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21 novembre 2019

QUE POUVONS-NOUS FAIRE POUR LE CLIMAT !

Conférence donnée à Saintes en 2019.

  Pourquoi suis-je venu vous parler du climat aujourd'hui ? Parce que j'aime notre belle planète, la nature et l'humanité, et je voudrais que mes enfants, mes petits enfants et toutes les générations futures aient un avenir heureux, bien différent de celui qu'on lui prépare. Dans cette première conférence sur le climat, je vous propose de commencer par faire un constat sur la base des travaux des meilleurs scientifiques, avant d'aborder les solutions dans la seconde conférence du mois de mars (reportée en 2020).
 Tous les scientifiques reconnaissent aujourd'hui l'urgente nécessité à modifier notre modèle économique pour ralentir le réchauffement climatique en cours. Mais en restant sourds à leurs alertes, les grands médias et les États mettent l'humanité en danger. Historiquement, c'est en 1962, que la biologiste américaine Rachel Carson (1907-1964), lance la première alerte sur la dangerosité des pesticides pour les oiseaux et l'homme dans son livre Printemps silencieux, qui participe au lancement de l'écologie dans le Monde.
  Dès 1970, des sommités internationales forment le Club de Rome qui charge l'Institut de technologie du Massachusetts aux États-Unis (Massachussetts Institute of Technology ou MIT), d'une étude concernant les incidences que pourrait avoir une croissance économique et démographique non maîtrisée, sur une planète aux ressources limitées. Le Rapport publié par cet institut, appelé Les limites de la croissance (The Limits to Growth), ou rapport Meadows1 sort en 1972 aux États-Unis, et paraît en France chez Fayard sous le titre de Halte à la croissance ! Ce rapport est la première étude savante sérieuse qui ne sera pas démentie jusqu'à nos jours. Mise à part les écologistes, la population est peu informée de cette première alerte et de celles qui vont suivre. Les politiciens accrochés à leur mandat restent sourds à cette alerte et la croissance économique mondiale s'accélère après la fin de la Guerre froide. En 1992, la réactualisation du même rapport demande « une politique internationale judicieuse » pour ramener « le Monde en territoire soutenable ». La croissance mondiale se poursuit.
  En 2012, pour le quarantième anniversaire du premier rapport paru en 1972, les auteurs ont confirmé que leurs prévisions s'étaient réalisées, pour la période allant de 1970 à l'an 2000, qui est représentée en gris sur le graphique suivant. Au rythme actuel, en 2100, les ressources non-renouvelables seront quasiment toutes consommées. Les ressources alimentaires et les services commencent à diminuer dès à présent. Ces pénuries seront responsables d'une baisse continue de la population mondiale à partir de 2030, et d'une baisse continue de la production industrielle jusqu'en 2100.2 La chute de l'activité diminuera la pollution, mais les problèmes sanitaires et les ressources manquantes ne réapparaîtront pas. Si les personnes vivant dans les pays développés laissent faire le réchauffement et l'épuisement des ressources, la population descendra de 9 milliards en 2030 à 6 milliards en 2100, et nos moyens de production reviendront aux moulins à vent et à la charrue à bœuf, si l'humanité n'a pas disparu avant.

  L'ONU, qui est majoritairement financée par les États-Unis, commence à se préoccuper du climat en mars 1995, avec la première Conférence sur le Climat (COP01), qui a lieu à Berlin. En 2015, la COP21 aboutit à l'Accord de Paris, qui prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GAZ), avec pour objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d'ici 2100. La température moyenne de la Terre durant la dernière glaciation était de 5°C inférieure à celle d'aujourd'hui, le niveau des océans était alors de 120m plus bas. C'est dire les transformations occasionnées par quelques degrés. Mais en octobre 2018, la COP24 n'a toujours pas réussi à mettre en place un instrument juridique pour contraindre les 193 États membres de l'ONU à respecter cet accord (196 annoncés par certains médias ?). 


  De plus, les États-Unis avec Trump sont sortis de l'accord de Paris en donnant un très mauvais signal au monde. Le rapport du GIEC, qui est le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du Climat mandaté par l'ONU, confirme pour la énième fois que la forte émission de gaz à effet de serre (GES) est due à la pollution générée par notre modèle économique : industrie, agronomie non-biologique, transports, surconsommation, etc. Selon le GIEC, l'atmosphère se réchauffe à une vitesse de +0,2°C par décennie, qui s'ajoute à la surchauffe de +1°C déjà produite entre 1900 et 2000.

Le second graphique que l'on doit à l'énergéticien Jean-Marc Jancovici, dans l'une de ses conférences (Youtube.com), montre l'augmentation des différentes énergies utilisées par l'homme depuis 1860 : d'abord le bois, qui est remplacé par le charbon, puis le pétrole et le gaz. Les trois dernières énergies, que sont l'hydroélectrique, le nucléaire et les énergies renouvelables (l'éolien, le photovoltaïque, la géothermie, etc.) représentent une faible part de la production énergétique. Jancovici explique que la consommation énergétique annuelle moyenne par personne correspond, aujourd'hui, au travail physique de 200 travailleurs de force. Il met en exergue les énergies carbonées, sans lesquelles nous retournerions à l'économie du Moyen Âge. Il faut rappeler qu'environ 1,3 milliard de personnes consomment autant sinon plus que nous, et que les 6 milliards restants sont actuellement dans le sous-développement et aspirent à consommer autant que nous. Chose impossible puisque l'humanité consomme en 7 mois les ressources naturelles que la planète produit en une seule année. D'où encore l'urgente nécessité à changer notre modèle économique.

