Mes
premières pensées vont aux victimes des attentats du 13 novembre
2015 et ma compassion à leurs proches. Après les deux attentats de
janvier 2015, Paris a été à nouveau mortellement frappé par six
attentats terroristes qui ont fait encore plus de victimes. La France
entière est en deuil alors que nos politiques n'ont pas cessé de
renforcer les mesures sécuritaires ces dix dernières années.
Naissance
de l'État islamique : En 2014-2015, nous avons assisté à
la naissance de l'État islamique (EI ou Daech), qui n'est pas
reconnu comme étant un État par la communauté internationale à
cause de la politique sectaire et terroriste qui contribue à son
expansionnisme. Rappelons que le droit international n'exige pas
qu'un État soit démocratique, et que la démocratie pour beaucoup
de ceux qui s'en réclament n'est qu'un simulacre. Daech possède les
éléments constitutifs d'un État défini par la Conférence
internationale panaméricaine signée à Montevideo en 1933 : un
gouvernement avec un chef (un calife) ; un code juridique, et comme
nombre d'États la loi islamique ; un territoire à cheval sur l'Irak
et la Syrie grand comme la moitié de la France ; une armée de 40000
combattants ; une population de dix millions de sunnites libres ; il
produit - grâce notamment à 20 puits de pétrole - 82% de ses
ressources ; il a lié des relations avec les États voisins qui
pratiquent un islam fondamentaliste : Arabie saoudite et le Qatar qui
pratiquent l'islam wahhabite, et notamment la Turquie qui achète son
pétrole, son gaz, etc. ; il contrôle pas moins de 24 banques et a
frappé une monnaie or ; il fait des transactions financières
internationales. Scandaleux ? Non. (Information issues du documentaire Daech,
Naissance d'un État terroriste,
Jérôme Fritel, Arte GEIE, 2015).
Le
droit national et international de l'Occident a été écrit par des
États qui se sont construits historiquement - comme Daech
aujourd'hui - avec des guerres de conquête territoriale et
l'endoctrinement religieux pour justifier leurs actes. Prenons un
exemple bien à propos ; sans remonter à Clovis et Charlemagne qui évangélisaient à coup de hache. En 1916 l’empire ottoman est l’objet
de tractations entre Français et Britanniques sans la participation
des populations locales. Le rayonnement économique et culturel de la
France en « Syrie naturelle » à cette époque en fait la « France
du Levant ». Durant la guerre 14-18, les Ottomans (indépendantistes)
veulent s’affranchir des dominations étrangères. Début 1915, ils
frappent les autochtones favorables à la colonisation, des chrétiens
sont martyrisés, les Arméniens exterminés. Les Ottomans appellent
au djihad qui menace aussi l’Afrique française et l’Inde
britannique. Pendant ce temps, Français et Britanniques cherchent un
accord secret pour se partager l’Arabie britannique et la Syrie
française. L'accord Sykes-Picot est conclu en mai 1916. Les Français
administreront la zone allant de la Syrie à l’Anatolie ; les
Britanniques la province irakienne de Basra et une enclave
palestinienne autour de Haïfa ; le reste de la Palestine passe sous
la souveraineté conjointe de la France et du Royaume Uni ; les États
arabes indépendants confiés aux Hachémites restent sous tutelle
française au nord, et tutelle Britannique au sud. Russes et Italiens
donnent leur approbation à cet accord. (Le Monde diplomatique, avril
2003). Ce genre de tractation entre puissances occidentales se
poursuivra. Alors pourquoi ne considèrent-on pas Daech aujourd'hui
comme un État ? Dans la mesure où la souveraineté d’un État
dépend généralement de sa puissance militaire (peu d'États ne
possèdent pas d’armée), industrielle ou économique, le
reconnaître permettrait de mieux l'identifier, d'avoir recours à la
diplomatie pour négocier la paix. Après la signature de la
Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, la France et
le Royaume Uni ont vu leur empire s'effriter et disparaître. La Ve
République résulte elle-même d'un coup d'État du général de
Gaulle, fomenté durant la guerre d'Algérie. Les Accords d'Evian de
1962 ont fait passer les indépendantistes du statut de terroriste à
celui de gouvernement algérien. À
ses portes, la France a perdu une guerre, durant laquelle elle a
déployé 400000 hommes et utilisé la torture. Qui peut prétendre
encore aujourd'hui faire la guerre ? Les marchands d'armement.
