FEUILLE du PIC (Programme International du Coeur ou du Citoyen)

TRAITE de POLIQUE ALONSO - Coronavirus COVID-19, Drawdown, Démocratie, Écologie, Environnement et Climat, Crise financière, Décroissance, Inégalités Nord-Sud, Consumérisme, Productivisme, Pacifisme, Djihad, Spiritualité, Non-violence, Charte du consommateur responsable, Végétarisme, Commerce équitable, Ville en transition, Gandhi, Non-violence, Résistance civile.

18 novembre 2015

Qui sont les assassins de la République ?


Mes premières pensées vont aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 et ma compassion à leurs proches. Après les deux attentats de janvier 2015, Paris a été à nouveau mortellement frappé par six attentats terroristes qui ont fait encore plus de victimes. La France entière est en deuil alors que nos politiques n'ont pas cessé de renforcer les mesures sécuritaires ces dix dernières années.


Naissance de l'État islamique : En 2014-2015, nous avons assisté à la naissance de l'État islamique (EI ou Daech), qui n'est pas reconnu comme étant un État par la communauté internationale à cause de la politique sectaire et terroriste qui contribue à son expansionnisme. Rappelons que le droit international n'exige pas qu'un État soit démocratique, et que la démocratie pour beaucoup de ceux qui s'en réclament n'est qu'un simulacre. Daech possède les éléments constitutifs d'un État défini par la Conférence internationale panaméricaine signée à Montevideo en 1933 : un gouvernement avec un chef (un calife) ; un code juridique, et comme nombre d'États la loi islamique ; un territoire à cheval sur l'Irak et la Syrie grand comme la moitié de la France ; une armée de 40000 combattants ; une population de dix millions de sunnites libres ; il produit - grâce notamment à 20 puits de pétrole - 82% de ses ressources ; il a lié des relations avec les États voisins qui pratiquent un islam fondamentaliste : Arabie saoudite et le Qatar qui pratiquent l'islam wahhabite, et notamment la Turquie qui achète son pétrole, son gaz, etc. ; il contrôle pas moins de 24 banques et a frappé une monnaie or ; il fait des transactions financières internationales. Scandaleux ? Non. (Information issues du documentaire Daech, Naissance d'un État terroriste, Jérôme Fritel, Arte GEIE, 2015).


Le droit national et international de l'Occident a été écrit par des États qui se sont construits historiquement - comme Daech aujourd'hui - avec des guerres de conquête territoriale et l'endoctrinement religieux pour justifier leurs actes. Prenons un exemple bien à propos ; sans remonter à Clovis et Charlemagne qui évangélisaient à coup de hache. En 1916 l’empire ottoman est l’objet de tractations entre Français et Britanniques sans la participation des populations locales. Le rayonnement économique et culturel de la France en « Syrie naturelle » à cette époque en fait la « France du Levant ». Durant la guerre 14-18, les Ottomans (indépendantistes) veulent s’affranchir des dominations étrangères. Début 1915, ils frappent les autochtones favorables à la colonisation, des chrétiens sont martyrisés, les Arméniens exterminés. Les Ottomans appellent au djihad qui menace aussi l’Afrique française et l’Inde britannique. Pendant ce temps, Français et Britanniques cherchent un accord secret pour se partager l’Arabie britannique et la Syrie française. L'accord Sykes-Picot est conclu en mai 1916. Les Français administreront la zone allant de la Syrie à l’Anatolie ; les Britanniques la province irakienne de Basra et une enclave palestinienne autour de Haïfa ; le reste de la Palestine passe sous la souveraineté conjointe de la France et du Royaume Uni ; les États arabes indépendants confiés aux Hachémites restent sous tutelle française au nord, et tutelle Britannique au sud. Russes et Italiens donnent leur approbation à cet accord. (Le Monde diplomatique, avril 2003). Ce genre de tractation entre puissances occidentales se poursuivra. Alors pourquoi ne considèrent-on pas Daech aujourd'hui comme un État ? Dans la mesure où la souveraineté d’un État dépend généralement de sa puissance militaire (peu d'États ne possèdent pas d’armée), industrielle ou économique, le reconnaître permettrait de mieux l'identifier, d'avoir recours à la diplomatie pour négocier la paix. Après la signature de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, la France et le Royaume Uni ont vu leur empire s'effriter et disparaître. La Ve République résulte elle-même d'un coup d'État du général de Gaulle, fomenté durant la guerre d'Algérie. Les Accords d'Evian de 1962 ont fait passer les indépendantistes du statut de terroriste à celui de gouvernement algérien. À ses portes, la France a perdu une guerre, durant laquelle elle a déployé 400000 hommes et utilisé la torture. Qui peut prétendre encore aujourd'hui faire la guerre ? Les marchands d'armement.


