FEUILLE du PIC (Programme International du Coeur ou du Citoyen)

TRAITE de POLIQUE ALONSO - Coronavirus COVID-19, Drawdown, Démocratie, Écologie, Environnement et Climat, Crise financière, Décroissance, Inégalités Nord-Sud, Consumérisme, Productivisme, Pacifisme, Djihad, Spiritualité, Non-violence, Charte du consommateur responsable, Végétarisme, Commerce équitable, Ville en transition, Gandhi, Non-violence, Résistance civile.

21 novembre 2019

SOLUTIONS CONTRE LE RECHAUFFEMENT CILMATIQUE - DRAWDOWN

L'Humanité est montée à bord d'un Titanic qui avance droit sur un iceberg qui s'appelle le réchauffement climatique. Cet obstacle est identifié comme aucun objet n'a encore été mesuré. On connaît sa progression en ppm (partie par million) de CO2 et autres gaz, son coût en dollars, sa capacité de destruction en milliards de vies humaines et milliers d'espèces animales et végétales, sa masse en Gigatonnes de CO2, la montée annuelle des océans en millimètre, et les surfaces terrestres englouties en kilomètre carré. Mieux, on sait tout ce qu'il faut mettre en œuvre pour que le capitaine redresse la barre comme nous allons le voir. Ce papier complète les informations de La fin de l'Humanité commence en 2030 !
Le Suédois Vante August Arrhenius (1859-1927), prix Nobel de chimie en 1903, avait prévu en 1896 (!) que l'augmentation du dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère pouvait accroître l'effet de serre. Si le réchauffement climatique observé entre 1910 et 1945 pouvait s'expliquer par les seules variations du rayonnement solaire, il n'expliquait pas la surchauffe observée entre 1976 et 2006. En 2001, les scientifiques estimaient que l'énergie solaire conservée sur Terre à cause des émissions de gaz à effet de serre (GES) était dix fois supérieure à celle d'un effet de serre naturel, dit encore forçage radiatif naturel. Le responsable du surcroît d'effet de serre ou forçage radiatif entropique est les activités humaines des pays industrialisés.

De plus, l’augmentation de la température moyenne terrestre mesurée depuis 2001 est en accord avec les prévisions du GIEC de 1990. Enfin, un réchauffement dû à la seule activité solaire n’expliquerait pas pourquoi la troposphère, qui est la partie de l'atmosphère située entre le sol et la stratosphère, voit sa température augmenter et pas celle de la stratosphère. Depuis la Révolution industrielle, on constate une augmentation de la consommation des énergies fossiles qui rejettent des GES. Nos émissions de GES débordent la capacité d’absorption des puits de carbone que sont les prairies, les cultures biologiques, les arbres et les océans qui séquestrent le gaz carbonique.
Les GES peuvent provenir d'activités naturelles, comme celles des volcans, la décomposition des déchets organiques, la respiration des êtres vivants ... Et d'autres phénomènes qui pourraient être réduits ou évités, comme le chauffage des maisons, les activités agricoles et industrielles chimiques, les transports et autres activités qui brûlent des énergies fossiles. Pour illustrer notre responsabilité, je vais prendre un cas-école pour calculer le CO2 émis en moyenne par un Français. Le carburant de la vie d'un être humain est fourni par l'oxygène et l'alimentation. Une personne active sans usage de machine consomme en 24 heures environ 2400 kilocalories, soit la puissance d'une ampoule électrique de 100 watts. Mais la consommation énergétique qui soutient le niveau de vie moyen d'un Français est de 200 fois à 500 fois ! supérieure au précédent, appelé encore « esclave énergétique ». Ce qui signifie qu'il consomme 200x2,4=480 kWh par jour. Comme un litre de carburant fossile contient une puissance d'environ 10 kWh, chaque Français brûle en moyenne chaque jour l'équivalent d'environ 48 litres de carburant. Considérant que la masse volumique d'un litre d'essence est de 0,78 kg et qu'un kilogramme de carburant brûlé rejette environ 2,5 kg de CO2 dans l'atmosphère, chaque Français émet environ 48x0,78x2,5= 90kg de CO2 par jour à plus de 200kg. L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) l'évalue à 32,6 kg en 2015, ce qui semble sous-évalué.
Environ 20% des 7,7 milliards d'individus sur Terre, soit 1,5 milliard, ont un niveau de vie équivalent ou supérieur au nôtre. On comprend pourquoi les pays industrialisés augmentent l'effet de serre. L'énergéticien Jancovici qui parle de 200 « esclaves énergétiques » en moyenne par Français en conférence (prudence !) en annonce 500 sur Jancovici.com, dont 100 pour les biens importés. Son estimation est réalisée sur la base des consommations nationales réelles d'énergie, qui sont présentées par secteur avec l'histogramme ci-dessous. Il faut, par exemple en moyenne, 23 esclaves énergétiques par français dans le secteur de l'agriculture.



