FEUILLE du PIC (Programme International du Coeur ou du Citoyen)

TRAITE de POLIQUE ALONSO - Coronavirus COVID-19, Drawdown, Démocratie, Écologie, Environnement et Climat, Crise financière, Décroissance, Inégalités Nord-Sud, Consumérisme, Productivisme, Pacifisme, Djihad, Spiritualité, Non-violence, Charte du consommateur responsable, Végétarisme, Commerce équitable, Ville en transition, Gandhi, Non-violence, Résistance civile.

22 mai 2012

Le nouveau gouvernement socialiste et la "crise"






Saintes, le 22 mai 2012

Madame, Monsieur,

Le Président Barack Obama accueille avec clémence les propos très libéraux du nouveau Président Hollande, qui ne bousculent pas les intérêts de l’empire américain, responsable de la « crise » qui a mis à mal l’économie mondiale et saigné à blanc l’Europe. Pendant qu’Hollande prêche la croissance en Europe, en Allemagne, à la réunion du G8 (les 8 pays les plus riches)

, les traders continuent à faire leur beurre sur le dos des Nations en profitant de la dérégulation financière et la planète et bon nombre d’êtres humains se meurent. De plus, si, selon la logique ultralibérale, la croissance était une des solutions pour relancer l’Europe, il faudrait s’y prendre autrement. Faisons le point :



Qu’est-ce que la doctrine ultralibérale ? L’expression ultralibérale est née de la généralisation et du durcissement du capitalisme sur terre après 1990. Cette doctrine admet - en théorie - une intervention encore plus limitée de l’État dans les affaires économiques que le libéralisme classique. Elle est responsable de la privatisation outrancière de l’économie et des services publics, des délocalisations et de l’abolition des frontières pour la libre circulation des capitaux. La doctrine ultralibérale a pris une telle ampleur qu’on la confond avec la mondialisation après la chute du Mur de Berlin et l’entrée de la Russie et de la Chine dans le commerce international. Cuba est l’un des derniers bastions du socialisme à s’ouvrir au commerce international en 2010.
La doctrine ultralibérale a été balayée (ou couronnée) par la «crise» débutée en 2007 aux États-Unis (voir note), qui a déclenché une intervention massive des États pour sauver les banques d’affaires, sans remédier aux abus de la spéculation avec de nouvelles lois (première mesure qu’aurait dû proposer, avec l’abolition des paradis fiscaux, le nouveau gouvernement socialiste en 2012). La dérégulation financière, l’accélération de la rapidité des opérations boursières internationales et l’augmentation des volumes échangés, font que les États gouvernent de moins en moins les intérêts des Nations. Les maîtres de la nouvelle mondialisation capitaliste sont les centres d’affaires, les banques, les bourses, les firmes internationales, la Banque mondiale, le FMI, etc. Les nouveaux milliardaires, véritables seigneurs du monde, ont des pouvoirs et des fortunes supérieurs aux États - tous endettés - et entraînent certains d’entre eux dans leur chute. De plus en plus de pays sont étouffés par les délocalisations, le pillage de leurs ressources naturelles ou économiques et ne sont plus qu’un territoire géographique à la dérive sur la carte mondiale. Ils ont cessé d’exister en tant que Nation souveraine des peuples. L’Europe elle-même avec la zone euro est en voie d’implosion. Nul doute, en plombant les économies réelles, en augmentant le nombre des affamés sur terre, les traders américains ont provoqué une cruelle décroissance économique, qui sème la désolation sur terre. Ironie du sort, le concept de « décroissance »des altermondialistes ne mise pas sur les opérations de type génocidaire provoquées par les crises financières incontrôlées, bien au contraire, ils recherchent la maîtrise de l’économie-monde, pour que tous les pays prospèrent sur la planète. Mais cette prospérité ne s’obtiendra pas sans respecter les grands équilibres naturels, but des mouvements écologiste, « décroissant » et altermondialiste.

