SOLUTIONS CONTRE LE RECHAUFFEMENT CILMATIQUE - DRAWDOWN
L'Humanité
est montée à bord d'un Titanic qui avance droit sur un iceberg qui
s'appelle le réchauffement climatique. Cet obstacle est identifié
comme aucun objet n'a encore été mesuré. On connaît sa
progression en ppm (partie par million) de CO2 et autres gaz, son
coût en dollars, sa capacité de destruction en milliards de vies
humaines et milliers d'espèces animales et végétales, sa masse en
Gigatonnes de CO2, la montée annuelle des océans en millimètre, et
les surfaces terrestres englouties en kilomètre carré. Mieux, on
sait tout ce qu'il faut mettre en œuvre pour que le capitaine
redresse la barre comme nous allons le voir. Ce papier complète les
informations de La fin de l'Humanité commence en 2030 !
Le
Suédois Vante August Arrhenius (1859-1927), prix Nobel de chimie en
1903, avait prévu en 1896 (!) que l'augmentation du dioxyde de
carbone (CO2) dans l'atmosphère pouvait accroître l'effet de serre.
Si le réchauffement climatique observé entre 1910 et 1945 pouvait
s'expliquer par les seules variations du rayonnement solaire, il
n'expliquait pas la surchauffe observée entre 1976 et 2006. En 2001,
les scientifiques estimaient que l'énergie solaire conservée sur
Terre à cause des émissions de gaz à effet de serre (GES) était
dix fois supérieure à celle d'un effet de serre naturel, dit encore
forçage radiatif naturel. Le responsable du surcroît d'effet de
serre ou forçage radiatif entropique est les activités humaines
des pays industrialisés.
De
plus, l’augmentation de la température moyenne terrestre mesurée
depuis 2001 est en accord avec les prévisions du GIEC de 1990.
Enfin, un réchauffement dû à la seule activité solaire
n’expliquerait pas pourquoi la troposphère, qui est la partie de
l'atmosphère située entre le sol et la stratosphère, voit sa
température augmenter et pas celle de la stratosphère. Depuis la
Révolution industrielle, on constate une augmentation de la
consommation des énergies fossiles qui rejettent des GES. Nos
émissions de GES débordent la capacité d’absorption des puits de
carbone que sont les prairies, les cultures biologiques, les arbres
et les océans qui séquestrent le gaz carbonique.
Les
GES peuvent provenir d'activités naturelles, comme celles des
volcans, la décomposition des déchets organiques, la respiration
des êtres vivants ... Et d'autres phénomènes qui pourraient
être réduits ou évités, comme le chauffage des maisons, les
activités agricoles et industrielles chimiques, les transports et
autres activités qui brûlent des énergies fossiles. Pour illustrer
notre responsabilité, je vais prendre un cas-école pour calculer le
CO2 émis en moyenne par un Français. Le carburant de la vie d'un
être humain est fourni par l'oxygène et l'alimentation. Une
personne active sans usage de machine consomme en 24 heures environ
2400 kilocalories, soit la puissance d'une ampoule électrique de 100
watts. Mais la consommation énergétique qui soutient le niveau de
vie moyen d'un Français est de 200 fois à 500 fois ! supérieure
au précédent, appelé
encore « esclave énergétique ». Ce qui signifie qu'il consomme 200x2,4=480 kWh par
jour. Comme un litre de carburant fossile contient une puissance
d'environ 10 kWh, chaque Français brûle en moyenne chaque jour
l'équivalent d'environ 48 litres de carburant. Considérant que la
masse volumique d'un litre d'essence est de 0,78 kg et qu'un
kilogramme de carburant brûlé rejette environ 2,5 kg de CO2 dans
l'atmosphère, chaque Français émet environ 48x0,78x2,5= 90kg
de
CO2 par jour à plus de 200kg.
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie
(Ademe) l'évalue à 32,6 kg en 2015, ce qui semble sous-évalué.
Environ
20% des 7,7 milliards d'individus sur Terre, soit 1,5 milliard, ont
un niveau de vie équivalent ou supérieur au nôtre. On comprend
pourquoi les pays industrialisés augmentent l'effet de serre.
L'énergéticien Jancovici qui parle de 200 « esclaves
énergétiques » en moyenne par Français en conférence
(prudence !) en annonce 500 sur Jancovici.com, dont 100 pour les
biens importés. Son estimation est réalisée sur la base des
consommations nationales réelles d'énergie, qui sont présentées
par secteur avec l'histogramme ci-dessous. Il faut, par exemple en
moyenne, 23 esclaves énergétiques par français dans le secteur de
l'agriculture.