Les atmosphères de Vénus et de Mars sont très riches en CO2, avec une teneur respective de 97% et 95%. Leur effet de serre provoque des températures atmosphériques de plusieurs centaines de degrés qui n'ont pas permis le développement de la vie, contrairement à l'atmosphère terrestre qui contient très peu de CO2, comme le montre le tableau suivant.
Le tableau et les courbes ci-joints, illustrent l'activité des principaux GES qui retiennent le rayonnement solaire (Forçage radiatif résiduel) et leur durée de vie. Le difluoroéthane (HFC-152a) diminue après un an et disparaît après 10 ans. Le méthane (CH4) diminue après 10 ans et disparaît après un siècle. Le dioxyde de carbone (CO2) baisse après un siècle et disparaît après 1000 ans. Certains halocarbures (CF4 en haut du diagramme), qui détruisent la couche d’ozone, restent stables au-delà de 1000 ans et disparaissent après 50.000 ans. Le réchauffement en cours est donc irréversible à court terme.

On constate que les activités humaines ont une action négative locale sur le cycle de l'eau, comme on le voit avec la mer d’Aral et les barrages sur les fleuves. Mais dire que la vapeur d'eau n'entre pas dans les études sur le réchauffement climatique, selon un avis général, semble une erreur. Pourquoi ? La quantité d'eau est constante depuis l'apparition des océans, et la Terre est recouverte au 2/3 d'eau (H2O) présente sous les formes solide, liquide et gazeuse. La vapeur d'eau, bien qu'en très faible quantité dans l'atmosphère (voir le premier tableau) participe pour 72% à l'effet de serre (dont 1% pour les activités humaines). On sait que le cycle de l'eau, avec les précipitations, régule naturellement la répartition de l'eau entre l'atmosphère et les océans. Mais une température plus élevée provoque plus d'évaporation et de précipitations. La fonte des glaces augmente l'état liquide et donc la quantité d'eau dans les océans et la vapeur d'eau dans l'atmosphère, d'autant plus que la température a augmenté en moyenne de 1 à 1,5°C depuis la Révolution industrielle (avec des variations locales négatives ou positives de plusieurs degrés) et pourrait s'élever de 3 à 5°C si l'on reste optimiste.
Le volume total des glaces continentales était estimé en 2001 à un peu plus de 30 millions de kilomètres-cubes (planet-terre.ens-lyon.fr). La fonte globale et l'augmentation de la température terrestre entre 1991 et 2016 a élevé le niveau des océans de 2,7cm, soit environ 1 mm par an. Cette fonte s'élevait en moyenne 335 milliards de tonnes par an entre 2012 et 2018 (futura-sciences.com, 13/04/2019). En convertissant les quantités en tonnes et en les divisant entre elles, on obtient : 30 millions de km3 = 30x1018 dm3 ou litres = 30x106 milliards de tonnes d’eau, et 30x106/335= 89.552 années pour la fonte totale théorique au rythme actuel du réchauffement.
Si l'on considère que la montée des océans sous l'action de la fonte des glaces et de la dilatation des océans est d'environ 1mm (ci-dessus) à 3mm par an selon les auteurs, on peut dire que la montée des océans à l'horizon 2100 est surévaluée par le GIEC et les autres auteurs. Le recul des côtes est plus dû à l'érosion, qui est amplifiée par les phénomènes météorologiques (tempêtes...), qu'à la montée des eaux. Seules les îles et les zones côtières basses présentent un risque de submersion avec la montée des eaux.
Selon l'étude de Jack Williams, professeur à l'université du Wisconsin à Madison, en 2030 la Terre pourrait revenir à trois millions d'années en arrière (milieu du Pliocène). Le niveau des océans était alors 18 mètres plus haut. Les températures étaient seulement de 1,8 à 3,6°C plus élevées qu'aujourd'hui. Et en 2150, la Terre pourrait revenir 50 millions d'années en arrière à l'aube de l'évolution des premiers mammifères ! (AFP, 11/12/2018). Un autre article du glaciologue Richard Alley, paru dans nationalgeographic.com, avance que si nous ne réduisons pas rapidement nos émissions de GES, la totalité de la glace du Groenland pourrait fondre en élevant le niveau de la mer de 7 mètres.
 