Qui sont nos hommes d'État ? Le livre du journaliste Vincent Nouzille, Les tueurs de la République, Fayard, 2015, nous apprend que tous les Chefs d'État de la Ve République ont eu en main une liste de « noms de personnes dont l’élimination a été secrètement approuvée ». Je ne citerai que quelques exemples de ces trente dernières années. Sous la présidence (1974-1981) de Valérie Giscard d’Estaing l'homme politique Jean de Broglie est assassiné par balle en 1976 ; le ministre du travail Robert Boulin est retrouvé assassiné en 1979, la version officielle est un suicide. En 1980 l’ancien ministre Joseph Fontanet est tué par balle, l'assassinat n'a jamais été élucidé. Sous la présidence (1981-1995) de François Mitterrand, le premier ministre Pierre Bérégovoy est retrouve tué par balle avec l'arme de son garde du corps, la version officielle est un suicide. En 1985, l'affaire du Rainbow Warrior discrédite les services secrets français dans le monde entier. L'enquête du procès sur le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur (membre du parti Les républicains) de 1995, a révélé que l'attentat de Karachi en 2002 au Pakistan, serait une mesure de rétorsion des Pakistanais, qui se sont sentis floués sur des contrats d'armement, qui ont profité via des « rétrocommissions » pour le financement « occulte de politiques » français. Les Saoudiens étaient aussi clients de ses contrats véreux. (sudouest.fr 12/06/2014). L'écrivain polémiste Jean-Edern Hallier (1936-1997), qui avait publié L'honneur perdu de François Mitterrand en 1996, a été assassiné l'année suivante, la version officielle est un accident. Ces éliminations secrètes témoignent de la violence de l'État, mais ne sont pas les causes des maux actuels qui nous frappent. Venons-en aux faits. (documentaire Histoire Des Services Secrets Français, Le Grand Malentendu 1981 1989, France 5, 22 mai 2015)