Qui
sont nos hommes d'État ? Le livre du journaliste Vincent Nouzille,
Les
tueurs de la République,
Fayard, 2015, nous apprend que tous les Chefs d'État de la Ve
République ont eu en main une liste de « noms de personnes
dont l’élimination a été secrètement approuvée ». Je ne
citerai que quelques exemples de ces trente dernières années. Sous
la présidence (1974-1981) de Valérie Giscard d’Estaing l'homme
politique Jean de Broglie est assassiné par balle en 1976 ; le
ministre du travail Robert Boulin est retrouvé assassiné en 1979,
la version officielle est un suicide. En 1980 l’ancien ministre
Joseph Fontanet est tué par balle, l'assassinat n'a jamais été
élucidé. Sous la présidence (1981-1995) de François Mitterrand,
le premier ministre Pierre Bérégovoy est retrouve tué par balle
avec l'arme de son garde du corps, la version officielle est un
suicide. En 1985, l'affaire du Rainbow Warrior discrédite les
services secrets français dans le monde entier. L'enquête
du procès sur le financement de la campagne présidentielle
d'Edouard Balladur (membre du parti Les républicains) de 1995, a
révélé que l'attentat de Karachi en 2002 au Pakistan, serait une
mesure de rétorsion des Pakistanais, qui se sont sentis floués sur
des contrats d'armement, qui ont profité via des
« rétrocommissions » pour le financement « occulte de
politiques » français. Les Saoudiens étaient aussi clients de
ses contrats véreux. (sudouest.fr 12/06/2014). L'écrivain
polémiste Jean-Edern Hallier (1936-1997), qui avait publié L'honneur perdu de François Mitterrand en 1996, a été assassiné l'année suivante, la version officielle est un accident. Ces éliminations secrètes témoignent de la violence de l'État, mais ne sont pas les causes des maux actuels qui nous frappent. Venons-en aux faits. (documentaire Histoire Des Services Secrets Français, Le Grand Malentendu 1981 1989, France 5, 22 mai 2015)
Explication
sur l'origine des attentats : Sous la présidence de Jacques Chirac
(1995-2007) la France participe avec l'OTAN en 1999 aux opérations
du Kosovo en bombardant la Serbie et le Monténégro. Mais quand le
président George W. Bush déclenche la guerre contre l'Irak en 2003,
le statut particulier de la France dans l'OTAN depuis 1966 permet à
Jacques Chirac de refuser cette guerre. Sous la présidence de
Nicolas Sarkozy (2007-2012) la France met un terme à ce régime
dérogatoire en réintégrant le commandement de l'OTAN. C'est le
début d'événements qui sont à l'origine des attentats terroristes
récents sur notre sol : avec Sarkozy qui déclarait vouloir passer
une cité de banlieue au karcher en septembre 2010, l'incompétence va
finir en drame. De 2001 à 2012, l'armée française participe à la
guerre des Américains en Afghanistan sous pavillon de l'OTAN. Le but
des États-Unis était de capturer Oussama ben Laden - qu’ils ont
assassiné au Pakistan en mai 2011 - afin de détruire l'organisation
Al-Qaïda, année « des printemps arabes ». Les Talibans
chassés du pouvoir en 2001 engagent une guerre contre l'OTAN, qui
durera 13 ans. En 2009 les forces spéciales françaises
interviennent en Libye auprès des rebelles libyens appuyés par
l'OTAN, Mouamar Kadhafi est assassiné ; les résultats de ces
actions vont être désastreux pour l'Europe. En 2010 l’expulsion
illégale des Roms du territoire français par Sarkozy met la France
à l’index de la communauté européenne. En mai 2012 François
Hollande prend la présidence, et en septembre 2012 les
renseignements fournis par les services Français en Afghanistan,
permettent aux Américains de tuer avec un drone le mollah Hazrat,
chef taliban, puis en 2014 en Somalie d'assassiner toujours avec un
drone le chef shebab, Ahmed Godane. En janvier 2012 les rebelles
touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA)
alliés à Al-Qaïda du désert (AQMI) s'attaquent au pré carré
français de la Françafrique, en lançant une offensive dans le nord
du Mali. La France craint pour les mines d'uranium qu'elle exploite
au Niger, tout proche de la frontière malienne. Le 11 janvier 2013
François Hollande lance les troupes françaises pour stopper
l'avancée des « djihadistes » et sécuriser Bamako où
vivent des milliers de Français. La France participe aux frappes
aériennes contre Daech depuis septembre 2014 en Irak, et en
septembre 2015 François Hollande a annoncé des frappes aériennes
françaises sur ses unités d'entraînement en Syrie. Il prétend –
en violation complète du droit international - que la France est en
légitime défense face à d'hypothétiques menaces terroristes.