J'ai réalisé une simulation de la montée des eaux pour la Charente-Maritime pour cette élévation avec la carte interactive du site flood.firetree.net. Si toutes les glaces du globe venaient à fondre, selon une autre source, le niveau marin pourrait s'élever d'environ 80 à 90 mètres (syl.g.pagesperso-orange.fr/page4.htm) et la moitié de la France serait sous les eaux. Seul un emballement climatique pourrait provoquer une telle submersion, et l'Humanité serait rayée de la carte (voir La fin de l'Humanité commence en 2030 !).
Il existe une autre préoccupation, toute cette eau de fonte ralentit le Gulf Stream, qui apporte de l’eau chaude provenant de l’équateur vers l’Atlantique nord en maintenant le climat tempéré en Europe de l’Ouest. Mais depuis le milieu du XXe siècle, ce dernier s’est affaibli de 15 %. Dans un article du Washington Post, Stephan Rahmstorf attribue l’affaiblissement du Gulf Stream aux énormes volumes d’eau de fonte provenant du Groenland. Effectivement, la circulation méridienne de retournement distribue vers le nord l'air chaud et les eaux chaudes tropicales. Ces dernières sont à l'origine du Gulf Stream. Or, si cette circulation continue à ralentir, elle pourrait engendrer un climat glacial sur l'Europe. (notre-planete.info) Mais je précise, sur une courte période, car il n'empêchera pas la poursuite globale du réchauffement des climats en cours, toutes choses restant égales par ailleurs.

Venons-en aux solutions qui sont rarement abordées par les médias, qui font plus d'audience avec le catastrophisme. Je rappelle que le Guide de la révolution non-violente à la mémoire de Gandhi, de Jean-Paul Alonso (2008), propose une charte du consommateur responsable (Charte PIC, 2006) qui est plus que jamais d'actualité. Cette charte présente des solutions individuelles qui doivent s'accompagner de mesures politiques fortes, lesquelles ont été étudiées et chiffrées économiquement par Paul Hawken et une équipe de 70 personnes venant de tous les horizons. L'objectif étant de savoir comment on peut stopper et inverser le réchauffement climatique en cours. Cette étude démontre clairement qu'on peut le faire avec les 80 solutions proposées sur une période de 30 ans, entre 2020 et 2050. Elle présente trois scénarios : Optimal, Drawdown et Plausible, qui correspondent à des degrés de réussite différents. Si tous les pays appliquaient le Drawdown, qui est une estimation prudente, les émissions de GES baisseraient à un niveau supportable par les écosystèmes naturels.
J'ai réalisé une synthèse des solutions avec un schéma et deux histogrammes en exploitant les données du livre Drawdown (Actes Sud, 2018). Les valeurs sont en gigatonnes de CO2 et équivalent de CO2 pour les autres GES. Les économies réalisées sont supérieures aux sommes investies pour la mise en œuvre des solutions. Plusieurs mesures défendues par les écologistes depuis 50 ans au moins, comme l'agriculture biologique, le végétarisme, les énergies renouvelables, la maîtrise de la démographie..., s'additionnent avec des solutions innovantes et d'autres, présentées parfois comme étant transitoires, exemple : l'énergie nucléaire. J'ai schématisé le Drawdown avec un graphique, en supposant que les économies de GES réalisées en 30 ans, ramèneront les émissions de GES à leur niveau préindustriel, voire plus bas avec le scénario optimal. J'ai imaginé par prudence une stabilisation des GES entre 2020 et 2030 avant leur diminution.