 

  Le 3e graphique montre comme le précédent, que les émissions carbonées ont fortement augmenté depuis la révolution industrielle, qui a exploité en plus du bois, le charbon, le pétrole et le gaz. C'est la cause de l'augmentation des GES dans l'atmosphère terrestre. Les principaux GES qui provoquent le réchauffement climatique sont l'ozone (O3), le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). L'ozone est fourni en grande quantité par l'activité industrielle et les chlorofluorocarbures (CFC). La combustion du bois et des énergies fossiles, charbon, lignite, pétrole et du gaz naturel (méthane), augmente le CO2 dans l'atmosphère. L'élimination naturelle du CO2 par stockage dépend en partie de la capacité d’absorption de notre environnement et notamment des forêts et des océans. La déforestation tropicale est responsable de l'augmentation du CO2, puisque les arbres séquestrent le CO2. Idem pou les océans qui absorbent près de 30% des émissions de CO2. Mais on ne sait pas jusqu’à quand, car la pollution marine provoque une acidification de l’écosystème marin, qui détruit le plancton, principal incubateur du CO2. La disparition des glaces polaires accélère le réchauffement avec la réduction de l'albédo, qui est le renvoi des rayons solaires vers l'espace. De plus, cette fonte expose le pergélisol (permafrost en anglais), qui libère une grande quantité de méthane en fondant, un GES 28 fois plus puissant que le CO2.3. Le graphique suivant montre l'augmentation des émissions du CO2 dans l’atmosphère terrestre due à la production de ciment, la combustion de gaz, le charbon et le pétrole (giga=milliard).

 

  Avant de poursuivre, je vais vous expliquer comment la terre se réchauffe. Toutes nos activités humaines émettent des gaz à effet de serre (GES), qui s'accumulent dans l'atmosphère terrestre. Quand nous respirons, nous expirons du gaz carbonique. Les gaz rejetés par la combustion ont une durée de vie différente ; celle des particules fines est très courte, contrairement au CO2 qui dure environ 100 ans. Imaginez maintenant une serre en verre où l'on cultive des plantes. La lumière pénètre dans la serre et augmente naturellement la température avec les rayons infrarouges. Une ouverture sous forme de trappe, permet de réguler la température. Quand il fait trop chaud, le jardinier l'ouvre pour libérer la chaleur à l'extérieur de la serre. L'atmosphère terrestre ressemble à une serre qui retient la chaleur à cause des GES, mais il n'existe pas de trappe pour ouvrir l'atmosphère terrestre et libérer la chaleur dans l'espace, d'où l'augmentation de la température des climats. 

  Avant d'aborder les solutions d'avenir à la prochaine conférence, je vais vous présenter les scénarios prévus par deux autres scientifiques. Le but de mes interventions étant d'éviter ces scénarios catastrophiques. L’astrophysicien Hubert Reeves dans son livre Mal de terre (Seuil, 2003) avance trois scénarios4. Dans le premier la température augmente de 3°C à 5°C. Des îles et des villes basses disparaissent sous les océans, la faune et la flore migrent vers le Nord, mais la majeure partie d’entre elles est dans l’incapacité de s’adapter faute de temps et disparaît. La population humaine chute parce qu’elle a du mal à s’approvisionner en eau potable et en nourriture (cause de l'inversion de la courbe de la population vers 2030).

 Deuxième scénario, la température atteint 60 à 70°C et la vie recule d’un milliard d’années, seules certaines algues et bactéries survivent. Comme il restera cinq milliards d’années de vie au soleil, on peut envisager un retour de l’homme, mais rien n’est sûr. Troisièmement, la température s’élève de plusieurs centaines de degrés, et la vie recule de quatre milliards d’années et le temps astronomique laisse encore moins de chance à la réapparition de l’homme sur terre. Notons que le temps astronomique, qui provoque régulièrement les ères glacières5, selon des facteurs astronomiques mis en évidence par Milankovitch, ne contrebalancera pas le réchauffement climatique en cours. Un cycle qui sépare deux ères glaciaires dure environ 100 mille ans. La prochaine ère glaciaire arrivera dans environ 40 mille ans. Des scientifiques britanniques de la Royal Astronomical Society, avancent que le Soleil pourrait être confronté, dès 2030, à un phénomène appelé « minimum de Maunder » provoqué par des taches solaires. L'activité solaire pourrait chuter de 60% et provoquer une petite ère glaciaire comme on a connu en Europe entre 1645 à 1715. Cette prédiction n'est pas confirmée par d'autres instituts. Si elle se réalisait, j'ignore comment l'humanité pourrait y faire face. Car à la perte des ressources prévues par le modèle Meadows, s'ajouteraient de très mauvaises récoltes. Et on verrait vers 2060 une remontée en flèche de la température, pour aboutir à l'horizon 2100 à un résultat équivalent, sinon pire. 

 Le scénario du cancérologue Dominique Belpomme étudie dans Avant qu'il ne soit trop tard, Fayard 2007, l’incidence du réchauffement climatique sur la santé humaine. L’horloge biologique de l’évolution de la vie se compte sur une échelle de temps qui se chiffre en millions d’années. Avec la baisse de la biodiversité et le réchauffement des climats, l’Humanité risque de disparaître suite à de nouveaux problèmes de santé impossibles à résoudre. L’augmentation de la chaleur multipliera les bactéries, les virus et les parasites, et l’apparition de maladies tropicales inconnues sous nos latitudes. Quand on additionne tous ces facteurs, nous pouvons craindre un sixième épisode d’extinction biologique massif, dont l’Humanité sera responsable et peut-être la victime.