre de semi-esclaves se met à la page. L'unique parti communiste chinois dirige toujours la Chine selon la méthode de Deng Xiaoping datant des années 1970. L'État contrôle les idées, l'espace public, les personnes et les groupes. Il use de propagande et de censure et règne sur l'information, la communication et la politique sociale (antisociale). Le régime au pouvoir reste totalitaire, il interdit les formations autonomes comme les associations, les syndicats, les partis rivaux, etc. A tout moment l'État-Parti peut frapper qui bon lui semble. Communiste dans la gestion de sa production et capitaliste dans la gestion des profits, la classe dirigeante a amassé d'immenses fortunes et elle investit à l'étranger. La « crise » économique mondiale leur profite. Par exemple, la China Ocean Shipping Compagny (COSCO) a obtenu le contrôle pour 35 ans de deux des trois embarcadères du port du Pirée d'Athènes, l'un des ports les plus importants du commerce international. Les patrons chinois ont imposé leur modèle social aux travailleurs grecs. Les accords collectifs sont passés au pilon, les dockers syndiqués ont été licenciés et remplacés par un personnel sans statut, et les salaires et les effectifs du personnel ont été réduits.
 
La société civile sauve l’honneur : L’ONU avait proclamé 2012 « année internationale des coopératives », lesquelles incarnent un modèle économique opposé à l’ultralibéralisme qui détruit les valeurs humanistes. De plus, il s’avère que les SCOPs, qui privilégient les circuits courts et l’emploi local, résistent mieux à la « crise » que les entreprises traditionnelles. La résistance de la société civile porte ses fruits et doit se poursuivre. Cessons d’acheter des produits asiatiques, généralisons les SCOPs, étendons le principe des AMAPs à d'autres secteurs d'activité que l'agriculture. Dans le Guide de la révolution non-violente, je propose une « charte du consommateur responsable ». Tous les citoyens du monde doivent réagir pour sauver leur peau et la planète. Organisons-nous, résistons, les travailleurs sont les seuls producteurs des vraies richesses !

Autres sources : Le Bilan du monde, éd. Le Monde, 2013 ; Le Monde diplomatique de février 2013 ; gouvernement.fr ; fao.org ; Afp.com ; franceinfo.fr ; lepoint.fr ; fr.reuters.com ; rfi.fr ; unicef.org ; observatoiredessubventions.com ; combattrelafaimetlamalnutrition.org.