Les 10 premières solutions sur les 80 proposées, représentent plus de la moitié des économies de CO2 réalisées sur 30 ans, et les 5 premières (Fluides frigorigènes, Éoliennes terrestres, Réduction gaspillage alimentaire, Alimentation riche en végétaux, Forêts tropicales) plus du tiers. Si on découpe les 80 solutions en 7 secteurs, l'Alimentation, l'Énergie et l'Affectation des terres montrent que le végétarisme, l'agrobiologie et les énergies renouvelables totalisent 69% de la réduction des GES.
Conclusion : L'Humanité et plus particulièrement les gens qui vivent dans les métropoles des pays développés doivent prendre conscience que leur niveau excessif de consommation générale, responsable du réchauffement climatique, détruit la Nature et dérègle dangereusement les Climats. Les pays responsables doivent planifier avec l'ONU un plan de sauvetage pour éviter le pire. La période préélectorale des municipales doit ouvrir un débat pour remédier aux dangers qui menacent l'Humanité. Les communes doivent devenir des villes en transition, qui œuvrent pour leur autosuffisance alimentaire et énergétique, en relocalisant leur économie et en prenant en compte l'évolution des écosystèmes et des Climats. Le Drawdown devrait inspirer nos élus, car les solutions qu'il propose sont capables de baisser les émissions de CO2 à un niveau raisonnable, tout en offrant plus de sécurité, d'emploi, de santé et de bonheur à l'Humanité.

QUE POUVONS-NOUS FAIRE POUR LE CLIMAT !

Conférence donnée à Saintes en 2019.

  Pourquoi suis-je venu vous parler du climat aujourd'hui ? Parce que j'aime notre belle planète, la nature et l'humanité, et je voudrais que mes enfants, mes petits enfants et toutes les générations futures aient un avenir heureux, bien différent de celui qu'on lui prépare. Dans cette première conférence sur le climat, je vous propose de commencer par faire un constat sur la base des travaux des meilleurs scientifiques, avant d'aborder les solutions dans la seconde conférence du mois de mars (reportée en 2020).
 Tous les scientifiques reconnaissent aujourd'hui l'urgente nécessité à modifier notre modèle économique pour ralentir le réchauffement climatique en cours. Mais en restant sourds à leurs alertes, les grands médias et les États mettent l'humanité en danger. Historiquement, c'est en 1962, que la biologiste américaine Rachel Carson (1907-1964), lance la première alerte sur la dangerosité des pesticides pour les oiseaux et l'homme dans son livre Printemps silencieux, qui participe au lancement de l'écologie dans le Monde.
  Dès 1970, des sommités internationales forment le Club de Rome qui charge l'Institut de technologie du Massachusetts aux États-Unis (Massachussetts Institute of Technology ou MIT), d'une étude concernant les incidences que pourrait avoir une croissance économique et démographique non maîtrisée, sur une planète aux ressources limitées. Le Rapport publié par cet institut, appelé Les limites de la croissance (The Limits to Growth), ou rapport Meadows1 sort en 1972 aux États-Unis, et paraît en France chez Fayard sous le titre de Halte à la croissance ! Ce rapport est la première étude savante sérieuse qui ne sera pas démentie jusqu'à nos jours. Mise à part les écologistes, la population est peu informée de cette première alerte et de celles qui vont suivre. Les politiciens accrochés à leur mandat restent sourds à cette alerte et la croissance économique mondiale s'accélère après la fin de la Guerre froide. En 1992, la réactualisation du même rapport demande « une politique internationale judicieuse » pour ramener « le Monde en territoire soutenable ». La croissance mondiale se poursuit.
  En 2012, pour le quarantième anniversaire du premier rapport paru en 1972, les auteurs ont confirmé que leurs prévisions s'étaient réalisées, pour la période allant de 1970 à l'an 2000, qui est représentée en gris sur le graphique suivant. Au rythme actuel, en 2100, les ressources non-renouvelables seront quasiment toutes consommées. Les ressources alimentaires et les services commencent à diminuer dès à présent. Ces pénuries seront responsables d'une baisse continue de la population mondiale à partir de 2030, et d'une baisse continue de la production industrielle jusqu'en 2100.2 La chute de l'activité diminuera la pollution, mais les problèmes sanitaires et les ressources manquantes ne réapparaîtront pas. Si les personnes vivant dans les pays développés laissent faire le réchauffement et l'épuisement des ressources, la population descendra de 9 milliards en 2030 à 6 milliards en 2100, et nos moyens de production reviendront aux moulins à vent et à la charrue à bœuf, si l'humanité n'a pas disparu avant.