Explication sur l'origine des attentats : Sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2007) la France participe avec l'OTAN en 1999 aux opérations du Kosovo en bombardant la Serbie et le Monténégro. Mais quand le président George W. Bush déclenche la guerre contre l'Irak en 2003, le statut particulier de la France dans l'OTAN depuis 1966 permet à Jacques Chirac de refuser cette guerre. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012) la France met un terme à ce régime dérogatoire en réintégrant le commandement de l'OTAN. C'est le début d'événements qui sont à l'origine des attentats terroristes récents sur notre sol : avec Sarkozy qui déclarait vouloir passer une cité de banlieue au karcher en septembre 2010, l'incompétence va finir en drame. De 2001 à 2012, l'armée française participe à la guerre des Américains en Afghanistan sous pavillon de l'OTAN. Le but des États-Unis était de capturer Oussama ben Laden - qu’ils ont assassiné au Pakistan en mai 2011 - afin de détruire l'organisation Al-Qaïda, année « des printemps arabes ». Les Talibans chassés du pouvoir en 2001 engagent une guerre contre l'OTAN, qui durera 13 ans. En 2009 les forces spéciales françaises interviennent en Libye auprès des rebelles libyens appuyés par l'OTAN, Mouamar Kadhafi est assassiné ; les résultats de ces actions vont être désastreux pour l'Europe. En 2010 l’expulsion illégale des Roms du territoire français par Sarkozy met la France à l’index de la communauté européenne. En mai 2012 François Hollande prend la présidence, et en septembre 2012 les renseignements fournis par les services Français en Afghanistan, permettent aux Américains de tuer avec un drone le mollah Hazrat, chef taliban, puis en 2014 en Somalie d'assassiner toujours avec un drone le chef shebab, Ahmed Godane. En janvier 2012 les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) alliés à Al-Qaïda du désert (AQMI) s'attaquent au pré carré français de la Françafrique, en lançant une offensive dans le nord du Mali. La France craint pour les mines d'uranium qu'elle exploite au Niger, tout proche de la frontière malienne. Le 11 janvier 2013 François Hollande lance les troupes françaises pour stopper l'avancée des « djihadistes » et sécuriser Bamako où vivent des milliers de Français. La France participe aux frappes aériennes contre Daech depuis septembre 2014 en Irak, et en septembre 2015 François Hollande a annoncé des frappes aériennes françaises sur ses unités d'entraînement en Syrie. Il prétend – en violation complète du droit international - que la France est en légitime défense face à d'hypothétiques menaces terroristes. Opération qui ressemble plus à du lobbying pour l'industrie d'armement pour nos avions Rafale (Dassault) que la défense des droits de l'homme. L’Observatoire syrien des droits de l’homme a annoncé que douze « Lionceaux du califat » - enfants soldats de moins de 15 ans -, ainsi que des combattants étrangers ont été abattus par la France lors des raids aériens.

La mauvaise politique appliquée dans l'éducation nationale depuis les années 1980 en France, est à l'origine du naufrage d'une partie de notre jeunesse. Les violences urbaines de 2005 n'ont pas été suffisamment prises au sérieux. Les jeunes Français qui sont dans les camps visés par nos avions de combat ; des Français éduqués sur les bancs de la République, n'ont pas trouvé d'autre avenir chez nous que d'aller faire le djihad. L'éducation nationale depuis des décennies augmente artificiellement le nombre de bacheliers en supprimant les redoublements scolaires et en baissant les exigences pour l'obtention des diplômes d'État. Beaucoup de jeunes auraient dû être orientés sur des métiers manuels. Mais ils sortent de l'école sans savoir lire et écrire, sans aucun métier ni avenir. Pourtant, ce ne sont pas les moyens attribués à l'éducation qui manquent. En 2015, 925783 personnes (insee.fr) travaillaient pour ce secteur. Le mal est dans les programmes, les directives politiques inappropriées, contre lesquelles se battent en vain les enseignants. De plus, avec la mauvaise politique appliquée en économie (traité de Lisbonne), la France ne fabrique quasiment plus rien pour elle-même. Plus de cinq millions de sans emploi pour 400 mille offres d'emploi fragilisent notre jeunesse et profite à l'endoctrinement, notamment chez les jeunes enfants d'émigrés dont les parents ont été exploités, bafoués et rejetés dans des cités dortoirs. N'ont-ils pas de bonne raison de culpabiliser la France et d'aller chercher l'aventure au Moyen-Orient ? Ajoutons à cela la mauvaise politique de la ville qui a fait des cités ghettos ou se sont développés le banditisme (trafic de stupéfiants et d'armes, prostitution, …) et des zones de non-droit. La mauvaise politique appliquée au territoire où tous les pouvoirs sont centralisés à Paris en fait une cible de choix pour toute personne qui veut s'en prendre à la France. La quasi division par deux du nombre des régions renforce le centralisme, et ne réduira pas le coût de l'administration régional comme prévu. Elle éloigne un peu plus les administrés de leur centre administratif régional. De plus, avec la généralisation des métropoles on épaissit « le mille feuilles territorial ».