Opération qui ressemble plus à du lobbying pour l'industrie
d'armement pour nos avions Rafale (Dassault) que la défense des
droits de l'homme. L’Observatoire syrien des droits de l’homme a
annoncé que douze « Lionceaux du califat » - enfants soldats de
moins de 15 ans -, ainsi que des combattants étrangers ont été
abattus par la France lors des raids aériens.
La
mauvaise politique appliquée dans l'éducation nationale depuis les
années 1980 en France, est à l'origine du naufrage d'une partie de
notre jeunesse. Les violences urbaines de 2005 n'ont pas été
suffisamment prises au sérieux. Les jeunes Français qui sont dans
les camps visés par nos avions de combat ; des Français éduqués
sur les bancs de la République, n'ont pas trouvé d'autre avenir
chez nous que d'aller faire le djihad. L'éducation nationale depuis
des décennies augmente artificiellement le nombre de bacheliers en
supprimant les redoublements scolaires et en baissant les exigences
pour l'obtention des diplômes d'État. Beaucoup de jeunes auraient
dû être orientés sur des métiers manuels. Mais ils sortent de
l'école sans savoir lire et écrire, sans aucun métier ni avenir.
Pourtant,
ce ne sont pas les moyens attribués à l'éducation qui manquent. En
2015, 925783 personnes (insee.fr) travaillaient pour ce secteur. Le mal est dans les programmes, les directives politiques
inappropriées, contre lesquelles se battent en vain les enseignants. De
plus, avec la mauvaise politique appliquée en économie (traité de
Lisbonne), la France ne fabrique quasiment plus rien pour elle-même.
Plus de cinq millions de sans emploi pour 400 mille offres d'emploi
fragilisent notre jeunesse et profite à l'endoctrinement, notamment
chez les jeunes enfants d'émigrés dont les parents ont été
exploités, bafoués et rejetés dans des cités dortoirs. N'ont-ils
pas de bonne raison de culpabiliser la France et d'aller chercher
l'aventure au Moyen-Orient ? Ajoutons à cela la mauvaise politique
de la ville qui a fait des cités ghettos ou se sont développés le
banditisme (trafic de stupéfiants et d'armes, prostitution, …) et
des zones de non-droit. La mauvaise politique appliquée au
territoire où tous les pouvoirs sont centralisés à Paris en fait
une cible de choix pour toute personne qui veut s'en prendre à la
France. La quasi division par deux du nombre des régions renforce le
centralisme, et ne réduira pas le coût de l'administration régional
comme prévu. Elle éloigne un peu plus les administrés de leur
centre administratif régional. De plus, avec la généralisation des
métropoles on épaissit « le mille feuilles territorial ».
