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18 mars 2006

Gandhi et l'autonomie - Auroville N°8 mars 2006

La force de l’autonomie ou Swaraj d’après Gandhi

La collaboration, l’abaissement à un système oppressant, imposé par une minorité, sont souvent à l’origine du malheur des populations, qui perdent ainsi leur autonomie de penser et d’être. Le simple fait de reconquérir son autonomie par la non-violence ou ahimsa, peut entraîner la chute du système qui nous oppresse. Voilà comment Gandhi a gagné l’indépendance de l’Inde face à l’empire britannique, et comment les sociétés modernes, aliénées par le profit, doivent renaître grâce à une non-collaboration avec le système aveugle qui les gouverne.
L’article écrit par Guillaume Gamblin pages 36 et 37, dans Silence de mars 2006, rappelle un dialogue clé sur ce sujet.
« C’est en 1908 que Gandhi (1869-1948) publie ce dialogue … Il y traite de l’autonomie de l’Inde, le « swaraj » .. Pour Gandhi, l’autonomie (swaraj) ne correspond pas au retrait pur et simple des britanniques du territoire indien … Gandhi réplique que c’est en effet le système mis en place qui est injuste : l’ennemi est dans le système de domination auquel ils (les Indiens) participent, discerner et laisser ouvertes des possibilités d’évolution de leur part (les Anglais), ainsi que reconnaître la transcendance et la liberté de la personne adverse par rapport à ce qu’elle est en train d’accomplir est le fondement de toute non-violence active. » Il ne suffit pas de chasser les Anglais. Gandhi dit « « Si l’Inde copie la Grande-Bretagne, je suis intimement convaincu qu’elle sera détruite » … car elle sera aliénée en profondeur tout en se libérant en superficie. L’autonomie est avant tout culturelle et spirituelle. « Vous voulez la loi anglaise, sans les Anglais, accuse-t-il, ce n’est pas le swaraj que je veux » En adoptant les règles de l’adversaire, on a déjà perdu… La civilisation est vue comme une illusion qui nous « hypnotise » à tel point que « la superstition religieuse est inoffensive comparée à celle de la civilisation moderne » C’est pourquoi pour lui il faut « cesser de condamner les Anglais. Ils méritent plutôt la sympathie » et la compassion, en ce qu’ils sont affligés de cette maladie débilitante qu’est la civilisation… « je pense que l’Inde se fait aplatir non par le talon britannique, mais par celui de la civilisation moderne ». D’une part, « c’est la mécanisation qui a appauvri l’Inde », qui transforme les travailleurs des usines en « esclaves » et va faire de l’Inde « un pays malheureux ». Ce n’est pas en « reproduisant Manchester en Inde » que les Indiens s’émanciperont de la domination britannique. … Il serait insensé .. , d’affirmer qu’un Rockefeller indien serait meilleur qu’un Rokeffeler américain»…La raison profonde pour laquelle il est inutile de batailler pour reprendre l’Inde aux Anglais, c’est que « les Anglais n’ont pas pris l’Inde, nous leur avons donné … Ils ne sont pas en Inde à cause de leur force mais parce que nous les gardons». Une fois mise à jour la vraie nature de la domination, qui est celle de la servitude volontaire, les moyens de la libération viennent en conséquence…. Les Britanniques sont d’abord arrivés en Inde par le commerce. Et alors « qui a acheté leurs biens ? ». L’histoire témoigne que ce sont les Indiens… Ainsi selon Gandhi, « il est plus juste de dire que nous avons donné l’Inde aux Anglais, que de dire que nous l’avons perdue »…. La vraie autonomie ne consiste pas dans le départ physique des Britanniques, mais dans la capacité qu’aura le peuple indien à se gouverner. Gandhi associe ici autonomie politique et capacité personnelle d’autonomie morale : « si nous devenons libres, l’Inde est libre. Et dans cette pensée vous avez une définition du swaraj. Il y a swaraj quand nous apprenons à nous donner notre loi ». C’est pour cela que l’autonomie est là, « dans la paume de nos mains ». et non au bout du fusil. Il appelle à une autonomie qui ne soit pas un rêve futur, mais qui se réalise dans une autonomisation des pratiques, dès maintenant. « Un tel swaraj doit être expérimenté par chacun, pour lui-même. Un homme qui se noie n’en sauvera jamais un autre. Esclaves nous-mêmes, ce serait prétentieux de penser libérer les autres»…. Face à la coopération volontaire avec la domination anglaise, Gandhi en appelle à la non-coopération….. » Quand nous n’aimons pas certaines lois, nous ne brisons pas la tête des législateurs mais (…) nous ne nous soumettons pas aux lois ». En effet, « il est contraire à notre humanité d’obéir à des lois qui répugnent à notre conscience »…. L’utilisation de moyens d’action non-violents est également une exigence de cohérence : « les moyens peuvent être comparés à une graine, les fins à un arbre ; et il y a la même relation inviolable entre les moyens et la fin qu’entre la graine et l’arbre » …. Pour cela, « la résistance passive (…) est supérieure à la force par les armes ».» (fin de citation).



