Selon Hannah Arendt, « le citoyen
idéal d’un régime totalitaire n’est pas un militant convaincu,
c’est quelqu’un pour qui la distinction entre vérité et
mensonge n’a aucun sens. »
Ce citoyen modèle qui a perdu le sens
de la justice est instruit et instrumentalisé par le pouvoir en
place, parce qu’on lui fait croire que l’injustice est un mal
nécessaire, que son silence complice ou son engagement le
préserveront du mal qu’il inflige à autrui et lui apporteront la
reconnaissance de ses dirigeants. C’est ainsi que se sont propagés
des idéaux comme le racisme et le nationalisme, qui ont fabriqué
des serviteurs de l’indicible barbarie que sont les guerres,
l’esclavage, le colonialisme, les génocides, la « Françafrique
». Un pas facile à franchir quand on sait que les civilisations
gréco-romaines et chrétiennes considéraient l’esclavage comme la
condition naturelle des captifs de guerre, des prisonniers politiques
ou de droit commun. Toutes les civilisations ont eu leurs esclaves,
leurs indigènes ou leurs prolétaires corvéables à souhait. Les
capitales au cœur des empires ont toujours vécu confortablement de
l’exploitation des peuples et de l’extraction des richesses
périphériques. Toute personne insoumise à la loi sacrée de l’État
devenait un suspect, un hérétique, un révolutionnaire, un
terroriste ou un barbare.
La violence politique, financière et
militaire, participe à la formation de l’État, comme le montre...
Extrait de : Politeia - Traité de politique....
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