Les Français sont depuis toujours sous informés de la vérité par
les grands médias nationaux et inondés de fausses informations. Il
est du devoir de ceux qui ont le temps et les capacités de décrypter
l'information pour leurs concitoyens de servir de relais. On l'a vu
en 2005 où tous les médias relayaient l'avis des grands partis qui
faisaient campagne pour le « oui » au projet de
Constitution pour l’Europe, qui a été rejeté par référendum en
France en mai 2005 et aux Pays-Bas le mois suivant. Mais son frère
jumeau, le traité de Lisbonne a été approuvé discrètement par le
parlement et le sénat français en février 2008. Ce traité
s'avèrera un échec retentissant après la « crise » de
2008, qui démontre la faiblesse de la politique économique
européenne face aux banques américaines qui ne se livrent qu'à la
spéculation. Aucun média ne l'a encore dénoncé. Cette « crise »
- vrai casse du siècle - a déstabilisé les économies réelles, et
provoqué des crises sociales et des crises politiques. Mais aucun
gouvernement n’a pris des mesures sérieuses pour enrayer les
mécanismes de la spéculation financière, à l'origine de
l'augmentation de la pauvreté dans le monde. Les révoltes
populaires des « printemps arabes » en Tunisie, en Égypte
et en Libye, résultent de peuples qui ont faim. Elles ont chassé
les régimes autoritaires qui confisquaient la rente économique,
mais ces révolutions ont été majoritairement récupérées par des
partis islamistes ou l'armée. La peur de la mondialisation et
notamment de la finance, a continuer d’accentuer - comme dans le
début des années 1930 -, les replis identitaires des peuples, le
nationalisme, la « droitisation » des partis politiques,
la montée des partis d’extrême droite, auxquels s'ajoute
aujourd'hui l'intégrisme religieux. Rappelons que le tout intervient
sur une planète malade du réchauffement climatique, où la
désertification avance, où l’eau se fait rare pour les paysans du
Sud, et où les crises alimentaires en Afrique s’accentuent dans un
contexte de production céréalière record. Effectivement, nous
avons produit sur terre suffisamment de céréales pour nourrir 13
milliards de personnes en 2011 alors que nous étions 7 milliards.
Les
Français subissent des mesures sécuritaires inappropriées, qui
confortent notre ennemi dans sa démarche. Le renoncement à leur
souveraineté des États de l'Union européenne qu’implique le
projet de la Communauté européenne de défense (CED) en 1954 a fait
échoué ce projet. Le domaine économique, moins sujet aux
résistances nationales historiques, domine dès lors la coopération
européenne. De plus, la France – première armée européenne - a
suffisamment de militaires pour assurer la sécurité intérieure,
sans grever le pacte de stabilité européen. En 2014 l'effectif des
armées comptait 270849 personnes (208916 militaires et 61933
civils). En 2015 environ : 11000 soldats étaient déployés hors de
nos frontières et le budget de la Défense nationale était de 31,4
milliards d'euros, pour 146 milliards pour l'éducation nationale. (defense.gouv.fr ; bfmtv.com).
Des
régimes d’exception
d'un autre âge : Lorsque la France est gravement menacée, l'article
16 de la Constitution donne au président de la République la
faculté de prendre « les mesures exigées par ces circonstances,
après consultation officielle du Premier ministre, des présidents
des assemblées, ainsi que du Conseil constitutionnel ». L'état de
siège prévu par l'article 36 de la Constitution applicable en cas
de « guerre étrangère ou d'une insurrection armée »
attribue des pouvoirs de police exceptionnels aux autorités
militaires. Il est décrété en conseil des ministres, mais sa
prorogation au-delà de douze jours doit être autorisée par le
Parlement. Il n'y a pas lieu de faire sauter ce verrou démocratique
pour étendre ce délai à trois mois, comme le propose François
Hollande dans sa conférence du 16 novembre. L'état d'urgence défini
par la loi d'avril 1955, est applicable en cas « d'atteintes
graves à l'ordre public ». Il a été décrété en 1961 après le
putsch (organisé) des généraux en Algérie ; et du 9 novembre 2005
au 4 janvier 2006 suite à des émeutes et des violences urbaines sur
l'ensemble de la France. En 2005 on compte 110206 incidents dont la
majeure partie sont des incendies de véhicules, de poubelles et de
biens publics. L'état d'urgence a été à nouveau décrété le 16
novembre 2015 par François Hollande dans son discours au Congrès,
qui a demandé une modification de la Constitution - était-ce le
moment ? - parce qu'aucun des deux régimes d'exception précédents
ne répondraient à la situation actuelle. Il a déclaré « La
France est en guerre » et annoncé des mesures sécuritaires, dont
l'usage possible d'arme par la police en situation de non légitime
défense. Déclaré par décret pris en conseil des ministres, l'état
d'urgence confère aux autorités civiles des pouvoirs de police
exceptionnels : perquisition sans mandat, interpellation, fermeture
de lieux publics, etc. On peut craindre des forces de police
française une bascule dans l'arbitraire, le peuple n'a plus qu'à
obéir.
