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04 décembre 2023

L'œuvre de Yacouba Sawadogo (1946-2023)

L'œuvre de Yacouba Sawadogo (1946-2023) est un magnifique exemple pour l’Afrique et l'Environnement

Le Burkinabè Yacouba Sawadogo, cultivateur, lauréat du Right Livelihood Award 2018 (prix Nobel alternatif) est décédé le 3 décembre 2023 (3). Tous les écologistes de la planète doivent connaître son œuvre grandiose de paysan et honorer sa mémoire.

Plutôt que de fuir devant les vents chauds du désert, comme beaucoup d'Africains démunis de tout, Sawadogo est rentré dans son pays à l'âge de 30 ans où sévissait la famine, pour apporter un savoir faire ancestral. Sawadogo entreprend de renouveler des techniques ancestrales de culture comme le zaï et a développé l'agriculture et une forêt aux portes du Sahel. Dans « L’homme qui arrêta le désert », le géographe Damien Deville, auteur d’une thèse sur les forêts des Cévennes, rend hommage à ce paysan burkinabè, qui a fait pousser des champs et une forêt de 27 hectares en milieu aride. Toute sa vie, il a planté des arbres dans son village de Gourga, dans la région du Yatenga (Nord). Il a été reconnu champion des Nations unies pour l’environnement en 2020.

L’épopée fertile de Yacouba commence dans la terrible sécheresse du début des années 1980, qui détruit cultures et animaux, Yacouba entreprend de renouveler des techniques ancestrales de culture. Au Sahel, le zaï est un système traditionnel de réhabilitation de la productivité des terres pauvres et encroûtées qui consiste à creuser manuellement des trous pour y concentrer les eaux de ruissellement et les matières organiques1. Faisant fi de ceux qui le prennent pour un fou et estime déjà son entreprise condamnée, il creuse des poquets, joue avec les rythmes du ruissellement, construit les cordons pierreux dont il a pu éprouver l’efficacité chez les Dogons du Mali et fait des termites ses alliés pour régénérer les sols.

Yacouba n’a plus jamais quitté sa forêt, ou seulement pour partager ses expériences avec d’autres paysans des zones arides, et n’a cessé d’alerter sur l’urbanisation croissante de la ville voisine de Ouahigouya. Ces dernières années, plusieurs attaques terroristes ont ensanglanté la région du Yatenga, proche du Mali. Dans ce contexte, Yacouba a vu sa capacité à essaimer à perpétuer son œuvre au Burkina fortement ralentie, rapporte Damien Deville. Son fils Lookman Sawadogo a repris le flambeau : son association incite les femmes des villages du Katenga à reforester grâce à la technique du zaï ou aux pépinières.

La vie de Yacouba elle-même a tout d’une parabole. Alors que les villes à l'occidental peuplent l’imaginaire collectif africain, comme étant les meilleures voies d’émancipation, Yacouba a trouvé l’accomplissement de sa vie dans « l’affection à son port d’attache ». Un choix qui rejoint les convictions de Damien Deville, : « On aurait intérêt à remettre en récit la diversité des territoires, les manières d’y vivre pour trouver des solutions plus pertinentes au monde contemporain. La question n’est pas de savoir dans quels territoires on peut vivre ou pas, mais comment vivre dans chaque territoire en respectant les grands équilibres écosystémiques. Yacouba en est un magnifique exemple pour l’Afrique et pour le monde. »

« L’homme qui arrêta le désert » de Damien Deville, éditions Tana, 106 pages, 15,90 euros.


Jean-Paul Alonso, Saintes le 04/12/2023 ; d'après l'article de Jeune Afrique2

Notes :

1https://www.inter-reseaux.org/ressource/le-zai-quest-ce-que-cest/

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