  L'ONU, qui est majoritairement financée par les États-Unis, commence à se préoccuper du climat en mars 1995, avec la première Conférence sur le Climat (COP01), qui a lieu à Berlin. En 2015, la COP21 aboutit à l'Accord de Paris, qui prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GAZ), avec pour objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d'ici 2100. La température moyenne de la Terre durant la dernière glaciation était de 5°C inférieure à celle d'aujourd'hui, le niveau des océans était alors de 120m plus bas. C'est dire les transformations occasionnées par quelques degrés. Mais en octobre 2018, la COP24 n'a toujours pas réussi à mettre en place un instrument juridique pour contraindre les 193 États membres de l'ONU à respecter cet accord (196 annoncés par certains médias ?). 


  De plus, les États-Unis avec Trump sont sortis de l'accord de Paris en donnant un très mauvais signal au monde. Le rapport du GIEC, qui est le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du Climat mandaté par l'ONU, confirme pour la énième fois que la forte émission de gaz à effet de serre (GES) est due à la pollution générée par notre modèle économique : industrie, agronomie non-biologique, transports, surconsommation, etc. Selon le GIEC, l'atmosphère se réchauffe à une vitesse de +0,2°C par décennie, qui s'ajoute à la surchauffe de +1°C déjà produite entre 1900 et 2000.

Le second graphique que l'on doit à l'énergéticien Jean-Marc Jancovici, dans l'une de ses conférences (Youtube.com), montre l'augmentation des différentes énergies utilisées par l'homme depuis 1860 : d'abord le bois, qui est remplacé par le charbon, puis le pétrole et le gaz. Les trois dernières énergies, que sont l'hydroélectrique, le nucléaire et les énergies renouvelables (l'éolien, le photovoltaïque, la géothermie, etc.) représentent une faible part de la production énergétique. Jancovici explique que la consommation énergétique annuelle moyenne par personne correspond, aujourd'hui, au travail physique de 200 travailleurs de force. Il met en exergue les énergies carbonées, sans lesquelles nous retournerions à l'économie du Moyen Âge. Il faut rappeler qu'environ 1,3 milliard de personnes consomment autant sinon plus que nous, et que les 6 milliards restants sont actuellement dans le sous-développement et aspirent à consommer autant que nous. Chose impossible puisque l'humanité consomme en 7 mois les ressources naturelles que la planète produit en une seule année. D'où encore l'urgente nécessité à changer notre modèle économique.

 

  Le 3e graphique montre comme le précédent, que les émissions carbonées ont fortement augmenté depuis la révolution industrielle, qui a exploité en plus du bois, le charbon, le pétrole et le gaz. C'est la cause de l'augmentation des GES dans l'atmosphère terrestre. Les principaux GES qui provoquent le réchauffement climatique sont l'ozone (O3), le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). L'ozone est fourni en grande quantité par l'activité industrielle et les chlorofluorocarbures (CFC). La combustion du bois et des énergies fossiles, charbon, lignite, pétrole et du gaz naturel (méthane), augmente le CO2 dans l'atmosphère. L'élimination naturelle du CO2 par stockage dépend en partie de la capacité d’absorption de notre environnement et notamment des forêts et des océans. La déforestation tropicale est responsable de l'augmentation du CO2, puisque les arbres séquestrent le CO2. Idem pou les océans qui absorbent près de 30% des émissions de CO2. Mais on ne sait pas jusqu’à quand, car la pollution marine provoque une acidification de l’écosystème marin, qui détruit le plancton, principal incubateur du CO2. La disparition des glaces polaires accélère le réchauffement avec la réduction de l'albédo, qui est le renvoi des rayons solaires vers l'espace. De plus, cette fonte expose le pergélisol (permafrost en anglais), qui libère une grande quantité de méthane en fondant, un GES 28 fois plus puissant que le CO2.3. Le graphique suivant montre l'augmentation des émissions du CO2 dans l’atmosphère terrestre due à la production de ciment, la combustion de gaz, le charbon et le pétrole (giga=milliard).