Mais
pourquoi encore une guerre de religion ? Les États-Unis ont
encouragé et financé le développement de l'Islam pour lutter
contre le socialisme, en mettant un frein au progressisme panarabe
des années 1950-1960. Quand l'URSS a envahi l’Afghanistan en
décembre 1979 pour soutenir le régime communiste afghan contre les
moudjahidins (djihadistes sunnites) soutenus de son côté par les
États-Unis, les musulmans ont accouru du monde entier pour repousser
les Russes, preuve d'une grande solidarité dans le monde musulmans.
Après le départ des Russes en février 1989, la République
démocratique d'Afghanistan est au pouvoir. La guerre entre
communistes afghans et moudjahidines se poursuit. En 1992 l'Alliance
du Nord (Front uni islamique et national pour le salut de
l'Afghanistan) prend le pouvoir, la guerre civile continue. En 1996,
les Talibans de l'ethnie Pachtounes, qui sont des fondamentalistes
musulmans prennent le pouvoir et proclament l'Émirat islamique
d'Afghanistan. Les attentats du 11 septembre 2001 provoquent
l'invasion américaine qui destitue ce gouvernement la même année.
C'est le début d'un enlisement américain qui va durer 13 ans. Idem
avec l'invasion américaine de l'Irak et la guerre qui suivit entre
2003 et 2011, principal théâtre de la situation actuelle avec la
Syrie. L'Occident capitaliste, colonialiste et interventionniste, n'a
pas cessé d'attiser la haine dans ces régions du monde, à qui il
ne reste que Dieu. Les fidèles aguerris qui sont rentrée dans leur
pays, ont naturellement retourné leurs armes contre l'Occident
chrétien et les dictateurs. En 2011 les révolutions arabes ont
chassées quelques dictateurs.
Les
institutions chrétiennes et musulmanes sont sœurs. Jadis elles ont
toutes les deux interdit l’usure, mais pas les inégalités
sociales et de fortune. Elles ont développé les lettres et les
sciences en dépit de leurs interdits religieux. La jouissance de
l’existence dans les deux religions doit s'effacer à l’obéissance
absolue à la loi de Dieu. Il n’y a de ce fait, plus de place pour
la discussion philosophique, plus de tolérance, plus de choix
politique. Les hommes sont condamnés à vivre dans une cité
muséifiée, figée dans le temps et l’espace devant l'Éternel.
Les religions et les sciences gouvernées par des autocrates mènent
depuis toujours l’humanité à sa perte. Les
sciences sont responsables du développement et du déclin de notre
civilisation, et il n'existe pas d'antidote. Le choque des
civilisations musulmane et chrétienne provient de cette séparation
opéré plus tôt dans les sociétés industrialisées. Le monde musulman moins soumis aux technosciences, se heurte de plein
fouet à notre décadence spirituelle. Islam signifie « soumission totale à
la volonté de Dieu ». Si les musulmans fondamentalistes
reconnaissent comme les juifs et les chrétiens l’existence d’un
Dieu unique révélé par les prophètes, ils ne reconnaissent pas
les lois bibliques. Toutes leurs lois sont issues du Coran qui a été
révélé par Dieu au prophète Mahomet (569-632). La loi islamique
ou Charia fixe l’ensemble des règles individuelles et
collectives que doivent appliquer les musulmans. Dans sa forme la
plus noble, la soumission du musulman à Dieu exclut toute autre
forme de soumission : aux individus, au pouvoir, à l’argent, etc.
En Islam chiite, la séparation de l'Église et de l’État n'existe
pas et la souveraineté politique est attribuée à Dieu et non au
peuple. Pourtant, un gouvernement islamique possède des pratiques
démocratiques équivalentes à celle de l'Occident libéral –
considérant que leur paradigme est circonscrit par la loi de Dieu.