Les Français sont depuis toujours sous informés de la vérité par les grands médias nationaux et inondés de fausses informations. Il est du devoir de ceux qui ont le temps et les capacités de décrypter l'information pour leurs concitoyens de servir de relais. On l'a vu en 2005 où tous les médias relayaient l'avis des grands partis qui faisaient campagne pour le « oui » au projet de Constitution pour l’Europe, qui a été rejeté par référendum en France en mai 2005 et aux Pays-Bas le mois suivant. Mais son frère jumeau, le traité de Lisbonne a été approuvé discrètement par le parlement et le sénat français en février 2008. Ce traité s'avèrera un échec retentissant après la « crise » de 2008, qui démontre la faiblesse de la politique économique européenne face aux banques américaines qui ne se livrent qu'à la spéculation. Aucun média ne l'a encore dénoncé. Cette « crise » - vrai casse du siècle - a déstabilisé les économies réelles, et provoqué des crises sociales et des crises politiques. Mais aucun gouvernement n’a pris des mesures sérieuses pour enrayer les mécanismes de la spéculation financière, à l'origine de l'augmentation de la pauvreté dans le monde. Les révoltes populaires des « printemps arabes » en Tunisie, en Égypte et en Libye, résultent de peuples qui ont faim. Elles ont chassé les régimes autoritaires qui confisquaient la rente économique, mais ces révolutions ont été majoritairement récupérées par des partis islamistes ou l'armée. La peur de la mondialisation et notamment de la finance, a continuer d’accentuer - comme dans le début des années 1930 -, les replis identitaires des peuples, le nationalisme, la « droitisation » des partis politiques, la montée des partis d’extrême droite, auxquels s'ajoute aujourd'hui l'intégrisme religieux. Rappelons que le tout intervient sur une planète malade du réchauffement climatique, où la désertification avance, où l’eau se fait rare pour les paysans du Sud, et où les crises alimentaires en Afrique s’accentuent dans un contexte de production céréalière record. Effectivement, nous avons produit sur terre suffisamment de céréales pour nourrir 13 milliards de personnes en 2011 alors que nous étions 7 milliards.


Les Français subissent des mesures sécuritaires inappropriées, qui confortent notre ennemi dans sa démarche. Le renoncement à leur souveraineté des États de l'Union européenne qu’implique le projet de la Communauté européenne de défense (CED) en 1954 a fait échoué ce projet. Le domaine économique, moins sujet aux résistances nationales historiques, domine dès lors la coopération européenne. De plus, la France – première armée européenne - a suffisamment de militaires pour assurer la sécurité intérieure, sans grever le pacte de stabilité européen. En 2014 l'effectif des armées comptait 270849 personnes (208916 militaires et 61933 civils). En 2015 environ : 11000 soldats étaient déployés hors de nos frontières et le budget de la Défense nationale était de 31,4 milliards d'euros, pour 146 milliards pour l'éducation nationale. (defense.gouv.fr ; bfmtv.com).


Des régimes d’exception d'un autre âge : Lorsque la France est gravement menacée, l'article 16 de la Constitution donne au président de la République la faculté de prendre « les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des présidents des assemblées, ainsi que du Conseil constitutionnel ». L'état de siège prévu par l'article 36 de la Constitution applicable en cas de « guerre étrangère ou d'une insurrection armée » attribue des pouvoirs de police exceptionnels aux autorités militaires. Il est décrété en conseil des ministres, mais sa prorogation au-delà de douze jours doit être autorisée par le Parlement. Il n'y a pas lieu de faire sauter ce verrou démocratique pour étendre ce délai à trois mois, comme le propose François Hollande dans sa conférence du 16 novembre. L'état d'urgence défini par la loi d'avril 1955, est applicable en cas « d'atteintes graves à l'ordre public ». Il a été décrété en 1961 après le putsch (organisé) des généraux en Algérie ; et du 9 novembre 2005 au 4 janvier 2006 suite à des émeutes et des violences urbaines sur l'ensemble de la France. En 2005 on compte 110206 incidents dont la majeure partie sont des incendies de véhicules, de poubelles et de biens publics. L'état d'urgence a été à nouveau décrété le 16 novembre 2015 par François Hollande dans son discours au Congrès, qui a demandé une modification de la Constitution - était-ce le moment ? - parce qu'aucun des deux régimes d'exception précédents ne répondraient à la situation actuelle. Il a déclaré « La France est en guerre » et annoncé des mesures sécuritaires, dont l'usage possible d'arme par la police en situation de non légitime défense. Déclaré par décret pris en conseil des ministres, l'état d'urgence confère aux autorités civiles des pouvoirs de police exceptionnels : perquisition sans mandat, interpellation, fermeture de lieux publics, etc. On peut craindre des forces de police française une bascule dans l'arbitraire, le peuple n'a plus qu'à obéir.