Voici certaines valeurs de gandhi , qui sont pour moi essentielles

1) L’ahimsa ou non-violence, qui n’est pas de la passivité, mais un refus de collaboration à la violence sous toutes ses formes. La pratique de la non-violence demande plus de sang froid et de maîtrise de soi, que la pratique de la violence.
2) L’advaita, genre de sympathie universelle, qui fait que quand un homme se purifie l’humanité entière en profite. Mais quand un homme fait un acte répréhensible, l’humanité entière régresse. Pour prendre un exemple, disons que notre violence comme notre non-violence sont contagieuses pour nos proches.
3) Le swaraj dont il est question dans l’article ci-dessus est l’autonomie individuelle ou collective. L’autonomie matérielle renforce notre autonomie de penser et d’action, elle dépend de l’indépendance de nos outils ou de nos modes de production. La simplicité sous toutes ses formes augmente l’autonomie.
4) Le bramacharia ou chasteté fait de l’humain un saint, un clairvoyant, et apporte la délivrance totale des sens. Je l’ai pratiquée trois ans et je recommande cette expérience.
5) La pratique de la prière (prière laïque en ce qui me concerne car je suis agnostique, couplée au atha yoga et aux techniques de respiration yogique). Cette pratique quotidienne aide considérablement à la réalisation des quatre premiers points. Gandhi pratiquait et utilisait personnellement et avec succès, le
jeûne comme arme de combat contre ses ennemis politiques.
Je regrette que les altermondialistes en général, et certains groupes politiques rejettent la dimension spirituelle de l’homme. La spiritualité est très importante pour vaincre ses envies, transcender la matière et atteindre la simplicité et la force utile pour mener les plus durs combats non-violents, afin de vaincre la barbarie des sociétés occidentales et empêcher celles du Sud qui les imitent de sombrer dans le consumérisme.

Rappelons les 11 voeux que devait prononcer un disciple de Gandhi : la non-violence, la véracité, l’honnêteté, la chasteté, la pauvreté, le travail corporel, la sobriété, l’intrépidité, le respect de toute religion, l’indépendance matérielle (ou en matière de pécune), le refus de distinguer les castes.
Il faut, avant tout, d’atteindre l’autonomie intérieure pour arriver à l’ahimsa ou non-violence absolue envers les êtres et les choses. Celui qui répond à une attaque personnelle par la violence, ne fait en vérité que de saisir une occasion pour projeter son propre mal être et la violence contenue en lui. Pour cette raison nous devons commencer par nous libérer nous même, nous purifier intérieurement par la méditation et la prière.
Je pense qu’il existe une entropie spirituelle des civilisations, au faire et à mesure qu’elles s’élèvent matériellement, leur potentiel spirituel fond comme neige au soleil. J’ai été étonné du sourire des gens pauvres en Inde et de la tristesse des français, quand je suis revenu en France. La reconquête spirituelle de l’homme est un des points clés de sa transformation et par ricochet de celle des sociétés gouvernées par l’avoir.


Auroville, cité universelle démarrée en 1968 en Inde

La revue Silence, de février 2006, présente un article sur Auroville, intitulé, Une utopie en marche. J’ai passé en septembre 2005, une semaine à Repos, à Auroville, en tant que touriste en quête d’informations sur le concept d‘Auroville. Mais j ‘ai reçu des informations trop partielles pour écrire un article sur le sujet. Le témoignage de Catherine Mercier est intéressant, en voici des extraits.

