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10 mai 2006

La Françafrique N°11 juin 2006

La « Françafrique »
Plusieurs articles de l’association Survie dans la revue Silence de mai 2006, font le point sur la présence occulte de la France en Afrique et les paradis fiscaux.


Le sommet Afrique-France de décembre 2005 au Mali
P5 « « Ambiance de fin de règne »,... Nostalgies cocardières, nostalgie d’empire ... Désormais, les efforts diplomatiques de la France s’inscriront dans un cadre européen, annonce Jacques Chirac. Mais cette promesse apparaît comme un leurre... La fin de la France en Afrique, c’est avant tout la fin de la « Françafrique », lit-on de plus en plus, ... » un terme « forgé par François-Xavier Verschave, le Président de l’association Survie, décédé en juin 2005, pour désigner un mécanisme de domination économique, diplomatique et militaire exercé par la France depuis les années 60 par l’intermédiaire des réseaux occultes (mercenaires, intermédiaires financiers) ou institutionnels (services secrets, cellule africaine de l’Elysée, régimes dictatoriaux « amis », forces spéciales (lire La Françafrique, Stock, I998 ou Noir silence, Les Arènes, 2000) ... on ose enfin écrire que pendant 45 ans, la présence française en Afrique a été inspirée par des finalités inavouables et la sauvegarde.. d’intérêts propres.. Ces intérêts auraient-ils disparus.. ? Ce n’est pas l’avis des 200 participants au « contre sommet Afrique France » qui s’est tenu à Bamako début décembre 2005 (
voir : www.cadmali.org/contre-sommet), qui ont mis en évidence la persistance de mécanismes de domination économiques, politiques et militaires vécus au quotidien par les populations togolaises, tchadiennes, camerounaises, congolaises, etc. « La Franceçafrique tue l’espoir de la jeunesse africaine » affirmait une banderole brandie dans les rues de Bamako le jour d’ouverture du sommet officiel. En effet si le temps du foccardisme (du nom de Jacques Foccart, l’homme des basses besognes du général de Gaulle puis de Jacques Chirac) semble révolu, de même l’âge d’or des réseaux mitterrandiens et pasquaiens, qui se sont disputés et partagés la Françafrique jusqu’au milieu des années 90...N’oublions pas qu’au moment de la réforme de la coopération lancée par le gouvernement Jospin... éclataient l’affaire Elf et le scandale de l’Angolagate (une affaire de vente darmes à l’Angola, alors en pleine guerre civile, dans laquelle Jean-Christophe Mitterrand et des proches de Charles Pasqua ont été mis en cause)

Des dictateurs « amis de la France »
La prédation néocoloniale française s’appuie sur la complexité de régimes autoritaires et corrompus. Ces derniers reçoivent, en échange de leur collaboration, un soutien diplomatique, militaire et économique, via une aide publique au développement.... ces dictateurs « amis de la France » sont les complices d’un pillage organisé des ressources naturelles du continent africain... Certains potentats francophones..., battent ainsi des records de longévité... Le gabonais Omar Bongo, « réélu » à l’automne dernier, est devenu le doyen d’entre eux, avec bientôt 39 ans de « règne »... Dernier exemple en date en février 2005 : le remplacement du dictateur togolais Eyadéma par son fils, adoubé par la France... (lire Le choix volé des togolais, ouvrage collectif, L’Harmattan, 2005) Cette stabilité est en partie assurée par le bras armé de la Françafrique, l’armée et ses corps délite... Depuis N’Djamena, Libreville, Djibouti, la France est en mesure d’intervenir un peu partout sur le continent. En l’absence de tout contrôle parlementaire, l’opacité de ces interventions est souvent la règle. Certains épisodes tragiques ont montré combien il était dangereux de laisser une telle capacité d’intervention entre les mains d’un nombre trop restreint de personnes (...) Que l’on songe en particulier au Rwanda, où des militaires français ont encadré les futurs auteurs du génocide des Tutsi... à côté des interventions militaires directes... il faut prendre en compte l’action des « électrons libres », marchands d’armes, dirigeants de sociétés militaires privées, conseillers militaires particuliers auprès de présidents africains. Ces « barbouzes » permettent à des acteurs français de garder un certain contrôle du terrain militaire ou sécuritaire en Afrique. Le « corsaire de la République » Bob Denard... aujourd’hui en procès, a cédé la place à une multitude d’autres « barbouzes » ou militaires recyclés...(lire La privatisation de la violence, Xavier Renou, François Verschave, Agone, 2006)... le marchand d’armes et ancien membres de la cellule anti-terroriste de l’Elysée, Robert Montoya, actuellement en disgrâce suite à la découverte d’ un arsenal destinée au régime ivoirien dans un de ses entrepôts de Lomé... le « juriste mercenaire » Charles Debbasch, auteur de plusieurs maquillages constitutionnels au Togo...