Mais pourquoi encore une guerre de religion ? Les États-Unis ont encouragé et financé le développement de l'Islam pour lutter contre le socialisme, en mettant un frein au progressisme panarabe des années 1950-1960. Quand l'URSS a envahi l’Afghanistan en décembre 1979 pour soutenir le régime communiste afghan contre les moudjahidins (djihadistes sunnites) soutenus de son côté par les États-Unis, les musulmans ont accouru du monde entier pour repousser les Russes, preuve d'une grande solidarité dans le monde musulmans. Après le départ des Russes en février 1989, la République démocratique d'Afghanistan est au pouvoir. La guerre entre communistes afghans et moudjahidines se poursuit. En 1992 l'Alliance du Nord (Front uni islamique et national pour le salut de l'Afghanistan) prend le pouvoir, la guerre civile continue. En 1996, les Talibans de l'ethnie Pachtounes, qui sont des fondamentalistes musulmans prennent le pouvoir et proclament l'Émirat islamique d'Afghanistan. Les attentats du 11 septembre 2001 provoquent l'invasion américaine qui destitue ce gouvernement la même année. C'est le début d'un enlisement américain qui va durer 13 ans. Idem avec l'invasion américaine de l'Irak et la guerre qui suivit entre 2003 et 2011, principal théâtre de la situation actuelle avec la Syrie. L'Occident capitaliste, colonialiste et interventionniste, n'a pas cessé d'attiser la haine dans ces régions du monde, à qui il ne reste que Dieu. Les fidèles aguerris qui sont rentrée dans leur pays, ont naturellement retourné leurs armes contre l'Occident chrétien et les dictateurs. En 2011 les révolutions arabes ont chassées quelques dictateurs.