P43 « Il devrait y avoir quelque part sur Terre un lieu dont aucune nation n’aurait le droit de dire : « Il est à moi » ; où tout homme de bonne volonté ayant une inspiration sincère pourrait vivre librement comme un citoyen du monde, et n’obéir qu’à une seule autorité, celle de la suprême vérité ; un lieu de paix, de concorde, d’harmonie, où tout les instincts guerriers de l’homme, seraient utilisés exclusivement pour vaincre les causes de ses souffrances et de ses misères, pour surmonter ses faiblesses et ses souffrances, pour triompher de ses limitations et de ses incapacités ; un lieu où les besoins de l’esprit et le souci du progrès primerait la satisfaction des désirs et des passions, la recherche des plaisirs et de la jouissance matérielle » Ainsi écrivait la fondatrice d’Auroville « la Mère » dans un texte d’appel en 1954.
Concrètement, Auroville est une cité rurale créée en 1968 à 10km de Pondichéry, au sud de l’Inde, au bord du golf du Bengale. …
Aujourd’hui, c’est un territoire de 20 km2 habité par 1800 Aurovilliens répartis en 80 hameaux disséminés dans une jeune forêt de 30 ans portant des noms évocateurs comme Espoir, Invocation, Grâce, Transformation… La moitié des habitants sont Indiens, les autres représentant une quarantaine de nationalité différentes. … C’est d’avantage, comme l’avait défini sa fondatrice, « le laboratoire de l’unité humaine », une ville-laboratoire, une fourmilière, un bouillonnement permanent d’initiatives, de projets ... sans qu’on en connaisse bien souvent l’existence... dans un état qui rêve secrètement de se l’approprier...."

Une véritable économie miniature
(p44) « Dans cet endroit, l’argent ne serait plus le souverain seigneur ; la valeur individuelle aurait une importance très supérieure à celles des richesses matérielles et de la position sociale. Le travail n’y serait pas le moyen d’y gagner sa vie, mais le moyen de s’exprimer et de développer ses capacités et ses possibilités tout en rendant service à l’ensemble du groupe qui, de son côté, pourvoirait aux besoins de l’existence et au cadre d’action de chacun » (la Mère). Schématiquement, Auroville fonctionne comme un kibboutz. Ses habitants travaillent en moyenne 5h par jour et reçoivent en échange une « maintenance » très modique destinée à acheter les produits de première nécessité. Logement, électricité, santé, éducation, sport et culture sont pratiquement gratuits. Cependant la maintenance n’est pas suffisante pour prendre l’avion … financer les études supérieures des enfants … Les Aurovilliens qui ont vendu un bien à l’étranger avant d’arriver ou ceux qui font tourner une entreprise qui exporte ont un niveau de vie plus élevé … ce qui crée une disparité allant à l’encontre des objectifs premiers de cette Cité …. "

Une école originale pour les enfants
« Auroville sera le lieu d’une éducation perpétuelle, du progrès constant et d’une jeunesse qui ne vieillit point » (la Mère). Il y a plusieurs école (dans lesquelles j’ai exercé…), un jardin d’enfant et même une crèche. Avec un parti pris original : pas de notes, pas de diplômes, pas de « passage à la classe supérieure » ! on met en pratique les théories éclairées du philosophe/politicien/poète Sri Aurobindo (…) co-fondateur de la Cité. « Le premier principe d’un véritable enseignement est que rien ne peut être enseigné. Le professeur n’est ni un instructeur ni un maître d’école, c’est un guide. Son travail est de suggérer et non d’imposer (…) » … D’un point de vue strictement scolaire, … , les enfants sont facilement en retard d’un ou deux ans par rapport à nous … Mais, très jeunes ils parlent au moins trois langues couramment, sont vifs, dégourdis, sûrs d’eux, créatifs et sportifs. Par contre, … (p45) Les universités indiennes sont interdites aux étrangers et les universités européennes exigent le baccalauréat …"

Une terre qui revit
"Les premiers hippies qui se sont installés il y a 35 ans sur ces terres désertiques, … on passé de nombreuses années à se battre contre le climat, … Avec ses deux millions d’arbres, Auroville est devenue le poumon de la région….
Un fonctionnement écologique : « Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s'élancer vers les réalisations futures »(Charte d’Auroville). Aucune ferme n’utilise de pesticides ou d’insecticides, sinon, ceux, naturels que connaît la tradition indienne ancestrale (huile de neem…). On a recours au compost à grande échelle et à la permaculture…. Les énergies renouvelables sont encouragées : panneaux photovoltaïques … éoliennes qui pompent l’eau des puits cohabitent avec l’électricité d’une petite centrale thermique indienne…. Les fours solaires commencent à être utilisés, mais les Indiens des villages…utilisent quasi automatiquement la « traditionnelle » bouteille de gaz. La gestion des déchets est par contre plus réfléchie. Pas de suremballage à l’unique épicerie d’Auroville … Le fer et le plastique sont ramassés dans des sacs distincts …"(p46)