La puissance des réseaux
Ces acteurs « parallèles » font apparaître le poids des réseaux ... militaires, aux solidarités renforcées par des passages communs dans des écoles ou des corps d’élites, mais aussi réseaux financiers, économiques, maçonniques... On voit s’y illustrer un nombre croissant d’intervenants russses, israéliens, sud-africains, etc... impliquant une multitude d’intervenants économiques et financiers, utilisant à dessein tous les mécanismes d’évasion fiscale et d’opacité financière, via des paradis fiscaux et judiciaires... Dans ce schéma complexe les multinationales françaises ont acquis une place de choix auprès d’un pouvoir politique qui semble de plus en plus » corrompu « .... Affaiblie par de multiple scandales, Elf a été racheté par Total, qui conserve des intérêts considérables au Gabon ou au Congo-Brazzaville... elle affiche en 2005 un bénéfice record.... c’est cependant le groupe breton Bolloré qui est aujourd’hui la valeur montante... » Fin de citation de l’article de Fabrice Tarrit de l’association Survie.

« Pour en finir avec les paradis fiscaux
p11 Corruption, trafic d’armes, détournement de l’aide au développement, financement de partis politiques... Les opérations de la Françafrique seraient impossibles sans des paradis fiscaux tels que la Suisse, les Bernudes, le Luxembourg, le Panama ou les îles Caïman. Secret bancaire, absence de coopération judiciare internationale, fiscalité réduite : ces paradis du capitalisme et de la criminalité sont des gages d’opacité et d’impunité... Un exemple ? En 1994 éclate l’affaire Elf. 10 ans de procédures pour découvrir qu’Elf a été créée en 1967 pour servir de prolongement politique à l’action de la France en Afrique. Elle abritait plusieurs centaines d’agents secrets, entretenait des sociétés de mercenaires, participait à l’organisation de coups d’Etat, via les paradis fiscaux, Elf a organisé le drainage d’énormes marges occcultes sur l’exploitation de l’or noir africain :... Les clés de l’affaire Elf sont dans les coffres des paradis fiscaux ... En 1998, c’est au tour de l’Angolagate de défrayer la chronique. Là encore, les paradis fiscaux sont au coeur d’une vaste affaire de pillage du pétrole, de trafic d'armes et de corruption. On retrouve en Angola des multinationales du pétrole et de l’armement (BP-Amoco, TotalFinaElf, Exxon...), des intermédiaires financiers spécialistes des montages opaques (Pierre Falcone, Jean-Charles Marchiani, Arcadi Gaydamak...) et les services secrets de différentes puissances mondiales (France, Etats-Unis, Russie, Israël, etc.) » L’auteur rappelle différentes affaires rendues publiques, dans lesquelles les paradis fiscaux étaient présents : « 2001, faillite spectaculaire d’Enron ... (près de 700 filiales dans les îles Caïman)... 2002, marée noire sur les côtes de la Galice....Les responsables courent toujours... 2003, affaire Metaleurope : 2000 licenciements sauvages, un site pollué laissé en l’état... Nous pourrions multiplier les exemples. De l’affaire Léotard au trucage des marchés publics d’Ile-de-France, du scandale de la MNEF à celui du Kremlingate, les paradis fiscaux sont impliqués dans tous les grands scandales de ces dernières années ... ils abritent plus de la moitié des fonds déposés dans le monde... 500 mille milliards de dollars seraient déposés dans les banques des îles Caïman, faisant de ce confetti la 5ème puissance financière de la planète (elle compte autant d’immatriculations de sociétés que d’habitants, environ 35 mille). La quasi totalité des banques occidentales a des sucursales dans des paradis fiscaux... BNP Paribas... Crédit Agricole... CIC... Crédit Lyonnais... Natexis Banques Populaires... Société Générale, etc. Les grandes sociétés ne sont pas en reste... Air France... Thomson... Schneider... Renault... Total... En témoigne l’évasion fiscale croissante. Rien qu’en France celle-ci est estimée à 50 milliards de dollars par an, soit autant que l’aide publique au développement annuelle des pays de l’OCDE... » aide dont la destination est mal contrôlée, comme le montre cet article. Et plus les recettes publiques fondent, plus les gouvernements font pressions sur les contribuables honnêtes et modestes. « Au Nord comme au sud, cette situation profite surtout aux contribuables les plus aisés et aux grandes entreprises », aux hommes politiques corrompus et aux dictateurs, génocidaires, barbouzes et compagnie « « Les réseaux du crime organisé n’ont fait que suivre les chemins tout tracés par les entreprises multinationales et qu’emprunter les multiples circuits d’occultation que la plus fine fleur des avocats, notaires et banquiers londoniens, luxembourgeois et genevois ont su inventer (Le Capitalisme clandestins, Godefroy & Lascoumes, La Découverte, 2004.) »

