FEUILLE du PIC (Programme International du Coeur ou du Citoyen)

TRAITE de POLIQUE ALONSO - Coronavirus COVID-19, Drawdown, Démocratie, Écologie, Environnement et Climat, Crise financière, Décroissance, Inégalités Nord-Sud, Consumérisme, Productivisme, Pacifisme, Djihad, Spiritualité, Non-violence, Charte du consommateur responsable, Végétarisme, Commerce équitable, Ville en transition, Gandhi, Non-violence, Résistance civile.

02 décembre 2012

Appel au temps de la conscience

Nous allons exposer brièvement trois études qui indiquent une fin proche de l’humanité, si les autorités politiques internationales persistent à maintenir le même cap de civilisation. En 2003 l’astrophysicien H. Reeves observe des données climatiques, le célèbre MIT (Massachusetts Institute of Technology) utilise en 2004 des données économiques, et le cancérologue D. Belpomme projette des données sanitaires la même année.

Les chercheurs du MIT, auteurs du rapport du Club de Rome (a), rappellent qu’en 1972 la fin de la croissance économique mondiale leur apparaissait comme une éventualité très lointaine, et qu’en 1992, lors de la première réactualisation de leur rapport, ils découvraient que l’économie humaine avait « dépassé les limites de capacité de charge de la planète » vers 1980 (b), et que très prochainement l'économie physique entrerait en collision avec les limites des ressources naturelles si « une politique internationale judicieuse » ne ramenait pas « le monde en territoire soutenable ». En 2004 leurs conclusions sont plus pessimistes. Après l’échec du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 2012 - sur fond de grave « crise » économique - c’est à la baisse que nous devons réviser leurs prévisions. La première figure donne les prévisions si nous ne changeons rien à notre économie. Les cinq courbes nous indiquent que nous ne nous remettrons pas de la « crise » actuelle. La production industrielle va continuer à décroître avec la nourriture disponible, la population mondiale diminuera vers 2025, voire dès à présent selon le point rouge. La deuxième figure au verso montre également que la population a augmenté fortement depuis 1900, mais deux courbes seulement parmi les dix scénarios envisagés ne régressent pas fortement après 2075. Idem pour le bien-être humain qui stoppe vers 2025 et qui régressera de plus d'un siècle en 2100.
 

Les principaux facteurs responsables sont nos modes de production et de consommation, qui font déborder les exutoires et les rendent de plus en plus impuissants à éliminer la pollution et les déchets générés par notre économie. De plus, la déforestation, la stérilisation des terres arables (sécheresses, agrochimie et pollution, épuisement, salinisation, érosion, goudronnage, bétonnage), la pollution des eaux (lacs, fleuves, mers, nappes souterraines), diminuent la production agricole pendant que les ressources fossiles s’épuisent. De ce fait, le coût de l'exploitation des ressources terrestres augmentera au point de bloquer la croissance et d’augmenter la mortalité (maladies, faim). Nous savons pourtant que vers l’an 2000 – dans un monde où la richesse était répartie très inégalement – l'humanité entière dépassait déjà de 20% la biocapacité terrestre. Il aurai fallu à l’époque 1,2 terre pour rendre notre économie durable dans le temps. En 2025 les deux tiers de la population mondiale manqueront d'eau douce, alors que vers l'an 2000 un tiers en manquait déjà. Comme il faut mille tonnes d'eau douce pour produire une tonne de céréales, bon nombre de pays, jadis autosuffisants sur le plan alimentaire, sont obligés d'importer dès à présent leurs céréales. La raréfaction de nourriture s'étendra aux pays développés.

L’astrophysicien Hubert Reeves donne trois scénarios futurs possibles (d). Le premier est celui que nous vivons et qui semble inéluctable. La température augmentera de 3 à 5°C d’ici 2100. Des îles et des villes disparaîtront, la faune et la flore des zones chaudes migreront vers le nord, mais la majeure partie d’entre elle disparaîtra. La population humaine chutera parce qu’elle aura du mal à s’adapter et à s’approvisionner en eau et en nourriture. Deuxièmement la température atteint 60 à 70°C. La vie reculera d’un milliard d’années, et seules certaines algues et bactéries survivront. Comme il restera cinq milliards d’années de vie au soleil, on peut envisager un retour de l’homme. Troisièmement la température s’élève de plusieurs centaines de degrés, et toute vie sera anéantie, l’humanité ne réapparaîtra probablement pas.

Le scénario du professeur Belpomme (c) prend en compte l’incidence du réchauffement climatique sur la santé humaine. Selon Belpomme, avant que la température augmente de 5 à 10°C, l’humanité aura disparu suite à de très nombreux problèmes de santé. Effectivement, l’augmentation de la chaleur favorise la multiplication et la dissémination des bactéries, des virus et des parasites, et l’apparition de maladies tropicales inconnues sous nos latitudes. Nous pouvons craindre un « sixième épisode d’extinction biologique ». De plus, Belpomme affirme que les maladies d’aujourd’hui ne sont plus naturelles mais presque toutes artificielles, et que rien n’indique que les futurs progrès de la science permettront de les éradiquer comme nous l’avons fait dans le passé pour les maladies infectieuses. Depuis la Seconde guerre mondiale, le nombre des nouveaux cas de cancer n’a cessé d’augmenter. Ce phénomène concerne tous les pays fortement industrialisés et s’étend aux pays en voie de développement. « Nous nous trouvons confrontés à un problème qui n’est plus d’ordre médical, mais sociétal. » - « Ecologie et santé, environnement et cancer sont liés. » dit-il. Parmi les 150 000 molécules utilisées par l’industrie et l’agriculture, seulement quelques milliers ont été testées pour leurs effets toxicologiques.
 