Pas d’armée, pas de police dans la cité
"Des instances régulatrices (réunions, négociations …) tentent de résoudre les conflits. …il s’est créé une différence de richesse entre les habitants du lieu et les villageois des alentours. Depuis deux-trois ans, se sont multipliés les cambriolages et les vols à l’arraché … Suite au viol d’une étudiante américaine, les femmes non accompagnées ne sortent plus après 18 heures. … un fermier d’une zone isolée (qui comptait parmi mes amis) a été agressé puis égorgé quelques mois plus tard après qu’il ait porté plainte. L’affaire a donc été prise en main par la police locale, c’est à dire la police indienne. Pas de nouvelle pendant quelques semaines, puis un jour, un entrefilet dans l’édition régionale de l’Hindu révélant la mort d’un des brigands « des suites de ses blessures » à l’hopital… "

La spiritualité comme moteur essentiel
« Auroville sera le lieu de recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète » (charte d’Auroville ) Toutes les religions sont représentées ici, influencées cependant par l’indouisme et le bouddhisme. Ainsi, tout le monde appelle Dieu par le même mot : le Divin. Il s’incarne à travers la nature et chacun essaie de s’en rapprocher en tentant de devenir plus « conscient », notamment à travers la pratique assidue du yoga et de la méditation. Un lieu (le Matrimandir) est dédié à cet exercice, c’est un magnifique petit parc où trône un improbable monument sphérique recouvert de disque d’or… Il symbolise Auroville comme la tour Eiffel symbolise Paris …"

Comment devient-on Aurovillien ?
"il y a trois catégories d’habitants : le bienheureux aurovillien (qui garde cependant sa nationalité d’origine), le nouvel arrivant et le visiteur. Ce dernier est regardé de haut car c’est une sorte de touriste qui vient dépenser ses devises … Le nouvel arrivant est entré officiellement dans la période difficile de mise à l’épreuve où il doit faire son trou (s’intégrer à la vie sociale et trouver un travail utile à la communauté). Ensuite, si tout va bien, il sera intronisé citoyen avec tous les avantages sociaux qui s’y rattachent et bénéficiera du plus grand respect de ses pairs… Vue par certains comme un paradis tropical à moindre coût, Auroville a cherché à évincer les simples réfugiés économiques … Ainsi, le nouvel arrivant a deux ans pour a deux ans pour montrer qu’il respecte les valeurs du lieu, s’entend avec la majorité, sait utiliser ses dix doigts, n’est pas un dangereux psychopathe … Il ne reçoit pas encore de maintenance et doit financer entièrement son séjour. Ces paramètres on tendance à exclure les jeunes (…), les artistes (…), les femmes seules enceintes ou encombrée d’un bébé (…) … Résultat on accueille désormais à bras ouverts le nanti qui a vendu son restaurant avant de venir. Il promet de ne pas demander de maintenance (…). (p47) Il achète une maison, engage une servante, ne travaille pas le matin, fait la sieste l’après-midi .. Et, sûr de son bon droit, se contrefiche bien souvent des objectifs premiers d’Auroville. "

Une démocratie à revoir
"La mère envisageait qu’Auroville soit dirigée par un esprit « éclairé » choisi parmi les habitants, mais faute d’avoir déniché cet « Homme supérieur », on a fait autrement … Dans la loi indienne, Auroville a le statut de fondation, formée de trois corps administratifs : le conseil d’administration (nommé par le gouvernement indien pour que les lois du pays soient respectées), le Working Comittee (sorte de conseil municipal élu de sept personnes pour trois ans) et l’Assemblée des résidents (composée des Aurovilliens majeurs). S’y ajoute un certain nombre de groupes de travail qui, en général, ne parviennent pas à parler d’une voix commune. Comme l’admet le journal de la cité lui-même, « …. A l’heure actuelle il n’existe pas encore de procédure acceptée par tout le monde pour prendre des décisions communes ». Censées incarner la démocratie directe, les réunions publiques mensuelles souffrent d’une désaffection grandissante … : quelques personnes du Working Comittee siégeant devant l’assemblée réunie en arc de cercle font un discours au micro et égrènent les thèmes de l’ordre du jour qu’elles ont déterminés, passent le micro elles-mêmes à ceux qui demandent la parole, écoutent l’intervention balbutiante ou agacée et passent au point suivant. Souvent, les intervenants ainsi congédiés se fâchent et quittent l’assemblée en fulminant… (…) Après la réunion, on apprend dans le journal les décisions qui ont été prises. Par qui ? On ne sait pas. … L’expérience aurovillienne me fait penser à la Révolution cubaine, qui voulait un monde plus juste mais qui s’est trouvé court-circuitée de l’extérieur, s’est recroquevillée sur elle-même et s’est finalement radicalisée au point de ne plus savoir qui elle est. Et pourtant, ici, il y a tant d’êtres humains exceptionnels, d’énergie, d’imagination, d’amour…."(fin de citation).

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