Les
atmosphères de Vénus et de Mars sont très riches en CO2, avec une
teneur respective de 97% et 95%. Leur effet de serre provoque des
températures atmosphériques de plusieurs centaines de degrés qui
n'ont pas permis le développement de la vie, contrairement à
l'atmosphère terrestre qui contient très peu de CO2, comme le
montre le tableau suivant.
Le
tableau et les courbes ci-joints, illustrent l'activité des
principaux GES qui retiennent le rayonnement solaire (Forçage
radiatif résiduel) et leur durée de vie. Le difluoroéthane
(HFC-152a) diminue après un an et disparaît après 10 ans. Le
méthane (CH4) diminue après 10 ans et disparaît après un siècle.
Le dioxyde de carbone (CO2) baisse après un siècle et disparaît
après 1000 ans. Certains halocarbures (CF4 en haut du diagramme),
qui détruisent la couche d’ozone, restent stables au-delà de 1000
ans et disparaissent après 50.000 ans. Le réchauffement en cours
est donc irréversible à court terme.
On
constate que les activités humaines ont une action négative locale
sur le cycle de l'eau, comme on le voit avec la mer d’Aral et les
barrages sur les fleuves. Mais dire que la vapeur d'eau n'entre pas
dans les études sur le réchauffement climatique, selon un avis
général, semble une erreur. Pourquoi ? La quantité d'eau est
constante depuis l'apparition des océans, et la Terre est recouverte
au 2/3 d'eau (H2O) présente sous les formes solide, liquide et
gazeuse. La vapeur d'eau, bien qu'en très faible quantité dans
l'atmosphère (voir le premier tableau) participe pour 72% à
l'effet de serre (dont 1% pour les activités humaines). On sait que
le cycle de l'eau, avec les précipitations, régule naturellement la
répartition de l'eau entre l'atmosphère et les océans. Mais une
température plus élevée provoque plus d'évaporation et de
précipitations. La fonte des glaces augmente l'état liquide et
donc la quantité d'eau dans les océans et la vapeur d'eau dans
l'atmosphère, d'autant plus que la température a augmenté en
moyenne de 1 à 1,5°C depuis la Révolution industrielle (avec des
variations locales négatives ou positives de plusieurs degrés) et
pourrait s'élever de 3 à 5°C si l'on reste optimiste.
Le
volume total des glaces continentales était estimé en 2001 à un
peu plus de 30 millions de kilomètres-cubes
(planet-terre.ens-lyon.fr). La fonte globale et l'augmentation de la
température terrestre entre 1991 et 2016 a élevé le niveau des
océans de 2,7cm, soit environ 1 mm par an. Cette fonte s'élevait en
moyenne 335 milliards de tonnes par an entre 2012 et 2018
(futura-sciences.com, 13/04/2019).
En
convertissant les quantités en tonnes et en les divisant entre
elles, on obtient : 30 millions de km3 = 30x1018
dm3 ou litres = 30x106
milliards de tonnes d’eau, et 30x106/335=
89.552
années
pour la fonte totale théorique au rythme actuel du réchauffement.
Si
l'on considère que la montée des océans sous l'action de la fonte
des glaces et de la dilatation des océans est d'environ 1mm
(ci-dessus) à 3mm par an selon les auteurs, on peut dire que la
montée des océans à l'horizon 2100 est surévaluée par le GIEC et
les autres auteurs. Le recul des côtes est plus dû à l'érosion,
qui est amplifiée par les phénomènes météorologiques
(tempêtes...), qu'à la montée des eaux. Seules les îles et les
zones côtières basses présentent un risque de submersion avec la
montée des eaux.
Selon
l'étude de Jack Williams, professeur à l'université du Wisconsin à
Madison, en 2030 la Terre pourrait revenir à trois millions d'années
en arrière (milieu du Pliocène). Le niveau des océans était alors
18 mètres plus haut. Les températures étaient seulement de 1,8 à
3,6°C plus élevées qu'aujourd'hui. Et en 2150, la Terre pourrait
revenir 50 millions d'années en arrière à l'aube de l'évolution
des premiers mammifères ! (AFP, 11/12/2018). Un autre article
du glaciologue Richard Alley, paru dans nationalgeographic.com,
avance que si nous ne réduisons pas rapidement nos émissions de
GES, la totalité de la glace du Groenland pourrait fondre en élevant
le niveau de la mer de 7 mètres.
J'ai
réalisé une simulation de la montée des eaux pour la
Charente-Maritime pour cette élévation avec la carte interactive du
site flood.firetree.net. Si toutes les glaces du globe venaient à
fondre, selon une autre source, le niveau marin pourrait s'élever
d'environ 80 à 90 mètres (syl.g.pagesperso-orange.fr/page4.htm) et
la moitié de la France serait sous les eaux. Seul un emballement
climatique pourrait provoquer une telle submersion, et l'Humanité
serait rayée de la carte (voir La fin de l'Humanité commence en 2030 !).