Alors que notre paradigme occidental n'a plus aucun périmètre
spirituel. En Terre d'Islam, personne ne peut s'emparer du monopole
de la représentativité de Dieu. Le bon respect du Coran exclut la
théocratie, la dictature ou le régime autoritaire. Le gouvernant
musulman n'est pas exercé par un pape, un roi ou un empereur, qui
jouit d'un règne absolu ; tout ce qu’il dit et fait doit être en
accord avec le Coran. Il doit rendre compte de ses actes au peuple et
il est destituable s'il faillit à sa tâche. Sans pouvoir se
réclamer de la liberté d'expression et de la démocratie, certaines
des pratiques d'un gouvernement islamique sont démocratiques. La
consultation du peuple, le suffrage (décision, choix des
gouvernants), l’alternance des dirigeants, l’opposition et le
devoir de critique de ceux qui s'écartent de la règle, le contrôle
institutionnel, et le débat contradictoire, font de la musulmane et
du musulman un citoyen islamique (hoggar.org). Il existe de nombreux
États islamiques, nous en avons vu deux en Afghanistan qui
s'affrontaient. La république islamique chiite de l’Imam Ruhollâh
Khomeyni (1902-1989) en Iran en est un autre. Khomeyni a écrit Le
gouvernement islamique (1996)
qui
dit : « Le gouvernement islamique (...) n’est pas un
régime totalitaire (...) ni despotique, ni absolutiste, mais
constitutionnel, bien sûr pas au sens courant (…) où les lois
sont approuvées par des personnes et une majorité, mais
constitutionnel dans le sens où les dirigeants sont tenus par un
ensemble de conditions défini par le Coran (...) en islam le pouvoir
de promulguer la loi et de l’énoncer appartient à Dieu. Seul le
Législateur sacré de l’islam a le droit de légiférer. (…)
Ainsi, l’Islam n’est pas une démocratie parlementaire
classique. » (fin de citation). En 1981 les représentants de
l’Islam ont proclamé devant l’Unesco la Déclaration islamique
universelle des droits de l’homme applicable par tous les
gouvernements islamiques, qui a aboli comme partout ailleurs l’usage
de la torture, qui tarde à être respectée. Avant de présenter un
exemple d'État sunnite, il faut parler de Gamal Abdel Nasser Hussein
(1918-1970), qui a été le second président de l'Égypte de 1956 à
sa mort. De religion sunnite et militaire de carrière comme Kadhafi
qui le prendra pour modèle, Nasser participe au renversement du roi
Farouk sous tutelle coloniale britannique en 1952. Il mène une
politique visant à unifier les peuples arabes (panarabisme),
qualifiée de socialisme (nassérisme). Même s'il a réduit la
pauvreté, il a exercé un pouvoir autoritaire sans partage, et
chassé les opposants à son régime. Comme Nasser menait une
politique non aligné durant la Guerre froide, les puissances
occidentales lui ont refusé les fonds pour construire le barrage
d'Assouan, qui a favorisé l'agriculture. Nasser a répliqué en
nationalisant les compagnies étrangères dont celle du canal de Suez
en 1956. L'offensive menée par le Royaume-Uni, la France et Israël
a échoué à cause du désengagement des États-Unis. Le
Livre vert
de Moammar Kadhafi (1942-2011) paru en 1975, est un programme
socialiste révolutionnaire sunnite, qui propose un État gouverné
par la démocratie directe. Il conserve la religion islamique sans
mettre le Coran au centre de son projet comme le font les chiites
précédents. Pour bien comprendre la géopolitique de cette région,
il faut savoir que les tribus fondées sur l'appartenance ethnique
forment le tissu religieux, social et politique. La tribu Kadhafa des
Kadhafi occupe le centre de la Libye très riche en hydrocarbures, et
avait la mainmise sur l’ancien régime libyen. Mouammar Kadhafi
était un militaire, un Chef d'État et un brillant idéologue libyen
sunnite. Il est le premier membre de sa famille à avoir fait des
études. Féru de politique, admirateur de Charles de Gaulle, de Tito
et de Mao Zedong, il a étudié le droit à l'université. Il entre à
l'Académie militaire de Benghazi en 1963 pour préparer la
révolution contre les forces étrangères américaines, britanniques
et italiennes. C'est en 1969, à l'âge de 27 ans, qu'il renverse la
monarchique et instaure « l'État des masses ». Après la mort de
Nasser en 1970, il amalgame le « socialisme arabe » et le
« socialisme islamique » que ce dernier avait opposés.
