Le nouveau gouvernement socialiste et la "crise"
Saintes, le 22 mai 2012
Madame, Monsieur,
Madame, Monsieur,
, les traders
continuent à faire leur beurre sur le dos des Nations en profitant
de la dérégulation financière et la planète et bon nombre d’êtres
humains se meurent. De plus, si, selon la logique ultralibérale, la
croissance était une des solutions pour relancer l’Europe, il
faudrait s’y prendre autrement. Faisons le point :
Qu’est-ce que la doctrine ultralibérale ? L’expression ultralibérale est née de la généralisation et du durcissement du capitalisme sur terre après 1990. Cette doctrine admet - en théorie - une intervention encore plus limitée de l’État dans les affaires économiques que le libéralisme classique. Elle est responsable de la privatisation outrancière de l’économie et des services publics, des délocalisations et de l’abolition des frontières pour la libre circulation des capitaux. La doctrine ultralibérale a pris une telle ampleur qu’on la confond avec la mondialisation après la chute du Mur de Berlin et l’entrée de la Russie et de la Chine dans le commerce international. Cuba est l’un des derniers bastions du socialisme à s’ouvrir au commerce international en 2010.
La
doctrine ultralibérale a été balayée (ou couronnée) par la
«crise» débutée en 2007 aux États-Unis (voir note), qui a
déclenché une intervention massive des États pour sauver les
banques d’affaires, sans remédier aux abus de la spéculation avec
de nouvelles lois (première mesure qu’aurait dû proposer, avec
l’abolition des paradis fiscaux, le nouveau gouvernement socialiste
en 2012). La dérégulation financière, l’accélération de la
rapidité des opérations boursières internationales et
l’augmentation des volumes échangés, font que les États
gouvernent de moins en moins les intérêts des Nations. Les maîtres
de la nouvelle mondialisation capitaliste sont les centres
d’affaires, les banques, les bourses, les firmes internationales,
la Banque mondiale, le FMI, etc. Les nouveaux milliardaires,
véritables seigneurs du monde, ont des pouvoirs et des fortunes
supérieurs aux États - tous endettés - et entraînent certains
d’entre eux dans leur chute. De plus en plus de pays sont étouffés
par les délocalisations, le pillage de leurs ressources naturelles
ou économiques et ne sont plus qu’un territoire géographique à
la dérive sur la carte mondiale. Ils ont cessé d’exister en tant
que Nation souveraine des peuples. L’Europe elle-même avec la zone
euro est en voie d’implosion. Nul doute, en plombant les économies
réelles, en augmentant le nombre des affamés sur terre, les traders
américains ont provoqué une cruelle décroissance économique, qui
sème la désolation sur terre. Ironie du sort, le concept de
« décroissance »des altermondialistes ne mise pas sur
les opérations de type génocidaire provoquées par les crises
financières incontrôlées, bien au contraire, ils recherchent la
maîtrise de l’économie-monde, pour que tous les pays prospèrent
sur la planète. Mais cette prospérité ne s’obtiendra pas sans
respecter les grands équilibres naturels, but des mouvements
écologiste, « décroissant » et altermondialiste.
Croissance
ou décroissance économique ?
J’ai dit « décroissance économique » et non «
décroissance » parce qu’il convient de préciser, qui et quoi
doit décroître dans ce monde où deux milliards de personnes sur
les sept milliards n’ont pas accès à l’eau potable, et où,
dans un contexte de production alimentaire record selon
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO), 925 millions de personnes sont sous-alimentées
contre 826 millions en 2002, merci les traders ! Cet objectif
s’adresse principalement aux pays industrialisés comme le nôtre
(pas des pauvres) qui vivent aux dépens de la biosphère et des pays
du Sud. Ensuite il convient de s’entendre sur quelle base doit
s’établir cette décroissance économique. On doit décroître en
consommation, et croître dans tous les autres domaines (éducation,
lien social, culture, partage des peuples, etc.). La décroissance
pour la décroissance n’a pas plus de sens que le profit pour le
profit. Il faut pour avoir une chance d’être entendu, dire
pourquoi et comment l’économie doit décroître. Appliquer la
charte du consommateur responsable dans mon essai, le Guide de la
révolution non-violente (en
vente dans toutes les librairies dont la Bouquinerie, Peiro Caillaud
et à la Maison de la presse à Saintes)
est un premier pas individuel, qui doit s’accompagner d’une
politique gouvernementale audacieuse. Sortir du consumérisme et du
productivisme n’interdit pas d’alléger la peine humaine avec la
machine. Mais je crois qu’aucun de nous ne souhaite voir des
catastrophes écologiques ni voir disparaître l’humanité sous ses
déchets. Nous devons disposer des bonnes informations pour corriger
nos comportements. Le projet d’une économie décroissante, réelle
et non faussée n’est pas nouveau.