Les institutions chrétiennes et musulmanes sont sœurs. Jadis elles ont toutes les deux interdit l’usure, mais pas les inégalités sociales et de fortune. Elles ont développé les lettres et les sciences en dépit de leurs interdits religieux. La jouissance de l’existence dans les deux religions doit s'effacer à l’obéissance absolue à la loi de Dieu. Il n’y a de ce fait, plus de place pour la discussion philosophique, plus de tolérance, plus de choix politique. Les hommes sont condamnés à vivre dans une cité muséifiée, figée dans le temps et l’espace devant l'Éternel. Les religions et les sciences gouvernées par des autocrates mènent depuis toujours l’humanité à sa perte. Les sciences sont responsables du développement et du déclin de notre civilisation, et il n'existe pas d'antidote. Le choque des civilisations musulmane et chrétienne provient de cette séparation opéré plus tôt dans les sociétés industrialisées. Le monde musulman moins soumis aux technosciences, se heurte de plein fouet à notre décadence spirituelle. Islam signifie « soumission totale à la volonté de Dieu ». Si les musulmans fondamentalistes reconnaissent comme les juifs et les chrétiens l’existence d’un Dieu unique révélé par les prophètes, ils ne reconnaissent pas les lois bibliques. Toutes leurs lois sont issues du Coran qui a été révélé par Dieu au prophète Mahomet (569-632). La loi islamique ou Charia fixe l’ensemble des règles individuelles et collectives que doivent appliquer les musulmans. Dans sa forme la plus noble, la soumission du musulman à Dieu exclut toute autre forme de soumission : aux individus, au pouvoir, à l’argent, etc. En Islam chiite, la séparation de l'Église et de l’État n'existe pas et la souveraineté politique est attribuée à Dieu et non au peuple. Pourtant, un gouvernement islamique possède des pratiques démocratiques équivalentes à celle de l'Occident libéral – considérant que leur paradigme est circonscrit par la loi de Dieu. Alors que notre paradigme occidental n'a plus aucun périmètre spirituel. En Terre d'Islam, personne ne peut s'emparer du monopole de la représentativité de Dieu. Le bon respect du Coran exclut la théocratie, la dictature ou le régime autoritaire. Le gouvernant musulman n'est pas exercé par un pape, un roi ou un empereur, qui jouit d'un règne absolu ; tout ce qu’il dit et fait doit être en accord avec le Coran. Il doit rendre compte de ses actes au peuple et il est destituable s'il faillit à sa tâche. Sans pouvoir se réclamer de la liberté d'expression et de la démocratie, certaines des pratiques d'un gouvernement islamique sont démocratiques. La consultation du peuple, le suffrage (décision, choix des gouvernants), l’alternance des dirigeants, l’opposition et le devoir de critique de ceux qui s'écartent de la règle, le contrôle institutionnel, et le débat contradictoire, font de la musulmane et du musulman un citoyen islamique (hoggar.org). Il existe de nombreux États islamiques, nous en avons vu deux en Afghanistan qui s'affrontaient. La république islamique chiite de l’Imam Ruhollâh Khomeyni (1902-1989) en Iran en est un autre. Khomeyni a écrit Le gouvernement islamique (1996) qui dit : « Le gouvernement islamique (...) n’est pas un régime totalitaire (...) ni despotique, ni absolutiste, mais constitutionnel, bien sûr pas au sens courant (…) où les lois sont approuvées par des personnes et une majorité, mais constitutionnel dans le sens où les dirigeants sont tenus par un ensemble de conditions défini par le Coran (...) en islam le pouvoir de promulguer la loi et de l’énoncer appartient à Dieu. Seul le Législateur sacré de l’islam a le droit de légiférer. (…) Ainsi, l’Islam n’est pas une démocratie parlementaire classique. » (fin de citation). En 1981 les représentants de l’Islam ont proclamé devant l’Unesco la Déclaration islamique universelle des droits de l’homme applicable par tous les gouvernements islamiques, qui a aboli comme partout ailleurs l’usage de la torture, qui tarde à être respectée. Avant de présenter un exemple d'État sunnite, il faut parler de Gamal Abdel Nasser Hussein (1918-1970), qui a été le second président de l'Égypte de 1956 à sa mort. De religion sunnite et militaire de carrière comme Kadhafi qui le prendra pour modèle, Nasser participe au renversement du roi Farouk sous tutelle coloniale britannique en 1952. Il mène une politique visant à unifier les peuples arabes (panarabisme), qualifiée de socialisme (nassérisme). Même s'il a réduit la pauvreté, il a exercé un pouvoir autoritaire sans partage, et chassé les opposants à son régime. Comme Nasser menait une politique non aligné durant la Guerre froide, les puissances occidentales lui ont refusé les fonds pour construire le barrage d'Assouan, qui a favorisé l'agriculture. Nasser a répliqué en nationalisant les compagnies étrangères dont celle du canal de Suez en 1956. L'offensive menée par le Royaume-Uni, la France et Israël a échoué à cause du désengagement des États-Unis. Le Livre vert de Moammar Kadhafi (1942-2011) paru en 1975, est un programme socialiste révolutionnaire sunnite, qui propose un État gouverné par la démocratie directe. Il conserve la religion islamique sans mettre le Coran au centre de son projet comme le font les chiites précédents. Pour bien comprendre la géopolitique de cette région, il faut savoir que les tribus fondées sur l'appartenance ethnique forment le tissu religieux, social et politique. La tribu Kadhafa des Kadhafi occupe le centre de la Libye très riche en hydrocarbures, et avait la mainmise sur l’ancien régime libyen. Mouammar Kadhafi était un militaire, un Chef d'État et un brillant idéologue libyen sunnite. Il est le premier membre de sa famille à avoir fait des études. Féru de politique, admirateur de Charles de Gaulle, de Tito et de Mao Zedong, il a étudié le droit à l'université. Il entre à l'Académie militaire de Benghazi en 1963 pour préparer la révolution contre les forces étrangères américaines, britanniques et italiennes. C'est en 1969, à l'âge de 27 ans, qu'il renverse la monarchique et instaure « l'État des masses ». Après la mort de Nasser en 1970, il amalgame le « socialisme arabe » et le « socialisme islamique » que ce dernier avait opposés. Il crée en juin 1971, le parti unique de l'Union socialiste arabe, calqué sur le parti égyptien du même nom ; dès lors, tout libyen est tenu de participer à ses comités locaux. Son régime double le salaire minimum, développe les infrastructures, l'éducation et le système de santé. La société civile est soumise aux Comités révolutionnaires, et les associations caritatives sont proches du pouvoir. Les dirigeants des partis contestataires, islamistes inclus partent en exil. Seuls les Frères musulmans dialoguent avec le régime. Les importants revenus pétroliers servent à financer le terrorisme international contre l'impérialisme, le néocolonialisme, et le sionisme : notamment dans les attentats de Lockerbie en 1988, du DC10 d'UTA sur le vol Brazzaville-Paris en 1989, et de la discothèque allemande La Belle en 1986. Nous avons vu précédemment avec le procès Balladur, que certains de nos politiques se livrent à des malversations avec des pays musulmans fondamentalistes... Au début des années 2000 et surtout après la guerre lancée contre l'Irak pars les États-Unis en 2003, Kadhafi indemnise les victimes des attentats et renonce au terrorisme. En 2006 les États-Unis retire la Libye de la liste des États terroristes. Encouragée par certaines tribus, la révolution libyenne se déroule de février à octobre 2011, Kadhafi riposte avec l'armée. Les forces spéciales françaises appuient les rebelles libyens avec l'OTAN. Le 20 octobre Kadhafi s'enfuit de la capitale. Il est rattrapé par des rebelles qui l'assassinent sauvagement. Sans Kadhafi la pression migratoires de l'Afrique vers l'Europe est devenue incontrôlable.