Croissance ou décroissance économique ? J’ai dit « décroissance économique » et non « décroissance » parce qu’il convient de préciser, qui et quoi doit décroître dans ce monde où deux milliards de personnes sur les sept milliards n’ont pas accès à l’eau potable, et où, dans un contexte de production alimentaire record selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 925 millions de personnes sont sous-alimentées contre 826 millions en 2002, merci les traders ! Cet objectif s’adresse principalement aux pays industrialisés comme le nôtre (pas des pauvres) qui vivent aux dépens de la biosphère et des pays du Sud. Ensuite il convient de s’entendre sur quelle base doit s’établir cette décroissance économique. On doit décroître en consommation, et croître dans tous les autres domaines (éducation, lien social, culture, partage des peuples, etc.). La décroissance pour la décroissance n’a pas plus de sens que le profit pour le profit. Il faut pour avoir une chance d’être entendu, dire pourquoi et comment l’économie doit décroître. Appliquer la charte du consommateur responsable dans mon essai, le Guide de la révolution non-violente (en vente dans toutes les librairies dont la Bouquinerie, Peiro Caillaud et à la Maison de la presse à Saintes) est un premier pas individuel, qui doit s’accompagner d’une politique gouvernementale audacieuse. Sortir du consumérisme et du productivisme n’interdit pas d’alléger la peine humaine avec la machine. Mais je crois qu’aucun de nous ne souhaite voir des catastrophes écologiques ni voir disparaître l’humanité sous ses déchets. Nous devons disposer des bonnes informations pour corriger nos comportements. Le projet d’une économie décroissante, réelle et non faussée n’est pas nouveau.