Un
rappel historique ne fait jamais de mal :
Les discours sur la décroissance apparaissent en Occident chez les
philosophes cyniques grecs comme Diogène de Sinope (~413-~327 av.
J.-C.) pour qui, il n’est plus question de se réfugier dans la
possession de biens matériels, de richesses, il faut se montrer apte
à se suffire à soi-même. Les épicuriens et les stoïciens
tiendront les mêmes propos. Plus proche de nous, l’économiste
britannique T.R. Malthus (1766-1834) montre que dans l’Angleterre
du XIXème siècle la croissance de la population est supérieure aux
subsistances qu’elle est capable de produire. Le physicien français
Sadi Carnot (1796-1832) montre avec la deuxième loi de la
thermodynamique que le processus de transformation de l’énergie en
mouvement n’est pas réversible. Prenons un exemple : quand on fait
tourner une dynamo avec un moteur à essence, l’énergie électrique
récupérée à la sortie de la dynamo est moindre que celle produite
par le litre d’essence, c’est la loi d’entropie de la
thermodynamique. Même les énergies renouvelables : éolienne,
solaire (photovoltaïque, thermique), hydroélectriques (marée,
barrage), etc. fonctionnent grâce à des installations qu’il faut
renouveler, il n’existe pas de « développement durable » infini.
L’activiste américain H.D. Thoreau (1817-1862) est le précurseur
de la simplicité volontaire. Les travaux de l’ukrainien Sergueï
Podolinsky (1850-1891) concilient l’écologie et le socialisme,
mais il échoue à convertir Marx à l’écosocialisme. Dans les
années 1960 des penseurs comme Cornelius Castoriadis, Ivan Illich,
André Gorz, François Partant, défendent un monde plus sobre. N.
Georgescu-Roegen inspiré par la deuxième loi de la thermodynamique,
invente la bioéconomie et défend l’idée de la décroissance
économique dans son livre paru en 1971. Ces travaux majeurs
démontrent la nécessité d’une décroissance économique dans les
pays industrialisés. En 1972, le premier rapport du Club de Rome «
Halte à la croissance » et la Conférence de Stockholm alertent les
politiques sur les limites de la planète. Le concept d’empreinte
écologique (voir note) des Canadiens Mathis Wackernagel et William
Rees dans les années 1990, démontre scientifiquement - cette fois -
que l’humanité vit au-dessus des moyens de la biosphère.
L’empreinte écologique mondiale (voir note) - qui est le produit
de la consommation et de la démographie - a dépassé les capacités
terrestres depuis les années 1980. En 1992 le principe de précaution
envers l’environnement apparaît à la Conférence de Rio et au
Sommet de la Terre. Il est repris dans le traité de l'Union
européenne de Maastricht la même année, et est reconnu par la
France en 2005 dans la Charte de l’environnement. Le colloque de
l’UNESCO de 2002 « Défaire le développement, refaire le monde »,
va dans le même sens. Mais après la « crise » qui a
appauvri les pays riches, la Conférence de Johannesburg en 2011 a
liquidé les engagements de Rio. Encore un mauvais coup de la finance
qui rappelle la crise des années 1930, qui a précipité le monde
dans la guerre. Pourtant les premiers économistes classiques du
courant libéral, d’Adam Smith (1723-1790) à J.S. Mill (1806-1873)
n’ont pas prôné une croissance infinie du capital ou du PIB comme
on le voit de nos jours avec les ultralibéraux. Il faut attendre les
économistes néoclassiques pour voir apparaître l’hypothèse de
substituabilité des facteurs, qui signifie que le capital
intellectuel et matériel réunis pourrait se substituer indéfiniment
au capital naturel disparu. En reprenant l’exemple précédant,
c’est affirmer que la valeur énergétique du litre d’essence se
retrouvera un jour à la sortie de la dynamo grâce à nos
cogitations savantes.