« Des solutions politiques
Face à cette situation inacceptable, que pouvons-nous faire ? D’abord, combattre une idée reçue, celle de l’impuissance politique. Si les acteurs dominants de la politique ou de l’économie souhaitent réellement lutter contre les paradis fiscaux, ils le pourraient. La cinquantaine de paradis fiscaux que compte la planète s’est développée grâce au soutien actif des pays occidentaux, Etats-Unis et Europe en tête. Leur existence est d’ailleurs parfaitement légale au regard de la législation internationale. Il ne s’agit pas de territoires « pirates » se développant à l’insu des Etats « légaux » : 95% des paradis fiscaux sont d’anciens comptoirs ou colonies britanniques, français, espagnols, néerlandais, américains, restés dépendants des puissances tutélaires. Par exemple comme le déclarait un procureur de New York en 1998 : « Les îles Caïman appartiennent à la Couronne britannique. Leur gouverneur comme leur ministre de la Justice sont nommés par Londres. Le Royaume-Uni a donc le pouvoir de mettre un terme au laisser-faire dans sa colonie, mais il n’en fait rien » (Le Capitalisme clandestins...) La situation est similaire entre Monaco et la France, le Delaware et les Etats-Unis, ect. La lutte contre les paradis fiscaux est urgente. Elle représente une revendication commune au Nord comme au Sud. Tout juge d’instruction ou journaliste honnête, tout militant de la solidarité internationale ou de l’écologie, tout humaniste désirant une transformation sociale trouve sur sa route l’obstacle des paradis fiscaux. D’un côté, les bénéficiaires de ces « boîtes noires » sont peu nombreux mais puissants : détenteurs de capitaux, banquiers, intermédiaires financiers, criminels, services secrets, trafiquants... De l’autre, ses victimes sont légion : populations qui subissent les dictatures, le pillage des ressources, les marées noires, les délocalisations sauvages, la coupe des budgets publics, la destruction des solidarités construites par un siècle de luttes sociales. Il est temps qu’un mouvement social fasse vaciller ce schéma tragique. Dans cette lourde tâche, des campagnes d’information et une convergence des luttes sont indispensables. C’est dans ce but que s’est constituée en février 2006 « une plateforme contre les paradis fiscaux et judiciaires », initiée par les associations Survie (tél : 01 44 61 03 25), ATTAC, CADTM, CCFD, CRID, Eau Vive, Réseau Foi & Justice, Secours Catholique/Caritas France, Transparence Internationale. Puisse cette coalition porter ses fruits et s’élargir. » Fin de citation de l’article de Samuël Foutoyet auteur de la brochure, Pour en finir avec les paradis fiscaux, Survie, 2005. Membre du bureau national de Survie.

Clin d’œil au scandale politico-financier qui agite les médias
Le Point du 4 mai 2006 page 44 écrit « La caisse de compensation Clearstream… Pour Denis Robert, c’est la blanchisseuse de l’argent sale. »

Devenez un meilleur acteur de la vie économique avec la Nef
Je rappelle l’existence de la banque solidaire la Nef, qui est la plus « propre » et recommandée, et qui partage les bureaux du Crédit Coopératif. Silence dénonçait dans son N°320 de février 2005 page 31 « Les couacs de la NEF » et disait « Début avril 2004, la publicité proposait aux clients d’ouvrir un compte-épargne dont la moitié des intérêts serait reversée à la Fondation Energies pour le monde, qui selon la publicité, mène des actions en faveur des énergies renouvelables dans les pays du Sud. C’est oublier un peu vite qui se trouve derrière cette fondation... : ADEME, ministre de l’écologie, Caisse des dépôts et consignations, mais aussi BP, Total, l’Institut français du pétrole, la Camif, Gaz de France, EDF et pour corser le tout le CEA (nucléaire militaire) et Framatome (producteur de centrales nucléaires)... » L’article nous apprend que la commission bancaire de la Banque de France a obligé la Nef à passer sous la tutelle du Crédit coopératif. Et, que « pour cause de lien avec le Crédit coopératif... la Nef se voit menacée d’une action en justice par l’UCF-Que Choisir. » Nous apprenons encore que « la Nef a collecté en 2003 pour 112 millions d’euros, mais du fait des fluctuations des comptes des sociétaires, seuls 63 millions d’euros sont disponibles pour des prêts. Or fin 2003, le total des prêts accordés par la Nef ne dépasse pas 20 millions d’euros... seuls ces 20 millions de prêts sont vraiment « hors système », le reste étant malheureusement encore sous contrôle de la finance classique. Mais au moins, on peut le savoir en lisant les comptes de la Nef. » Plus il y aura de clients à la Nef et plus à mon sens, elle gagnera en indépendance et en autonomie de gestion. J’encourage ceux qui perçoivent de la participation d’entreprise, fonds qui doivent restés placés au minimum 5 ans, à faire un placement sur un fond commun de placement « éthique ». Voir la Charte PIC pour connaître les raisons et les mesures à mettre en oeuvre pour la décroissance de sa consommation.