Un rappel historique ne fait jamais de mal : Les discours sur la décroissance apparaissent en Occident chez les philosophes cyniques grecs comme Diogène de Sinope (~413-~327 av. J.-C.) pour qui, il n’est plus question de se réfugier dans la possession de biens matériels, de richesses, il faut se montrer apte à se suffire à soi-même. Les épicuriens et les stoïciens tiendront les mêmes propos. Plus proche de nous, l’économiste britannique T.R. Malthus (1766-1834) montre que dans l’Angleterre du XIXème siècle la croissance de la population est supérieure aux subsistances qu’elle est capable de produire. Le physicien français Sadi Carnot (1796-1832) montre avec la deuxième loi de la thermodynamique que le processus de transformation de l’énergie en mouvement n’est pas réversible. Prenons un exemple : quand on fait tourner une dynamo avec un moteur à essence, l’énergie électrique récupérée à la sortie de la dynamo est moindre que celle produite par le litre d’essence, c’est la loi d’entropie de la thermodynamique. Même les énergies renouvelables : éolienne, solaire (photovoltaïque, thermique), hydroélectriques (marée, barrage), etc. fonctionnent grâce à des installations qu’il faut renouveler, il n’existe pas de « développement durable » infini. L’activiste américain H.D. Thoreau (1817-1862) est le précurseur de la simplicité volontaire. Les travaux de l’ukrainien Sergueï Podolinsky (1850-1891) concilient l’écologie et le socialisme, mais il échoue à convertir Marx à l’écosocialisme. Dans les années 1960 des penseurs comme Cornelius Castoriadis, Ivan Illich, André Gorz, François Partant, défendent un monde plus sobre. N. Georgescu-Roegen inspiré par la deuxième loi de la thermodynamique, invente la bioéconomie et défend l’idée de la décroissance économique dans son livre paru en 1971. Ces travaux majeurs démontrent la nécessité d’une décroissance économique dans les pays industrialisés. En 1972, le premier rapport du Club de Rome « Halte à la croissance » et la Conférence de Stockholm alertent les politiques sur les limites de la planète. Le concept d’empreinte écologique (voir note) des Canadiens Mathis Wackernagel et William Rees dans les années 1990, démontre scientifiquement - cette fois - que l’humanité vit au-dessus des moyens de la biosphère. L’empreinte écologique mondiale (voir note) - qui est le produit de la consommation et de la démographie - a dépassé les capacités terrestres depuis les années 1980. En 1992 le principe de précaution envers l’environnement apparaît à la Conférence de Rio et au Sommet de la Terre. Il est repris dans le traité de l'Union européenne de Maastricht la même année, et est reconnu par la France en 2005 dans la Charte de l’environnement. Le colloque de l’UNESCO de 2002 « Défaire le développement, refaire le monde », va dans le même sens. Mais après la « crise » qui a appauvri les pays riches, la Conférence de Johannesburg en 2011 a liquidé les engagements de Rio. Encore un mauvais coup de la finance qui rappelle la crise des années 1930, qui a précipité le monde dans la guerre. Pourtant les premiers économistes classiques du courant libéral, d’Adam Smith (1723-1790) à J.S. Mill (1806-1873) n’ont pas prôné une croissance infinie du capital ou du PIB comme on le voit de nos jours avec les ultralibéraux. Il faut attendre les économistes néoclassiques pour voir apparaître l’hypothèse de substituabilité des facteurs, qui signifie que le capital intellectuel et matériel réunis pourrait se substituer indéfiniment au capital naturel disparu. En reprenant l’exemple précédant, c’est affirmer que la valeur énergétique du litre d’essence se retrouvera un jour à la sortie de la dynamo grâce à nos cogitations savantes.
Au constat d’une fin prochaine de la société d’abondance - due à la finitude des ressources terrestres et à la démographie incontrôlée - qui pourrait augmenter les guerres pour le pétrole, l’eau douce, etc., s’est ajouté ces dernières décennies le constat alarmant de la destruction des espèces vivantes : Edward O. Wilson (La diversité de la vie, Odile Jacob, 1993, cité par Latouche dans Le Pari de la décroissance, Pluriel, 2010), avance la disparition de 27000 à 63000 espèces par an. A cela s’ajoute la menace du climat : la fonte des banquises, les sécheresses, les inondations, les ouragans. Le professeur Dominique Belpomme (Ces maladies créées par l’homme, Albin Michel, 2004) nous apprend que la stérilité du sperme humain pourrait éteindre l’humanité vers 2060. L’une des causes est les pesticides comme le Gaucho et le Paraquat, qui sont aussi responsables de la destruction des abeilles. Le profit coûte que coûte a rendu l’humanité schizophrène et suicidaire. Vous l’avez compris, il faut décroître matériellement et en nombre pour mieux croître humainement et en qualité de vie. Nous devons commencer par croître dans notre éducation et notre humanité avant de pouvoir décroître dans notre consommation. Un drogué privé de stupéfiant est encore plus malheureux. La sobriété et la convivialité sont la méthadone de la décroissance économique. En dehors des écologistes, qui occupent des strapontins dans le nouveau gouvernement socialiste, les partis politiques dominants européens négligent l’interdépendance de l’humanité et de la nature. Pis, ils ne sont pas plus compétents pour gouverner avec les valeurs ultralibérales où les Anglo-Saxons sont passés maîtres. Je vais entrer volontairement dans cette logique ultralibérale, afin de démontrer que les petits socialistes ultralibéraux français se trompent autant que leurs prédécesseurs ultralibéraux de droite.

Pourquoi la Banque centrale européenne doit dévaluer l’euro ? En 1944 afin de favoriser l’expansion économique et le commerce international, 44 pays signent les Accords de Bretton Woods. Les signataires s’engagent à défendre les parités des monnaies par rapport au dollar dans une fourchette de 1%, puis 2,25% en 1971. En 1976 ce verrou saute avec les Accords de la Jamaïque. La parité des monnaies n’est plus garantie depuis, et les taux de convertibilité sont libres et flottants. Le dollar est devenu la monnaie dominante au monde. La création de la zone euro avec 17 pays européens de capacités économiques très différentes est en grande partie à l’origine de l’aggravation de la crise européenne de 2008-12.
Effectivement l’euro a été évalué dès sa création en fonction de l’économie allemande et non pour la moyenne européenne. Le fossé s’est creusé avec la surévaluation de l’euro par rapport au dollar, qui favorise l’économie américaine par rapport à la zone euro. Une solution pour baisser la dette des pays de la zone euro consisterait à dévaluer l’euro. Une parité 1$=1€ baisserait les dettes publiques de la zone de 30 à 40%. Ce n’est pas ce qui était prévu par notre précédant gouvernement, pas plus que le gouvernement socialiste qui vient de le remplacer. Rappelons que le franc a été très souvent dévalué par rapport au mark dans les périodes économiques difficiles autant sous les gouvernements de droite que de gauche (voir note). De nos jours l’euro vaut 30 à 40% de plus que le dollar et défavorise l’Europe. La stratégie de la dévaluation monétaire n’est pas pénalisante, bien au contraire (voir note) Quand une monnaie est dévaluée, il s’ensuit une relance des exportations, de l’emploi, puis de la demande intérieure, l’économie se porte mieux, et la croissance économique nationale ou du groupe de pays repart à la hausse. Les comptes de l’Etat (ou du groupe d’Etats) se redressent et si l’embellie économique se poursuit, l’Etat peut reconstituer ses réserves et réévaluer sa monnaie. Les pays européens doivent s’opposer à la domination de l’Allemagne en Europe et à celle des Etats-Unis dans le monde. Sinon les pays acculés comme la Grèce - dont l’économie est de 65% plus faible que la valeur actuelle de l’euro - devront reprendre leur monnaie nationale et les pays comme la France continueront à manger du pain noir.