Au
constat d’une fin prochaine de la société d’abondance - due à
la finitude des ressources terrestres et à la démographie
incontrôlée - qui pourrait augmenter les guerres pour le pétrole,
l’eau douce, etc., s’est ajouté ces dernières décennies le
constat alarmant de la destruction des espèces vivantes : Edward O.
Wilson (La
diversité de la vie, Odile Jacob, 1993, cité par Latouche dans Le
Pari de la décroissance, Pluriel, 2010),
avance la disparition de 27000 à 63000 espèces par an. A cela
s’ajoute la menace du climat : la fonte des banquises, les
sécheresses, les inondations, les ouragans. Le professeur Dominique
Belpomme (Ces
maladies créées par l’homme, Albin Michel, 2004) nous
apprend que la stérilité du sperme humain pourrait éteindre
l’humanité vers 2060. L’une des causes est les pesticides comme
le Gaucho et le Paraquat, qui sont aussi responsables de la
destruction des abeilles. Le profit coûte que coûte a rendu
l’humanité schizophrène et suicidaire. Vous l’avez compris, il
faut décroître matériellement et en nombre pour mieux croître
humainement et en qualité de vie. Nous devons commencer par croître
dans notre éducation et notre humanité avant de pouvoir décroître
dans notre consommation. Un drogué privé de stupéfiant est encore
plus malheureux. La sobriété et la convivialité sont la méthadone
de la décroissance économique. En dehors des écologistes, qui
occupent des strapontins dans le nouveau gouvernement socialiste, les
partis politiques dominants européens négligent l’interdépendance
de l’humanité et de la nature. Pis, ils ne sont pas plus
compétents pour gouverner avec les valeurs ultralibérales où les Anglo-Saxons sont passés maîtres. Je vais entrer volontairement
dans cette logique ultralibérale, afin de démontrer que les petits
socialistes ultralibéraux français se trompent autant que leurs
prédécesseurs ultralibéraux de droite.
Pourquoi
la Banque centrale européenne doit dévaluer l’euro ?
En 1944 afin de favoriser l’expansion économique et le commerce
international, 44 pays signent les Accords de Bretton Woods. Les
signataires s’engagent à défendre les parités des monnaies par
rapport au dollar dans une fourchette de 1%, puis 2,25% en 1971. En
1976 ce verrou saute avec les Accords de la Jamaïque. La parité des
monnaies n’est plus garantie depuis, et les taux de convertibilité
sont libres et flottants. Le dollar est devenu la monnaie dominante
au monde. La création de la zone euro avec 17 pays européens de
capacités économiques très différentes est en grande partie à
l’origine de l’aggravation de la crise européenne de 2008-12.
Effectivement
l’euro a été évalué dès sa création en fonction de l’économie
allemande et non pour la moyenne européenne. Le fossé s’est
creusé avec la surévaluation de l’euro par rapport au dollar, qui
favorise l’économie américaine par rapport à la zone euro. Une
solution pour baisser la dette des pays de la zone euro consisterait
à dévaluer l’euro. Une parité 1$=1€ baisserait les dettes
publiques de la zone de 30 à 40%. Ce n’est pas ce qui était prévu
par notre précédant gouvernement, pas plus que le gouvernement
socialiste qui vient de le remplacer. Rappelons que le franc a été
très souvent dévalué par rapport au mark dans les périodes
économiques difficiles autant sous les gouvernements de droite que
de gauche (voir note). De nos jours l’euro vaut 30 à 40% de plus
que le dollar et défavorise l’Europe. La stratégie de la
dévaluation monétaire n’est pas pénalisante, bien au contraire
(voir note) Quand une monnaie est dévaluée, il s’ensuit une
relance des exportations, de l’emploi, puis de la demande
intérieure, l’économie se porte mieux, et la croissance
économique nationale ou du groupe de pays repart à la hausse. Les
comptes de l’Etat (ou du groupe d’Etats) se redressent et si
l’embellie économique se poursuit, l’Etat peut reconstituer ses
réserves et réévaluer sa monnaie. Les pays européens doivent
s’opposer à la domination de l’Allemagne en Europe et à celle
des Etats-Unis dans le monde. Sinon les pays acculés comme la Grèce
- dont l’économie est de 65% plus faible que la valeur actuelle de
l’euro - devront reprendre leur monnaie nationale et les pays comme
la France continueront à manger du pain noir.