Il
existe une autre préoccupation, toute cette eau de fonte ralentit le
Gulf Stream, qui apporte de l’eau chaude provenant de l’équateur
vers l’Atlantique nord en maintenant le climat tempéré en Europe
de l’Ouest. Mais depuis le milieu du XXe siècle, ce dernier s’est
affaibli de 15 %. Dans un article du Washington Post, Stephan
Rahmstorf attribue l’affaiblissement du Gulf Stream aux énormes
volumes d’eau de fonte provenant du Groenland. Effectivement, la
circulation méridienne de retournement distribue vers le nord l'air
chaud et les eaux chaudes tropicales. Ces dernières sont à
l'origine du Gulf Stream. Or, si cette circulation continue à
ralentir, elle pourrait engendrer un climat glacial sur l'Europe.
(notre-planete.info) Mais je précise, sur une courte période, car
il n'empêchera pas la poursuite globale du réchauffement des
climats en cours, toutes choses restant égales par ailleurs.
Venons-en
aux solutions
qui sont rarement abordées par les médias, qui font plus d'audience
avec le catastrophisme. Je rappelle que le Guide
de la révolution non-violente à la mémoire de Gandhi,
de Jean-Paul Alonso (2008), propose une charte du consommateur
responsable (Charte PIC, 2006) qui est plus que jamais d'actualité.
Cette charte présente des solutions individuelles qui doivent
s'accompagner de mesures politiques fortes, lesquelles ont été
étudiées et chiffrées économiquement par Paul Hawken et une
équipe de 70 personnes venant de tous les horizons. L'objectif étant
de savoir comment on peut stopper et inverser le réchauffement
climatique en cours. Cette étude démontre clairement qu'on peut le
faire avec les 80 solutions proposées sur une période de 30 ans,
entre 2020 et 2050. Elle présente trois scénarios : Optimal,
Drawdown et Plausible, qui correspondent à des degrés de réussite
différents. Si
tous les pays appliquaient le Drawdown, qui est une estimation
prudente, les émissions de GES baisseraient à un niveau supportable
par les écosystèmes naturels.
J'ai
réalisé une synthèse des solutions avec un schéma et deux
histogrammes en exploitant les données du livre Drawdown (Actes Sud,
2018). Les valeurs sont en gigatonnes de CO2 et équivalent de CO2
pour les autres GES. Les économies réalisées sont supérieures aux
sommes investies pour la mise en œuvre des solutions. Plusieurs
mesures défendues par les écologistes depuis 50 ans au moins, comme
l'agriculture biologique, le végétarisme, les énergies
renouvelables, la maîtrise de la démographie..., s'additionnent
avec des solutions innovantes et d'autres, présentées parfois comme
étant transitoires, exemple : l'énergie nucléaire. J'ai
schématisé le Drawdown avec un graphique, en supposant que les
économies de GES réalisées en 30 ans, ramèneront les émissions
de GES à leur niveau préindustriel, voire plus bas avec le
scénario optimal. J'ai imaginé par prudence une stabilisation des
GES entre 2020 et 2030 avant leur diminution.
Les
10 premières solutions sur les 80 proposées, représentent plus de
la moitié des économies de CO2 réalisées sur 30 ans, et les 5
premières (Fluides frigorigènes, Éoliennes terrestres, Réduction
gaspillage alimentaire, Alimentation riche en végétaux, Forêts
tropicales) plus du tiers. Si on découpe les 80 solutions en 7
secteurs, l'Alimentation, l'Énergie et l'Affectation des terres
montrent que le végétarisme, l'agrobiologie et les énergies
renouvelables totalisent 69% de la réduction des GES.
Conclusion :
L'Humanité et plus particulièrement les gens qui vivent dans les
métropoles des pays développés doivent prendre conscience que leur
niveau excessif de consommation générale, responsable du
réchauffement climatique, détruit la Nature et dérègle
dangereusement les Climats. Les pays responsables doivent planifier
avec l'ONU un plan de sauvetage pour éviter le pire. La période
préélectorale des municipales doit ouvrir un débat pour remédier
aux dangers qui menacent l'Humanité. Les communes doivent devenir
des villes en transition, qui œuvrent pour leur autosuffisance
alimentaire et énergétique, en relocalisant leur économie et en
prenant en compte l'évolution des écosystèmes et des Climats. Le
Drawdown devrait inspirer nos élus, car les solutions qu'il propose
sont capables de baisser les émissions de CO2 à un niveau
raisonnable, tout en offrant plus de sécurité, d'emploi, de santé
et de bonheur à l'Humanité.