 

  Avant de poursuivre, je vais vous expliquer comment la terre se réchauffe. Toutes nos activités humaines émettent des gaz à effet de serre (GES), qui s'accumulent dans l'atmosphère terrestre. Quand nous respirons, nous expirons du gaz carbonique. Les gaz rejetés par la combustion ont une durée de vie différente ; celle des particules fines est très courte, contrairement au CO2 qui dure environ 100 ans. Imaginez maintenant une serre en verre où l'on cultive des plantes. La lumière pénètre dans la serre et augmente naturellement la température avec les rayons infrarouges. Une ouverture sous forme de trappe, permet de réguler la température. Quand il fait trop chaud, le jardinier l'ouvre pour libérer la chaleur à l'extérieur de la serre. L'atmosphère terrestre ressemble à une serre qui retient la chaleur à cause des GES, mais il n'existe pas de trappe pour ouvrir l'atmosphère terrestre et libérer la chaleur dans l'espace, d'où l'augmentation de la température des climats. 

  Avant d'aborder les solutions d'avenir à la prochaine conférence, je vais vous présenter les scénarios prévus par deux autres scientifiques. Le but de mes interventions étant d'éviter ces scénarios catastrophiques. L’astrophysicien Hubert Reeves dans son livre Mal de terre (Seuil, 2003) avance trois scénarios4. Dans le premier la température augmente de 3°C à 5°C. Des îles et des villes basses disparaissent sous les océans, la faune et la flore migrent vers le Nord, mais la majeure partie d’entre elles est dans l’incapacité de s’adapter faute de temps et disparaît. La population humaine chute parce qu’elle a du mal à s’approvisionner en eau potable et en nourriture (cause de l'inversion de la courbe de la population vers 2030).

 Deuxième scénario, la température atteint 60 à 70°C et la vie recule d’un milliard d’années, seules certaines algues et bactéries survivent. Comme il restera cinq milliards d’années de vie au soleil, on peut envisager un retour de l’homme, mais rien n’est sûr. Troisièmement, la température s’élève de plusieurs centaines de degrés, et la vie recule de quatre milliards d’années et le temps astronomique laisse encore moins de chance à la réapparition de l’homme sur terre. Notons que le temps astronomique, qui provoque régulièrement les ères glacières5, selon des facteurs astronomiques mis en évidence par Milankovitch, ne contrebalancera pas le réchauffement climatique en cours. Un cycle qui sépare deux ères glaciaires dure environ 100 mille ans. La prochaine ère glaciaire arrivera dans environ 40 mille ans. Des scientifiques britanniques de la Royal Astronomical Society, avancent que le Soleil pourrait être confronté, dès 2030, à un phénomène appelé « minimum de Maunder » provoqué par des taches solaires. L'activité solaire pourrait chuter de 60% et provoquer une petite ère glaciaire comme on a connu en Europe entre 1645 à 1715. Cette prédiction n'est pas confirmée par d'autres instituts. Si elle se réalisait, j'ignore comment l'humanité pourrait y faire face. Car à la perte des ressources prévues par le modèle Meadows, s'ajouteraient de très mauvaises récoltes. Et on verrait vers 2060 une remontée en flèche de la température, pour aboutir à l'horizon 2100 à un résultat équivalent, sinon pire. 

 Le scénario du cancérologue Dominique Belpomme étudie dans Avant qu'il ne soit trop tard, Fayard 2007, l’incidence du réchauffement climatique sur la santé humaine. L’horloge biologique de l’évolution de la vie se compte sur une échelle de temps qui se chiffre en millions d’années. Avec la baisse de la biodiversité et le réchauffement des climats, l’Humanité risque de disparaître suite à de nouveaux problèmes de santé impossibles à résoudre. L’augmentation de la chaleur multipliera les bactéries, les virus et les parasites, et l’apparition de maladies tropicales inconnues sous nos latitudes. Quand on additionne tous ces facteurs, nous pouvons craindre un sixième épisode d’extinction biologique massif, dont l’Humanité sera responsable et peut-être la victime.