Il crée en juin 1971, le parti unique de l'Union socialiste arabe,
calqué sur le parti égyptien du même nom ; dès lors, tout libyen
est tenu de participer à ses comités locaux. Son régime double le
salaire minimum, développe les infrastructures, l'éducation et le
système de santé. La société civile est soumise aux Comités
révolutionnaires, et les associations caritatives sont proches du
pouvoir. Les dirigeants des partis contestataires, islamistes inclus
partent en exil. Seuls les Frères musulmans dialoguent avec le
régime. Les importants revenus pétroliers servent à financer le
terrorisme international contre l'impérialisme, le néocolonialisme,
et le sionisme : notamment dans les attentats de Lockerbie en 1988,
du DC10 d'UTA sur le vol Brazzaville-Paris en 1989, et de la
discothèque allemande La Belle en 1986. Nous avons vu précédemment avec le procès Balladur, que certains de nos politiques se livrent à des malversations avec des pays musulmans fondamentalistes... Au début des années 2000 et surtout après la guerre
lancée contre l'Irak pars les États-Unis en 2003, Kadhafi indemnise
les victimes des attentats et renonce au terrorisme. En 2006 les
États-Unis retire la Libye de la liste des États terroristes.
Encouragée par certaines tribus, la révolution libyenne
se déroule de février à octobre 2011, Kadhafi riposte avec
l'armée. Les forces spéciales françaises appuient les rebelles
libyens avec l'OTAN. Le 20 octobre Kadhafi s'enfuit de la capitale.
Il est rattrapé par des rebelles qui l'assassinent sauvagement. Sans
Kadhafi la pression migratoires de l'Afrique vers l'Europe est devenue
incontrôlable.
Une
révision de nos politiques est la solution : Nous venons de
comprendre pourquoi les problèmes de l'État islamique au
Moyen-Orient, qui tissent des ramifications avec les musulmans
exaspérés du monde entier, ne vont pas se régler à coup de
missiles tirés par des drones ou des avions français, ni avec une
guerre meurtrière de tranchée, ni avec le renforcement des
effectifs de police, encore moins avec une révision de la
constitution. C'est la porte ouverte au renforcement des actes
terroristes, et peut-être à une vraie guerre sur notre sol, qui
pourrait se terminer au couteau. La seule issue aux actes terroristes
est une révision de nos politiques intérieure et extérieure
nationales, européennes et internationales, notamment vis-à-vis des
peuples du Sud. Encore faudrait-il que les peuples et leurs États
retrouvent leur souveraineté vis-à-vis des financiers, qui
profitent de tout ce qui se vend et s'achète, y compris les armes de
guerre et les céréales. Nous avons vu que les attributs
constitutifs d'un État
sont le fruit du paradigme de la violence, la politique des
gouvernements en question se construit naturellement sur des rapports
de force. Les partis politiques s'affrontent dans un esprit de
conquête du pouvoir et non de collaboration. Une fois au pouvoir,
ils laissent tous les mains libres à la finance internationale qui
nous gouverne. Dans ce monde violent d'aveugles, les borgnes sont
rois, et gouverneront toujours assis sur des baïonnettes au
détriment des peuples, qui supportent les crises, les actes
terroristes et les guerres. Mais comment inverser la logique d'une
civilisation qui s'est construite sur les conquêtes et
l'endoctrinement religieux ? J'ai proposé un début de solution en
2014 en offrant une méthode pour une vraie participation des
citoyens à la politique de leur commune. Car le changement ne
proviendra que de la population elle-même, pas de nos dirigeants de
partis. Cessez de chanter La Marseillaise, réveillez-vous !