FEUILLE du PIC (Programme International du Coeur ou du Citoyen)

TRAITE de POLIQUE ALONSO - Coronavirus COVID-19, Drawdown, Démocratie, Écologie, Environnement et Climat, Crise financière, Décroissance, Inégalités Nord-Sud, Consumérisme, Productivisme, Pacifisme, Djihad, Spiritualité, Non-violence, Charte du consommateur responsable, Végétarisme, Commerce équitable, Ville en transition, Gandhi, Non-violence, Résistance civile.

08 mai 2015

Le citoyen républicain invisible


Dire que la démocratie française va mal est un euphémisme, quand on pense à la date du 13 décembre 2007. Jour mémorable français, où le parlement a approuvé le Traité de Lisbonne, frère jumeau du Traité constitutionnel européen (TCE), rejeté par le peuple français le 29 mai 2005, preuve que la souveraineté de la Nation n'existe pas. Les médias ont continué de jouer le jeu de toute la classe politique, de tous les partis, qui s'étaient prononcés pour le « oui » au TCE, avant que le peuple réponde « non ». Ce « non » résultait d'analyses de spécialistes – comme celle de Raoul-Marc Jennar - parues sur Internet, et de débats citoyens, qui constataient que l'Union européenne (UE) n'allait pas dans la bonne direction. Mais le déni infligé au peuple par la classe politique, n'a pas été suivi de révoltes populaires en cette veille de fêtes de fin d'années 2007, ni même à la rentrée 2008, ni au printemps suivant. Le coup d'État bonapartiste ou "sarkozyste", qui vendait la France au capitalisme le plus abject, est passé comme une lettre à la poste, avec la bénédiction complice des médias. Et on pouvait s'en douter, aucune analyse journalistique - à ma connaissance - n'a fait le rapprochement entre le Traité de Lisbonne et l'arrivée de la « crise », suivi de la gestion catastrophique - probablement voulue pour servir une nouvelle fois la finance – provoquée par une politique d'austérité, qui a achevé de saigner certains États fragilisés.

Ce mois de mai 2015, les trahisons de Nicolas Sarkozy le rendent passible du tribunal correctionnel, si la justice n'est pas à nouveau entravée. Dans l'enquête sur un possible financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, les magistrats avaient mis sur écoute l'intéressé et deux de ses anciens ministres de l'intérieur, Claude Guéant et Brice Hortefeux. Des interceptions téléphoniques opérées en janvier et février 2014 par les juges montrent que l'ex-Chef de l'État disposait d'un second portable acheté sous un faux nom. L'ex-président, battu en mai 2014 par François Hollande, ne bénéficie plus depuis de l’immunité qui le mettait à l’abri des poursuites judiciaires. Les écoutes révèlent des échanges avec un autre portable acquis aussi avec un nom d'emprunt par l'avocat de Sarkozy. Conclusion : l'ex-président et son avocat étaient renseignés sur les travaux de la Cour de cassation saisie de la procédure de l'affaire Bettencourt, qui met également en cause Sarkozy. « Après dix-huit heures de garde à vue, Sarkozy a été mis en examen, début juillet 2014, pour « corruption active », « trafic d'influence1 » et « recel de violation du secret professionnel ». Gilbert Azibert, premier avocat général près la Cour de cassation, et son collègue Patrick Sassoust, avocat général à la chambre criminelle de la haute juridiction, transmettaient à l'avocat de M. Sarkozy, des informations confidentielles pour entraver la bonne marche de la justice. D'où aussi, l'incrimination de « violation du secret de l'instruction ». Thierry Herzog et Gilbert Azibert ont été mis en examen. Contre les services rendus, M. Azibert voulait bénéficier d'un appui de Sarkozy pour un poste de conseiller d'État à Monaco. C'est ainsi que les écoutes téléphoniques opérées par les juges Serge Tournaire et René Grouman ont révélé un réseau d'informateurs au sein des institutions policières et judiciaires de l'État, au service du clan Sarkozy sur les nombreuses procédures judicaires le concernant. Patrick Calvar, patron du contre-espionnage français, a dit aux juges que M. Sarkozy lui avait téléphoné en juin 2013, pour lui soutirer des informations. Et en décembre 2013, les conversations interceptées entre M. Hortefeux et le patron de la police judiciaire de Paris, Christian Flaesch, entraînaient la mise à l'écart du patron du Quai des Orfèvres2.