Le temps de l’évolution : L’univers (observable) a 13,7 milliards d’années et le système solaire en a cinq. La terre, satellite du soleil, a 4,5 milliards d’années. Durant trois milliards d’années la terre n’a porté que des organismes unicellulaires comme les bactéries. La vie que nous connaissons est apparue il y a un milliard d’années. L’évolution compte cinq extinctions biologiques provoquées par des catastrophes astronomiques ou géologiques. La dernière, qui date de 65 millions d’années, est due à la collision de la terre avec une météorite géante, qui aurait exterminé 50% des espèces vivantes, dont les dinosaures. Grâce à elle, sont apparus les petits mammifères dont les préhumains sont issus. Nos lointains ancêtres n’ont pas plus de sept millions d’années. La durée d’une vie humaine - environ 80 ans - est insignifiante comparée aux échelles astronomique, géologique et biologique. Elle correspond également au début de la consommation de masse, avec l’arrivée dans les foyers modestes du réfrigérateur, de la télévision, de la machine à laver le linge, des robots ménagers, et il est indéniable que ces nouveautés ont augmenté le bien être des femmes et des hommes. Mes contemporains, qui ont toujours vécu sans compter avec les progrès de la mécanique, de l’électricité, de l’aviation et de l’informatique, ne comprendraient pas pourquoi il faut impérativement limiter leur usage dès à présent. Emprisonnés dans une culture et une économie qui n’envisagent plus la marche des sociétés occidentales qu’en terme de consommation et de croissance du PIB (Produit intérieur brut), nous avons appris à confondre le bien être avec le matérialisme, voire le consumérisme.

 Le temps de la destruction : C’est la recrudescence de certaines maladies, l’apparition de nouvelles affections, de nouveaux accidents graves pour la santé, le réchauffement climatique et la disparition des ressources, qui incriminent notre économie. Mais la dangerosité pour la santé humaine de certaines techniques diffusées très largement est minimisée ou niée par les industriels qui ont développé ces produits et investi pour les commercialiser. Les lobbies freinent les décisions politiques utiles pour réorienter notre modèle de production et de consommation. De plus, l’Etat est une machine très lente à réagir. Voilà plus d’un demi siècle que des chercheurs tirent la sonnette d’alarme sur la dangerosité de certaines applications sans grand résultat. De l’imposture technico-industrielle nous avons basculé dans l’escroquerie économique et l’exploitation odieuse des consommateurs. La médecine est restée essentiellement curative ou plutôt palliative parce qu’elle est incomplète, voire fausse. « La santé de nos concitoyens est vue sous l’angle de la rentabilité économique, non sous celui de l’humanisme ». Effectivement, les lobbies pharmaceutiques font aussi recette. « C’est l’homme au service de l’industrie, non l’industrie au service de l’homme. » dit Belpomme. Le profit immédiat tourne le dos au bon sens et à l’efficacité économique sur le long terme.

Le temps de la conscience : Sans changement rapide, les perspectives de l’avenir de l’humanité seront désastreuses. Pourrons-nous l’éviter ? Si oui, il appartient aux médias sincères, au monde de l'éducation et aux instances qui pratiquent l'éducation citoyenne d’informer nos concitoyens sur l’escroquerie historique dont nous sommes victimes. Les travaux récents des chercheurs devraient motiver l’apparition d’un temps de la conscience pour réfléchir sur l’avenir de l’humanité entière afin de réagir collectivement. La mise en œuvre du plan de sauvetage de la planète et de ses habitants dépend de la réorientation rapide de toutes les recherches technologiques, de l’abandon de certaines techniques, et de la mise en œuvre d’un nouveau modèle politique affranchi du monde financier. Tous les peuples de la terre doivent cesser de faire confiance à des hommes de pouvoir, et prendre dès à présent leur destin en main. Le mouvement en faveur de notre survie ne peut être qu’international. Une nouvelle Constitution pilote devrait permettre, avec les technologies de communication, la mise en place d’une démocratie directe.

Notes : a) D & D Meadows, J Randers, The Limits to Growth, 1972 & Halte à la croissance, pour la version française. The Limits to Growth, the 30-Year Update, 2004 ; Les limites de la croissance, Rues de l'échiquier, 2012, pour la version française.
b) Voire Notre empreinte écologique, Mathis Wackernagel et William Rees, éditions Sociétaires, Montréal, 1999.
c) Pr Dominique Belpomme, Ces maladies crées par l’homme, Albin Michel, 2004.
d) Hubert Reeves, Mal de terre, Seuil, 2003, cité par Belpomme.