Voici des extraits de l’article d’Ardiouma Sirana Président du Collectif de France Affaire Norbert Zongo (COFANZO) membre de Survie. P13 :

« Les résistances africaines
Commençons donc par clarifier la notion de « résistances africaines » à partir de deux exemples tirés de l’histoire récente d’un pays africain, le Burkina Faso. Lors d’un discours devenu célèbre, le président burkinabé Thomas Sankara a tenu ces propos le 27 juillet 1987 devant ses pairs à la tribune de l’OUA (aujourd’hui UA ou Union africaine) : « Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus. Il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l’étranger des sommes colossales qui suffiraient à développer l’Afrique....Il y a donc lutte et l’exacerbation de cette lutte amène les pouvoirs financiers à s’inquiéter. On nous demande aujourd’hui d’être complice de la recherche d’un équilibre. Equilibre en faveur des tenants du pouvoir financier. Equilibre au détriment des masses populaires. Non ! nous ne pouvons pas être complice.... Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsable de la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce que les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront pas payer, c’est-à-dire la dette de sang. C’est notre sang qui a été versé. » Deux mois après... Thomas Sankara tombait sous les balles de la garde prétorienne du capitaine Blaise Compaoré. Le mensonge servi aux burkinabés et au monde pour justifier ce coup d’état soutenu par la France a été : le « beau Blaise », qui a toujours été « soucieux des intérêts de son peuple, a dû mettre fin à la dérive du pouvoir autocratique de Sankara qui a trahi la cause de la révolution » Ce mensonge d’Etat fera long feu. Au Burkina, l’assassinat du premier chef d’Etat africain qui osa tenir tête à Mitterrand sera suivi de nombreux autres, dont celui du journaliste Norbert Zongo en 1998. Ce dernier avait... levé le voile sur les dessous mafieux du « règne Compaoré ». 2003, sommet de l’OMC à Cancun... » où Compaoré « l’actuel président... défendait ses propres intérêts de propriétaire terrien, non pas ceux des petits producteurs du Burkina, du Mali ou du Bénin... L’Afrique bouge et fourmille de résistances multiformes. Faces aux dictatures tenaces, de larges secteurs de la société civile africaine continuent de se battre.... Le contre-sommet Afrique/France en novembre-décembre 2005 et le forum social mondial en janvier 2006 ont témoigné de la montée en puissance des résistances africaines. Ces récentes rencontres citoyennes de Bamako ont montré la maturité des acteurs de la société civile africaine qui ont su cibler... les thèmes majeurs sur lesquels ils entendent se mobiliser... : la lutte contre l’impunité ... la justice sur les nombreux crimes économiques et de sang qui jalonnent le règne des Bongo, Idriss Débi, Blaise Compaoré, la dynastie Gnassingbé, etc... ; la lutte contre la vie chère... ; la lutte contre la souveraineté alimentaire... ; la lutte contre la réconquête et la jouissance par les populations africaines des richesses naturelles du continent... » A Bamako il y avait aussi des « centaines de représentant(es) d’ONG du Nord... Cette coopération des acteurs de la société civile internationale constitue un phénomène socio-politique important. C’est une nouvelle donne citoyenne que devront intégrer les résistants africains dans l’élaboration de la stratégie de leurs combats futurs. Savoir s’inspirer des exemples des pionniers du panafricanisme (Nkuamé Nkrumah, Sylvianus Olympio, Amilcar Cabral, Patrice Lumumba, Nelson Mandela... ) tout en s’appuyant intelligemment sur les nouveaux atouts et les nouvelles revendications que recèle le mouvement alter-mondialiste naissant, tels sont les deux défis majeurs qui se posent aujourd’hui aux résistances africaines.» Fin de citation.