Une révision de nos politiques est la solution : Nous venons de comprendre pourquoi les problèmes de l'État islamique au Moyen-Orient, qui tissent des ramifications avec les musulmans exaspérés du monde entier, ne vont pas se régler à coup de missiles tirés par des drones ou des avions français, ni avec une guerre meurtrière de tranchée, ni avec le renforcement des effectifs de police, encore moins avec une révision de la constitution. C'est la porte ouverte au renforcement des actes terroristes, et peut-être à une vraie guerre sur notre sol, qui pourrait se terminer au couteau. La seule issue aux actes terroristes est une révision de nos politiques intérieure et extérieure nationales, européennes et internationales, notamment vis-à-vis des peuples du Sud. Encore faudrait-il que les peuples et leurs États retrouvent leur souveraineté vis-à-vis des financiers, qui profitent de tout ce qui se vend et s'achète, y compris les armes de guerre et les céréales. Nous avons vu que les attributs constitutifs d'un État sont le fruit du paradigme de la violence, la politique des gouvernements en question se construit naturellement sur des rapports de force. Les partis politiques s'affrontent dans un esprit de conquête du pouvoir et non de collaboration. Une fois au pouvoir, ils laissent tous les mains libres à la finance internationale qui nous gouverne. Dans ce monde violent d'aveugles, les borgnes sont rois, et gouverneront toujours assis sur des baïonnettes au détriment des peuples, qui supportent les crises, les actes terroristes et les guerres. Mais comment inverser la logique d'une civilisation qui s'est construite sur les conquêtes et l'endoctrinement religieux ? J'ai proposé un début de solution en 2014 en offrant une méthode pour une vraie participation des citoyens à la politique de leur commune. Car le changement ne proviendra que de la population elle-même, pas de nos dirigeants de partis. Cessez de chanter La Marseillaise, réveillez-vous !