Les juges d'instruction du TGI de Bordeaux avaient mis Nicolas Sarkozy en examen en mars 2013, suite à des indices montrant que l'ex-candidat à la présidentielle, élu Président de la République en 2007, avait abusé du présumé état de faiblesse dû à son âge, de Madame Liliane Bettencourt, deuxième fortune de France, pour lui soutirer de l'argent afin de financer sa campagne électorale. Fin mai 2013, le journal Le Parisien publiait que Sophie Gromb, l'une des experts ayant rédigé le rapport sur Liliane Bettencourt depuis septembre 2006, avait été témoin au mariage du juge Jean-Michel Gentil en 2007. Juge qui a décidé de mettre Nicolas Sarkozy en examen suite à cette expertise. La requête en suspicion légitime a été déposée près de la Cour de cassation à la demande des mis en examen : l'ex-président Nicolas Sarkozy, l'ex-ministre Eric Woerth, le photographe Francois-Marie Banier, l'homme d'affaires Stéphane Courbit, et le gérant de la fortune Bettencourt Patrice de Maistre. La Cour de cassation s'est déclarée incompétente concernant la requête en dessaisissement des trois juges bordelais qui instruisaient l'affaire Bettencourt. Dans son arrêt, elle a estimé que la demande relevait de la cour d'appel de Bordeaux3. La Cour de cassation a dépaysé l'affaire à Bordeaux. Le 7 octobre, à l'issue de trois ans d'instruction, les juges Jean-Michel Gentil et Valérie Noël du tribunal de Bordeaux, ont bizarrement estimé que les charges retenues contre Nicolas Sarkozy sur l'affaire Bettencourt étaient trop faibles, et ont prononcé un non-lieu, qui lui a évité le tribunal correctionnel. Mais en mai 2015, la cour d'appel de Paris juge légal l'enregistrement des conversations interceptées par la justice entre Nicolas Sarkozy – devenu à nouveau président de son parti UMP4 et candidat à l'élection présidentielle 2017 - et son avocat Thierry Herzog. L'ancien Chef de l'État est à nouveau sous la menace d'un procès en correctionnel pour corruption et trafic d'influence. Ironie du sort, Sarkozy fait appel de cette décision près de la Cour de cassation, pour savoir si les écoutes secrètes diligentées par le tribunal ont violé ou pas sa vie privée, si elle sont légales ou illégales, l'illégalité effacerait son ardoise et en ferait à nouveau un présidentiable pour 2017. De ce fait, Nicolas Sarkozy ou l'UMP ou des actes sous sa présidence, restent cités dans les affaires : Bygmalion, Bettencourt, Lybienne, les sondages de l'Élysée, Tapie-Crédit Lyonnais ... Ce feuilleton judiciaire montre l'état de délitement et de corruption du pouvoir et de la justice en France. Mais aucun vent de révolution (je la veux non-violente), voire de manifestation populaire, ne se déchaîne contre la « voyoucratie ». Tout est à reconstruire.

Le citoyen révolutionnaire, devenu citoyen mandant, citoyen surveillant, citoyen résistant et contestataire, s'est évanoui dans le paysage français pour devenir invisible. Bâillonné, manipulé, trompé, désinformé, pressuré, dépouillé, le citoyen français est désenchanté. Dès que le monde politique repose sur la manipulation médiatique télévisuelle, un enseignement idéologique d'État et privé mensonger, on ne peut pas s’étonner de voir l’argent occuper un rôle majeur dans la conquête du pouvoir. L’argent des partis est issu des subventions de l’État, des milliardaires qui tirent les ficelles, des réseaux financiers occultes, et de moins en moins des adhérents. Les médias sont dans les mains des grands propriétaires qui financent les campagnes politiques. Les partis en échange de ces services maintiennent des lois, des impôts et des prélèvements sociaux à leur faveur. Ces mêmes partis soutiennent la dérégulation de la finance qui sert les spéculateurs, et une politique militaro-industrielle au service des industriels, et contre les peuples. L’emploi subit des délocalisations et des fusions qui augmentent le chômage au nom de la rentabilité et du profit. Le commerce importe des denrées d’Asie au mépris des travailleurs locaux. Le secteur de l’énergie privilégie le pétrole, les centrales nucléaires sur les énergies douces plus rentables pour les particuliers. L’État conserve des monopoles qui reposent sur des stratégies militaires périmées, et tolère la spéculation financière boursière, plus désastreuse pour l’économie que les guerres. L’industrie, l’agronomie, la pharmacologie, etc., intoxiquent les consommateurs avec des produits issus de l’industrie pétrochimique. Le monde politique fait l’objet de plus en plus d’affaires de corruption. Mais les accusés, qui ont occupé des postes politiques sont rarement inquiétés. Les marchandages crapuleux entre les partis dominants dessaisissent les juges, étouffent les affaires. « Entre le citoyen et l’État, c’est la loi qui opprime et l’État qui s’en affranchit » (Pontaut et Szpiner, L'État hors la loi, Fayard, 1989, cité par Plenel, La Part de l’ombre, Gallimard, 1994, p41). L'Union européenne et les institutions internationales sont des instruments qui déstabilisent les démocraties représentatives, augmentent les inégalités, et dressent les communautés et les peuples les uns contre les autres. Dès lors, comment s’étonner que le citoyen devienne invisible. La Chine ne s'est pas réveillée, c'est l'Europe et les État-Nations qui se sont endormis.




Notes : Autres sources pour les faits judiciaires : liberation.fr, mediapart.fr, l'express.fr, lemonde.fr, sudouest.fr



1 - Le trafic d'influence, qui est puni de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 500 000 euros, vise, selon l'article 433-2 du code pénal, le fait « de solliciter ou d'agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d'une autorité ou d'une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable ».
2 - En décembre 2013, Christian Flaesch, 52 ans, salué comme un « grand flic », un « grand professionnel », par Manuel Valls, ministre de l'intérieur du gouvernement socialiste, quitte son poste. Walls lui cherchait une autre affectation depuis un certain temps pour « faire respirer le service »
3 - Effectivement, une requête en suspicion légitime, vise une juridiction et est du ressort de la Cour de cassation, tandis qu'une requête en récusation, vise un magistrat et est du ressort du premier président de la cour d'appel.
4 - Le 13 août 2014, Luc Chatel, secrétaire général de l’UMP, déclare au journal Le Monde, que son parti pourrait compter le 29 novembre 2013 sur un corps électoral autour de 270 000 à 290 000 militants pour voter l'élection de leur président. Le coprésident de l’UMP Alain Juppé le 8 juillet 2014 annonçait que l'UMP comptait 143 000 adhérents à jour de cotisation à la fin du mois de juin. Sont-ils tous inconscients, complices ou désinformés ?