La dette de la Grèce est-elle le problème de l’Europe ? Après la crise arrivée en Europe en 2008, suite à des produits spéculatifs toxiques américains, les subprimes (voir note), la zone euro a été victime en 2011 de nouvelles attaques spéculatives, avec pour prétexte l’incapacité des européens à venir à bout de la dette grecque. Il serait plus juste de dire que les spéculateurs encouragés par les agences de notation américaines ont perdu confiance dans les obligations émises par les États de la zone euro. Pourtant, les 517 milliards de dollars de la dette grecque (166% de son PIB) ne représente que le vingt-troisième de la dette de la zone euro, qui s’élève à 11828 milliards de dollars. Les plus fortes dettes européennes sont celles de l’Allemagne, 2997 Milliards de dollars (83% de son PIB), et de la France, 2438 milliards de dollars (87% de son PIB). Pour faire taire les spéculateurs, nous devons ajouter à la dévaluation de l’euro, la mutualisation de la dette européenne entre les 17 Etats avec l’émission d’eurobons, auxquels hélas, s'oppose l’Allemagne. Le problème européen est avant tout un manque de solidarité. De plus, la dette globale de la zone euro est inférieure à son PIB (78%) contrairement à celle des Etats-Unis (100%) et du Japon (233%). Notons encore que les Banques centrales américaines, anglaise et japonaise ont créé de la monnaie, ce qui a pour effet de dévaluer leur monnaie, de baisser leur dette (monétisation de la dette), et de favoriser la relance nationale. La Banque centrale européenne a moins pratiqué l’interventionnisme parce qu’elle craignait la relance de l’inflation. De ce fait, l’euro se maintient toujours entre 1,3 et 1,4 dollar en pénalisant les exportations européennes et l’emploi. Les Européens ont misé principalement sur la rigueur en baissant les dépenses publiques, ce qui a eu des retombées funestes pour la plupart des pays européens les plus déphasés avec l’euro. Si de profondes réformes sont à faire dans certains pays de la zone euro pour assainir les finances publiques, elles ne pourront porter leurs fruits qu’avec un euro dont le prix sur le marché monétaire corresponde à la réalité économique des 17 pays et non plus de la seule économie allemande.


Notes : Pour des explications sur la « crise », l'empreinte écologique, etc., voir les autres pages de ce blog. Les chiffres annoncés ici sont ceux du FMI publiés dans Le bilan du monde 2011, éd. Le Monde.
Si l’on considère les dévaluations appliquées au franc par rapport au mark on obtient : -17,5% en 1958, -12,5% en 1969, -5% en 1974, -8,5% en 1981, -5,75% en 1982, -8% en 1983, -6% en 1986, -3% en 1987.


Invitation au « Cercle politique 2012 » : Le Cercle politique 2012 réunira des personnes qui veulent assister ou prendre part à des discussions qui auront pour thème « une autre manière de faire de la politique ». Le Cercle se réunira en septembre. Si vous êtes intéressé, merci de vous faire connaître en donnant vos disponibilités à jean-paul.alonso@hotmail.fr ou à Anoso Maisons des associations 31 rue du Cornier 17100 Saintes.