La
dette de la Grèce est-elle le problème de l’Europe ?
Après la crise arrivée en Europe en 2008, suite à des produits
spéculatifs toxiques américains, les subprimes (voir note), la zone
euro a été victime en 2011 de nouvelles attaques spéculatives,
avec pour prétexte l’incapacité des européens à venir à bout
de la dette grecque. Il serait plus juste de dire que les
spéculateurs encouragés par les agences de notation américaines
ont perdu confiance dans les obligations émises par les États de la
zone euro. Pourtant, les 517 milliards de dollars de la dette grecque
(166% de son PIB) ne représente que le vingt-troisième de la dette
de la zone euro, qui s’élève à 11828 milliards de dollars. Les
plus fortes dettes européennes sont celles de l’Allemagne, 2997
Milliards de dollars (83% de son PIB), et de la France, 2438
milliards de dollars (87% de son PIB). Pour faire taire les spéculateurs,
nous devons ajouter à la dévaluation de l’euro, la mutualisation
de la dette européenne entre les 17 Etats avec l’émission
d’eurobons, auxquels hélas, s'oppose l’Allemagne. Le problème
européen est avant tout un manque de solidarité. De plus, la dette
globale de la zone euro est inférieure à son PIB (78%)
contrairement à celle des Etats-Unis (100%) et du Japon (233%).
Notons encore que les Banques centrales américaines, anglaise et
japonaise ont créé de la monnaie, ce qui a pour effet de dévaluer
leur monnaie, de baisser leur dette (monétisation de la dette), et
de favoriser la relance nationale. La Banque centrale européenne a
moins pratiqué l’interventionnisme parce qu’elle craignait la
relance de l’inflation. De ce fait, l’euro se maintient toujours
entre 1,3 et 1,4 dollar en pénalisant les exportations européennes
et l’emploi. Les Européens ont misé principalement sur la rigueur
en baissant les dépenses publiques, ce qui a eu des retombées
funestes pour la plupart des pays européens les plus déphasés avec
l’euro. Si de profondes réformes sont à faire dans certains pays
de la zone euro pour assainir les finances publiques, elles ne
pourront porter leurs fruits qu’avec un euro dont le prix sur le
marché monétaire corresponde à la réalité économique des 17 pays
et non plus de la seule économie allemande.
Notes :
Pour des explications sur la « crise », l'empreinte
écologique, etc., voir les autres pages de ce blog.
Les chiffres annoncés ici sont ceux du FMI publiés dans Le bilan du
monde 2011, éd. Le Monde.
Si
l’on considère les dévaluations appliquées au franc par rapport
au mark on obtient : -17,5% en 1958, -12,5% en 1969, -5% en 1974,
-8,5% en 1981, -5,75% en 1982, -8% en 1983, -6% en 1986, -3% en 1987.
Invitation
au « Cercle politique 2012 » : Le
Cercle politique
2012
réunira des personnes qui veulent assister ou prendre part à des
discussions qui auront pour thème « une autre manière de
faire de la politique ». Le Cercle se réunira en septembre. Si
vous êtes intéressé, merci de vous faire connaître en donnant vos
disponibilités à
jean-paul.alonso@hotmail.fr
ou à Anoso Maisons des associations 31 rue du Cornier 17100
Saintes.